CAB n°26 | Ecrire dans une optique de convaincre

Convaincre voilà un enjeu abstrait dans un monde qui n’utilise que les arguments abstraits et superficiels !
Parfois, l’idée d’avancer au travers de l’adage de “convaincre” soulève de nombreuses questions en suspens. Qui suis-je pour prétendre que l’approche s’avère méliorative par rapport aux autres ? Au travers de l’expérience dans l’écriture d’une multitude d’articles sur plus de dix ans, je vois très bien où se trouve la réaction. Pendant que les mobilisations se poursuivent avec vigueur afin de ne pas courir derrière une retraite imaginaire, mais d’une retraite gagnée à la sueur de son front, le président de la République tente par tous les moyens d’en terminer avec le système par répartition en envoyant clairement une retraite par point ou par capitalisation. Désolé, pour ceux qui pensent que rien ne bougera, mais la retraite à 64 ans signe la phase la plus agressive du néolibéralisme.
La prolifération des différents courants politiques s’inscrit dans une accélération des divergences. Plus nous sommes éparpillés et nos divergences affichées, plus nous cédons de la place par rapport à une classe dominante en y déroulant son programme. Ainsi, portons le couteau entre les dents. La défaite songerait à une victoire au-delà des frontières et offrirait un boulevard à l’extrême-droite la plus radicale. Le démantèlement de toutes les conquêtes sociales serait un retour au “capitalisme victorien” et à un darwinisme social ensauvagé. Le signal d’alarme advient comme nécessaire. Aucun compromis ne peut être réalisé avec ce pouvoir comme ceux d’avant (Macron I, Hollande, Sarkozy).
Dès lors, la Sécurité Sociale ne sera pas gagnante. Les mensonges dits et redits seront toujours des mensonges comme lorsqu’Olivier Dussopt souligne qu’il s’agit : “C’est une réforme de gauche, qui aurait pu être portée par un gouvernement social-démocrate. Par rapport aux réformes précédentes, elle crée des droits qu’on ne connaissait pas, notamment sur la pénibilité et les aidants“. On comprend mieux d’où vient la question de “social-démocratie”, peut-être, chez le social-patronisme … comme le SPD en Allemagne ? L’idée phare de ce gouvernement se résume à créer une jurisprudence dangereuse : la fin des lois votées par le Parlement et la mise en place des “décrets-lois”.
Convaincre apparaît bien difficile dans ces périodes où la mobilisation sociale devient intense. Les nôtres savent très bien à quoi s’en tenir, mais convaincre les libéraux, dont leurs dogmes ne passent pas aux faits et aux arguments. Non, ces personnes ne veulent pas être dans un débat d’idées et d’arguments, car ils sont convaincus d’être dans le camp du “bien”. Dès lors en se mettant sur certaines positions, ils ne veulent aucune idée, car il pense que leurs arguments se posent à propos d’une question concernant la détention de la “vérité”. Or, dans un débat de position politique et de classe, l’idée n’est pas de savoir qui a raison ou qui a tort, mais de savoir à la finalité qui payera la facture sociale de ces mesures ? Ainsi, convaincre devient nécessaire sur une question où la multiplicité des pirouettes constitutionnelles et réglementaires (tant à l’Assemblée nationale qu’au Sénat) s’accroît de jour en jour. Faute de vouloir se mettre au-devant d’un véritable débat démocratique, le gouvernement a choisi l’idée de passer en force. La démocratie bâillonnée laisse place à des visages obscurs. Je reprends le post de Stéphane Julien du 7 mars 2023 sur Facebook :
Avant Hitler, Brüning et von Papen avaient liquidé le parlementarisme pour gouverner par décrets-lois. La pratique actuelle des institutions bourgeoises (ordonnances, 49.3, habillages en lois de finances) pourrait faire une jurisprudence commode pour Marine Le Pen si elle devenait présidente. Le fait de ne pas avoir de majorité parlementaire derrière elle ne serait plus un si gros problème.
Dès lors, l’idée de convaincre intervient dans un monde où l’utilisation des différents outils : 49-3, 47-1, 44-3 de la constitution, et même les ordonnances de l’article 38. En réalité, la constitution n’est pas un rempart contre l’extrême-droite, mais pourra devenir sa meilleure alliance comme le dit Stéphane Julien. Le Parlement apparaît comme une embûche. Pour la macronie, la gouvernance repose sur l’utilisation qu’elle considère démocratique. Le retour du bâton risque d’être violent pour les électeurs de droite qui migreront vers l’extrême-droite. En effet, pour Marine Le Pen et Jordan Bardella, il s’agit d’une volonté de créer une alternance. Nous le savons très bien, ce ne sont pas ses positions, mais un investissement sur l’avenir, c’est-à-dire sur les prochaines élections législatives. Les macronistes, les Centristes, les “républicains” (d’extrême-droite comme le “GOP”) et les lepénistes partagent la même vision : la haine du Parlement. Ils peuvent gouverner ensemble, car rien ne les oppose sur le plan parlementaire.
Pendant ce temps-là, je me dis clairement que l’idée se résume d’avancer les faits. Oui, convaincre apparaît comme une nécessité de faire face aux “fausses informations” y comprenant venant du gouvernement. Or, j’ai remarqué ce mois-ci que les Gilets Jaunes étaient de nouveau de sortie, notamment au travers d’un tract confusionniste, complotiste et aclassiste. La position binaire de ces “citoyens” en dit long sur ce qui les ronge de l’intérieur. Je crois sincèrement qu’on peut se positionner contre les “Gilets Jaunes” et être opposé à la politique néolibérale de toute obédience. La différence de ces citoyennistes résident au travers de l’approche qu’ils se font de la lutte. Pour eux, il s’agit d’une lutte entre citoyens et gouvernant alors que la mienne s’avère être une lutte entre bourgeois et prolétaire ou salarié et classe dominante. Dès lors, nous ne partageons pas les mêmes points de repère. En effet, la dualité a radicalisé de nombreuses personnes et souvent cela se retrouve dans une logique absurde comme mentionnée ci-dessus. L’idée citoyenniste permet de souligner des éléments assez abstrait, mais qui ne passe pas à l’analyse de classe. Pour convaincre, les gilets jaunes s’avèrent ancrés dans une grande conspiration mondiale, mais leurs idées tiennent toujours compte du “ras-le-bol fiscal“. Cela permet à différents points de voir que leur soutien massif à des baisses d’impôts, de taxes et de cotisations ne s’avère ni plus ni moins que le programme d’Emmanuel Macron et de ses collègues : le parti Les Républicains. En effet, le mouvement des Gilets Jaunes est né de ces classes moyennes qui n’arrivent plus à finir leurs fins de mois et l’origine apparaissait comme le prix du carburant à la pompe. Il suffit pour cela de voir le discours de Priscilla Ludowsky qui fut une ode au poujadisme impliquant des relents d’extrême-droite. Coïncidence ? Je ne pense pas.
Je ne me vois pas comme une personne allant dans la “post-vérité”, c’est-à-dire une vérité ad hoc … Au travers des arguments, prendre position s’avère nécessaire. Bien sûr qu’il faut un changement puissant
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