La corrida se situe entre bonapartisme et barbarie

La corrida se situe entre bonapartisme et barbarie
Image par patrick gantz de Pixabay

Corrida | Importé par Napoléon III depuis l’Espagne, les aficionados célèbrent le droit à la torture comme un art pour les taureaux. Ce sont ces mêmes personnes qui hurlent au grand remplacement et à la décadence d’une société. Ironie.

Aymeric Camron, député à l’Assemblée nationale, a un long combat contre la maltraitance animale, il s’implique dans l’antispécisme. Rien de nouveau. Toutefois, je ne suis pas d’accord avec toutes ses idées politiques. En effet, nous ne partageons pas la même approche de l’antispécisme, mais son combat pour faire abolir une barbarie considérée comme traditionnelle par les aficionados et autres réactionnaires tout comme ultraconservateurs devient nécessaire. Le progrès n’arrivera jamais au travers du libéralisme et du parlementarisme, mais bien au travers d’une pression de la société pour stopper le barbarisme à la racine, c’est-à-dire en lui retirant ses fonds.

En promouvant la “torture” comme issu d’un spectacle : ils soulignent comme une démonstration naturelle : la torture est une tradition. Or, les traditions sont sacrées. Donc, la torture sur les animaux ouvre objectivement une voie vers une légalisation de la torture du Taureau vers tous les animaux. À partir de ce niveau précis, les lames plantées dans les chaires ouvrent le chemin à un fait précis : ce qui se fait sur les animaux peut se faire sur les êtres humains. Quelles différences entre maltraiter un chat et torturer un taureau ? Aucun. L’un est considéré comme un art, l’autre comme un délit passible de plusieurs années de prison. Celui qui tue un taureau, peut tuer un être humain. Il serait nécessaire de surveiller les aficionados, amateurs de crimes, amateurs d’homicides et finalement des criminels potentiels (comme les chasseurs d’ailleurs).

En d’autres termes, ce qui est fait sur les taureaux peut être reproduit par parallélisme sur les êtres humains. La corrida porte en elle-même tous les vices et toutes les dérives d’une partie des spectateurs. Le spectre permet d’en dire tout au long. Ni art, ni spectacle, elle est la métamorphose d’une part des citoyens qui ne veulent plus voir ces tortures comme faisant partie d’une forme constante de leur vie. Après tout pour eux, les animaux ne sont que des objets comme une table. Mais quand on voit le sang et la haine du matador sur leurs différents visages, on se rend mieux compte de la haine qui les habite. Une haine typique propre à la corrida s’en dégage. Les aficionados nous diront : “avez-vous déjà une corrida” ? La rhétorique en dit long sur l’absence d’arguments pour convaincre.

Assoiffés de sang tels des vampires, ils voient le macabre dans le spectacle de la beauté du sauvagisme. Après tout, ils n’ont pas changé des jeux des Romains. Mais à la différence, il ne s’agit plus de vivre dans un temps où le choix de la citoyenneté allait avec le choix de l’inhumanité. La question même de se retrouver face à des personnes, dont leur loisir se relève de se concentrer sur l’idée d’un entraînement pour tuer, il n’en fait aucun doute que la beauté se retrouve à partir de ce moment-là dans un univers psychiatrique et surtout sur la question éthique pour les personnes saines. 

Si beaucoup de choses restent en matière de lutte contre la cruauté animale : la corrida reste une pierre de lance pour les barbares bonapartistes. La Corrida n’est pas née en France et a été importée par Napoléon le Petit, petit-fils du criminel Napoléon Bonaparte. En d’autres termes, il s’agit de l’expansionnisme de personnes avide de guerre et de pouvoir qui ont importé ce barbarisme. Il a été repris localement. Une tradition qui vient d’Espagne. Dès lors, le bonapartisme, dont on sait qu’il a conduit à des massacres innombrables est vu comme une source de tradition. 

Il n’y a aucune différence entre tabasser un chat et planter un taureau. Il n’y a guère de chose à ce sujet. Si cela vous semble être problématique, il s’agit en réalité d’une part d’entre vous qui hiérarchise les animaux entre le bon animal qui peut être torturés par plaisir et sadisme au nom de la tradition et l’autre qui est choyé au sein du foyer dans lequel il habite.

Si certaines personnes pensent et doutent sur les idées en arrière-plan de l’animalisme, les dissonances cognitives en lien avec la corrida demeurent omniprésentes. Les appels à la tradition pour être considérés comme des appels à la nature. Dès lors, l’idée marginale peut aboutir au rétablissement de tradition sanglante comme les combats à mort de gladiateur. Cela peut surprendre, mais lorsqu’on regarde l’idée qui en résultait : elle s’avère être la même. Les êtres humains (dans ce cas-là des esclaves) étaient voués à être torturés pour mourir devant une foule compacte. La corrida a gardé cette idée. Or, nous ne vivons plus au temps des “jeux romains” ou même de “Bonaparte”, mais en 2023. Mais c’est la tradition qui se conçoit comme l’élément le plus anachronique et délétère.  

Les tortures ouvrent la voie à toutes les dérives et à tous les barbarismes. Le spectacle ensanglanté rappelle constamment que l’argument de “la tradition” appelle à un conservatisme sans nom. En effet, l’idée sous-jacente réside dans l’idée que la “torture” s’avère une bonne chose dans une arène. Pourtant, face à des contestataires des sciences comme les antivaxs, on peut aboutir à tous les arguments possibles et imaginables. Et le Parlement ? En tant que démocrate, les aficionados et adeptes du crime organisé se ruent vers l’obstruction parlementaire. Coïncidence ? Je ne pense pas.


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