Lire Rosa Luxemburg n°1 | Dans l’asile de la nuit (1/2)
Dans le cadre de l’ouverture d’un nouvel espace d’analyse à la lecture de Rosa Luxemburg, nous nous sommes penchés sur un texte de 1912 de Die Gleichheit, ce dernier met en lumière de façon concise une problématique bien connue à l’ère moderne : l’assistance publique pour les personnes considérées comme dangereuses pour elles ou pour les autres, mais aussi dans cette démarche de lier les différents marginaux. Il semble nécessaire de se pencher sur ce texte nécessaire où elle narre la vie quotidienne et cela commence au travers de l’idée de créer un “ordre public” au travers de sa définition simple et concise. De cette façon, il convient d’affirmer que la question de la respectabilité des “bonnes mœurs” ne peut que se subjuguer à celle de faire régner “l’ordre politique” en toute circonstance selon le modèle bourgeois, c’est-à-dire la classe dominante.
Aussi, une vision se traduit au travers d’une autre vision : celle de la paupérisation des masses. Rosa Luxemburg s’interrogera de cette façon : “la paupérisation, n’est-elle pas une grise théorie depuis longtemps réfutée ?”. La dialectique utilisée tend à utiliser le terme “asile” et elle n’est pas anodine. Ainsi, il semble nécessaire qu’elle s’y retrouve pour un refuse vis-à-vis des personnes qui n’ont rien, c’est-à-dire : les “mendiants”, les “prostitués”, etc. Ce monde apparaît comme étonnement “loin et étranger” voire même en dehors de la société ce qui confère qu’ils ne sont plus vraiment des citoyens. De cette manière, il convient de souligner que le fait qu’une théoricienne du marxisme s’y intéresse, rompt naturellement avec ces personnes engluées dans la misère absolue appartenant ainsi au lumpenprolétariat. Cela permet de voir la rupture réalisée avec Karl Marx dans son Manifeste où il parle négativement des “sous-prolétaires”, certainement au travers d’un mépris de classe en soutenant “quant au lumpenprolétariat, ce produit passif de la pourriture de la vieille société […] cependant, ses conditions de vie le disposeront plutôt à se vendre à la réaction” (dont, nous avions disposé d’un Meme à cela). Ensuite, comme le souligne Rosa Luxemburg, la frange qui sépare entre les ouvriers paupérisés pour différentes raisons se dresse le mur de la misère. Or, cela se traduit inexorablement d’un regard noirci de la société mondaine vis-à-vis de ces exclus. Le mur apparaît comme la barricade.
La différence que met en avant aussi Rosa Luxemburg se sacralise nécessairement au travers de la dissonance entre les cercles bourgeois qu’il faudra prendre “élevés”, “cultivés” et “gentils” en opposition à ce qui restait de cela pour des personnes qui n’étaient pas d’ailleurs considérées comme appartenant à l’Humanité même. Quand Rosa Luxemburg soutient que le “spectre horrible de la misère arrache à notre société son masque de correction et révèle que cette pseudo-honorabilité n’est que le fard d’une putain“. Cela permet de considérer que l’usage de la “préciosité” sur l’usage du terme “fard” qui peut avoir deux sens à savoir le premier qu’il s’agit d’un “produit qu’on applique sur le visage lorsqu’on veut en rehausser l’éclat ou en souligner les traits” ou dans le second d’un “artifice par lequel on tente d’embellir ou de dissimuler la vérité” selon le dictionnaire de l’Académie Française. Or, ces apparences trompeuses cachent “l’abîme béant de la barbarie et de la bestialité“. Une réalité qui cache la misère comme de nos jours où la bourgeoisie criminalise sans cesse la pauvreté comme elle le souligne au travers de “l’enfer”. Justement, la condition des masses prolétaire n’étant pas arrivée à ce stade, il s’agit de pointer du doigt l’ignominie dans les sociétés libérales au travers du capitalisme. De ce fait, elle témoigne que “des créatures humaines fouillent les poubelles à la recherche de détritus” pendant que “d’autres se tordent dans les affres de l’agonie ou exhalent en mourant un souffle pestilentiel“.
La réalité glaçante de cette époque tend naturellement à considérer ce qu’était la “Maison des pauvres” ou “prison”, une vision malthusienne ancrée au sein de la société. Lorsqu’elle y pointe les “éléments faibles”, cela ne sert évidemment à aucun moment la ligne bien-pensante de la bourgeoisie, mais aussi au travers d’un culte du corps. Ce dernier sera utilisé par les différents mouvements fascistes (y compris nazis) dans le cadre des différentes propagandes. Au travers de cela, il semble nécessaire de souligner qu’il y aura nécessairement une vision entre l’assistance publique et ceux qui vivent d’une vie de labeur. Or, nous y sommes toujours confrontés en réalité face à cette idée de “l’assistanat” qui gonfle les différents rangs de la bourgeoisie au XXIe siècle. L’idée d’utiliser le terme “ou” pour renvoyer à “dépravés” s’enracine sciemment dans le fait de “détourner du bien”. Une liste est alors dressée : les “vieillards débiles” atteints certainement de maladie comme Alzheimer, Parkinson et autres ; les “jeunes délinquants” et les “anormaux à responsabilité diminuée”, c’est-à-dire les handicapés psychiques.
Nous reviendrons dans une seconde partie afin de terminer la mise en valeur de l’article de Rosa Luxemburg afin d’expliciter la dimension humaine. Le tout est emmagasiné sous un article a priori anecdotique, mais symboliquement renfermant le fond de la critique contre une société de mœurs dépassées, archaïques, dont certains éléments s’y retrouvent toujours de nos jours au XXIe siècle.
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