CAB n°18 | Ecrire sous les canicules

Écrire sous les canicules, voilà quelque chose d’anecdotique, mais renvoyant la souffrance du corps au réchauffement climatique. Dans ce sens, si les visions s’enracinent sur la question météorologique (et avec raison), l’approche du corps intervient comme nécessaire.
Après plusieurs canicules successives au cours des mois de juin, juillet et août, nous nous sommes habitués à vivre sous des chaleurs terribles. Or, si la caricature considère qu’il est plus facile de vivre dans les mois d’été contrairement au mois d’hiver, il n’en demeure pas moins qu’elle est fausse. L’été s’avère plus rude d’année en année. L’idée de mettre à l’abris “les plus fragiles” enraye drastiquement une vision sarcastique lorsqu’il s’agit de l’été. Pire, la mentalité petite-bourgeoise oublie la misère pour aller profiter des vacances. Au travers de cet élément, le temps de s’évader quelques semaines en vacances afin d’oublier les conditions actuelles posent de véritables questions. En effet, ce n’est pas une échappatoire à tous les problèmes de la société. Contrairement à l’idée reçue, les éléments et les conflits internes de la société continuent de s’accroître. Pendant que les villes urbaines se vident progressivement de la population, il s’avère que la souffrance intérieure reste la même.

Certes, les congés payés ont été gagnés du fruit d’une grande lutte contre le patronat. Pourtant, les cinq semaines ne permettent pas à tous d’en profiter comme ils se doivent. Il y a bien un problème au sein d’une société où la richesse s’accroît même si actuellement il y a une récession économique. De telle sorte que la solidarité n’est plus la même en été qu’en hiver. On voudra ne plus voir de pauvres, de mendiants, de sans-logis, etc. Mais ils sont bien présents. Oubliés, le temps d’une saison touristique, ils croulent progressivement les uns après les autres. Au travers de cela, il convient de regarder droit dans les yeux une vérité qui dérange les bonnes consciences. En effet, loin sans faute, l’arrimage permet à tout bon compte de regarder la pauvreté non pas comme une exaltation de la réussite du capitalisme, mais bien comme une vision qui témoigne ce qu’il est dans le fond à savoir un système à fabriquer des pauvres. Le problème réside dans le fait que les adeptes du capitalisme se cachent les yeux au travers de sa vision populaire. Conservateurs de tout bord, ils s’entendent parfaitement bien.
Dans ce sens, la théorie du ruissellement ne l’est pas pour tout le monde. Or, nous le disons dans notre article sur Rosa Luxemburg que la paupérisation s’avère une nécessité pour accroître notamment l’accumulation du capital. Dans cette période de prémisse en ce qu’il concerne un potentiel cataclysme économique et financier, nous prenons conscience que la jetée progressive s’inscrira également dans un accroissement des inégalités sociales. Cela permet de sous-entendre que nous n’allons pas vivre les canicules de la même selon notre statut social. Ainsi, les plus aisés vont pouvoir se permettre d’utiliser à bon escient des différents outils technologiques pour y survivre tout en augmentant leur impact carbonique. Il s’agit d’une contradiction.

La chaleur tend drastiquement à s’accroître progressivement dans les lieux petits au travers de bâtiments peu isolés contre le froid et le chaud. De cette façon, de l’endroit où nous écrivons dans une petite pièce, nous sentons la difficulté à aller pour réaliser notre description progressive de la société afin d’en faire une critique constante. Loin de l’image qu’il se passe des conservateurs qui pensent que nous sommes “bourgeois bohème”, c’est-à-dire des doux rêveurs embourgeoisés. Pour autant, si nous connaissions si bien les conditions liées à la précarité, nous savons ce que cela sous-entend d’être dans une précarité au sein d’un espace exigu. En effet, vivant entassé comme dans une bétaillère, nous réussissons tant bien que mal à mettre en avant des écrits de qualités diverses (dont seul le lecteur sera juge). La réalité réside dans le fait que nous connaissons la “misère”, nous connaissons la “valeur travail” et nous connaissons l’acte de soumission à une “hiérarchie”. Pendant ce temps, nous estimons être représentatifs du prolétariat et des sous-prolétaires. La réussite ne reconnaît pas les éléments qui l’accompagnent.
Cela se caractérise par les partisans d’un certain libéralisme de soutenir que le niveau social devrait être vanté. Pourtant, le problème réside dans différents mécanismes : les plus riches ne deviennent pas riches au travers d’un claquement de doigts, il y a certes un travail important. Pour autant, il convient de souligner que cela trouve un autre chemin, c’est-à-dire de la “propriété bourgeoise”, mais aussi des différentes conditions liées aux études au travers de la reproduction des classes sociales. En le disant, les néolibéraux accusent sans cesse les uns et les autres d’être “d’extrême-gauche” et surtout les adeptes d’une imposture intellectuelle même répétée un million de fois, cela restera un mensonge de fond. Cela les fait surtout passer pour des personnes incultes. Ainsi, ils ne pourront jamais comprendre l’urgence de l’accélération de la transition écologique dans leurs grands appartements ou maisons.
Pendant les canicules, cela ne peut qu’admettre une vision qui se développe de ces personnes s’avère de dire que “c’était le cas aussi avant” démontrant un certain immobilisme. L’idée d’accélérer devient nécessaire afin de vivre moins difficilement. Au travers de cela, l’écriture durant les mois d’été risque d’être de plus en plus compliquée, car cela se fait au ralenti progressivement. Aussi, nous commençons à voir en Europe, ce qu’on appelle des “pierres de la faim”. C’est un signe d’avertissement au continent européen, mais aussi à l’ensemble du monde là où les famines commencent.
Dès lors, il convient d’affirmer qu’en cette fin d’été, nous risquons d’avoir de sacrées surprises à l’automne au travers d’un sol très sec et des inondations à venir. Autrement dit, en ce début de septembre, nous savons parfaitement bien que l’été indien qui commence avec des températures plus supportables s’avère être la goutte d’eau qui cache les pluies diluviennes. Il y en aura besoin pour les différents incendies, mais gare à ce que cela ne soit pas une catastrophe sur une autre catastrophe.
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