Economie | Faut-il rembourser la dette ?

Economie | Faut-il rembourser la dette ?
Photo by Towfiqu barbhuiya on Unsplash

La dette publique a bondi sous les différentes majorités de près de 600 Mds d’euros en raison des aides octroyés aux entreprises. Au moment où le gouvernement s’enracine à soutenir que le business reste naturel et le seul chemin possible, nous pensons que sa dette n’est pas légitime.

Dans les contrées européennes, la crise sanitaire a plongé les dettes publiques dans un niveau inégalé. Les entreprises n’ont jamais été autant aidées ces dernières années alors qu’elles demandent sans cesse des efforts de l’Etat. Au travers de cette dimension, se retrouve le paradoxe du néolibéralisme : aider les entreprises creusant le déficit public et demander aux élus de reboucher le trou qu’ils ont eux-mêmes creusé. La dette publique ne s’avère ni plus, ni moins qu’une soupape de secours en guise d’amortisseur social. De cette manière, les éléments permettent de soutenir que la politique économique est taillée sur pièce afin de comprimer les dépenses publiques, mais pas pour tout le monde. Ainsi, nous n’entendons plus Johnny Blanc, symbole des “Grandes Gueules” sur ce sujet. Cela est certainement dû à une dépolitisation de fond au niveau de ses prises de parole où le virilisme apparaît comme omniprésent pour savoir qui va brailler le plus fort. Pourtant, la question du remboursement de la dette publique s’avère foncièrement absente. Celui qui tiendrait une fromagerie (mais comment peut-il être à la fois sur les plateaux et être commerçant ?) ferait mieux de réviser ses fondamentaux en macroéconomie, mais aussi les différentes sciences sociales !

De cette manière, la revanche de Keynes n’aura guère duré longtemps. Les chiffres d’une croissance jugée extraordinaire n’étaient qu’un rattrapage conjoncturel. Au travers de ces éléments, il convient de souligner que l’exception comme souvent ne dure pas. Le temps d’une année où la Macronie s’est vantée de ses bons chiffres, l’inflation est repartie à une hauteur sans nom symbolisant une rupture importante. Ainsi, la conjoncture favorable s’éloigne et les centaines de milliards de dettes pour redresser la nation sont parties en fumée. Dès lors, il convient d’admettre que l’emballement du ministère de l’Économie sur les présupposés “bons chiffres” de l’économie française s’avérait être erroné. Au travers de cette dimension, il apparaît rationnel objectif de souligner qu’il s’agit d’une catastrophe d’une ampleur inégalée. Autrefois, nous étions dans l’argent subventionné à flot par l’état au profit d’une minorité. Aujourd’hui, nous sommes à sec, car les néolibéraux ne sont pas des fourmis, mais bien des cigales à géométrie variable. Certes, la crise sanitaire est passée par là, mais elle n’explique pas l’ensemble des politiques ayant contribué à l’inflation qui n’est pas seulement du ressort de la guerre en Ukraine.

L’heure de faire les compte a sonné. Pour le patriarcat, il s’agit de reprendre une gestion rigoureuse des deniers publics. Cela rappelle très bien qu’en termes de gestion, les extrême-droites et les néosocialistes savent très bien s’y tenir : la dette publique a explosé comme jamais et la répartition des richesses est mise sous le tapis. Le poujadisme ambiant repose sur une création du ras-le-bol fiscal. Ironiquement, les conservateurs baissent constamment les différents prélèvements directs ou indirects, mais le problème provient de ces dernières. Le gouvernement a prévu une fois de plus de baisser les prélèvements afin de redonner du pouvoir d’achat obligeant une recrue de l’austérité ayant pour finalité la privatisation de ces services. Nul ne doute que de fil en aiguille, l’idée de repasser sous la barre des 2 % de déficit ne se fera pas sans une crise politique énorme au moment où le gouvernement n’a pas la majorité absolue, mais une majorité orientée vers l’union des droites. En effet, le remboursement de la dette à partir de l’horizon 2030 soulève des questions de fond. Le gouvernement a déjà une piste pour permettre de réduire le déficit de l’Etat : la retraite à 64 ou 65 ans.

Pourtant, la dette publique continue de croître progressivement. Elle est vue comme un frein à l’économie. L’idée de reposer uniquement sur des investissements privés pour relancer la machine s’enracine dans l’abstraction d’une volonté d’accélérer la privatisation et projet progressivement un retour vers le XIXe siècle. La peur de la banqueroute intervient dans les mémoires. Or, l’euro faible se traduit dans les faits par un regain normalement de la compétitivité de la France au niveau des exportations. Toutefois, le sujet de la restructuration de la dette repose dans les faits sur la dette nécessaire aux grands investissements pour la croissance et la dette servant uniquement à accroître le pouvoir d’achat des classes aisées. Le bien-fondé de cette dernière repose sur du vent et génère un accroissement du déficit sans avoir un seul effet sur la croissance. Dès lors, les mesures corporatistes prises par les majorités successives deviennent dangereuses. Aussi, il semble nécessaire de résoudre la réalité : qui va payer pour ces cadeaux fiscaux ?

À partir d’un moment précis, le problème de la dette soulève une barrière dangereuse. Il semble nécessaire d’aller vers le défaut de paiement. La catastrophe perçue par les détenteurs d’une aspiration hors du commun de l’adage : “un crédit vous engage et doit être remboursé”. Ainsi, nous sortons de cette dynamique pour affirmer que les cadeaux fiscaux devront être abolis à un moment donné. Il en va pour la France, mais aussi pour les différents pays d’Europe. Emmanuel Macron sait très bien que sa politique et son passé politique ne peut qu’à un moment donné déboucher sur une réalité : les comptes publics ne sont pas gérés avec rigueur et pire, c’est le fiasco absolu. La France deviendra tôt ou tard la Grèce avec ses conséquences sociales, ses estomacs vides, sa misère, etc. Le modèle tant vanté pour rembourser la dette publique va tôt ou tard renforcer le “séparatisme de classe”. Les uns se paupériseront et les autres s’enrichiront, c’est le néolibéralisme (ou plutôt le capitalisme) ma pauvre Lucette.


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