Ukraine | Une guerre qui s’enlise

La guerre en Ukraine s’enlise progressivement au moment où nous parlions dans nos colonnes des relations sino-russes. En effet, la position de Vladimir Poutine dans un pays à bout de souffle selon une étude ne tient que du miracle, mais plus long sera la chute ; plus dure, elle le sera.

L’Ukraine depuis la révolution orange a choisi progressivement une communauté de destin en rapprochement avec l’Europe et l’Union européenne. Cela remet en cause drastiquement depuis 2004, une volonté de changer son destin et son dessein. La révolution de Maïdan (que certains appellent un coup d’état) a changé considérablement le paysage politique. Bien sûr qu’elle a ses contradictions. Pourtant, les anarchistes sont montées sur les barricades (voir la photo ci-contre).
Si Marine Le Pen a rencontré le parti Sobvoda en 2013. Cela témoigne d’un flux constant, l’Ukraine (comme tous les pays) possède une branche d’extrême-droite. A priori, le Front national de l’époque remontait aux mêmes origines politiques que les idolâtres de Stepan Bandera, c’est-à-dire le nazisme en chair et en os. Cependant, il serait réducteur comme le font de nombreuses personnes de réduire en silence l’ensemble des différents courants politiques en Ukraine. Ainsi, les mouvements rejetant Maïdan comme une révolution nationaliste y voient le spectre d’un soutien au néo-nazisme. Un danger en somme très important se crée. L’idée se base comme dans le vent se lève au travers d’une recherche sur le mythe nationaliste ukrainien pour finalement réaliser une propagande en faveur du Kremlin.
L’idée phare pour le tenant du Kremlin réside à faire de l’Ukraine : une colonie ou un pays satellite comme sous le temps de l’Union Soviétique. Ainsi, l’idée de rejeter le passage progressif vers l’Union européenne permet de remettre en cause le “récit national” mis en place par Vladimir Poutine que l’Ukraine serait le berceau de la civilisation russe. À partir de ce passage précis, l’idée de défaire les liens d’une propagande nationaliste s’inscrit dans une vision dangereuse. En effet, l’attrait ethnique que cela soulève renvoie aux différentes questions identitaires. Une nation a priori qui serait dépossédée de ses racines soulèvent des questions. Pourtant, ce discours reste largement pris par les différents partisans poutinolâtres. Toutefois, il semble nécessaire de soutenir que les différentes thèses notamment dans les zones russophones s’avèrent n’être qu’une simple occupation implicite de la Russie en Ukraine comme le rappellent nos confrères d’Hacking Lord Sutch.

Que reste-t-il finalement de l’idéologie Nestor Makhno et de la Makhnovtchina ? En effet, au travers d’un tract pris sur les manifestations contre la guerre en Ukraine, l’héroïsme était mis en avant afin de considérer une autre réalité. L’anarchisme d’un paysan étant passé par les geôles tsaristes avait combattu les Allemands et les Bolchéviks de l’Armée rouge de Léon Trotski avant d’être chassé. Or, il semble nécessaire de concevoir que la guerre reste une vraie problématique, mais cela doit se construire sur une logique propice à l’autodétermination. On ne peut faire parler les morts, mais Makhno aurait (certainement) combattu à nouveau Moscou.
Cependant, les régions russophones sont tombées aux mains des séparatistes (minoritaires) inféodés au Kremlin. Le pouvoir russe a orchestré une tentative d’annexion d’une part de la Crimée au travers d’un référendum d’autodétermination et une occupation des oblasts en y créant des République Populaire (comme en Chine). La Crimée a été annexée de force. Cela représente la première étape d’une volonté de démanteler l’Ukraine région par région. Au moment de Maïdan, la Russie a fait un ultimatum en misant sur le fédéralisme. Cette idée ingénieuse aurait permis un démantèlement des régions plus rapidement. Mais les Ukrainiens ont choisi le principe de l’état unitaire au travers des différentes élections. Les démocrates admettent les résultats des urnes lorsque le vote est libre et éclairé sans fraude. Cependant, Moscou n’a pas entendu de cette oreille, Vladimir Poutine a préparé la guerre pendant sept à huit ans. Cela démontre la préméditation de son invasion.
Cependant, les manœuvres pour déstabiliser le pouvoir à mainte reprise (qu’on soutienne ou pas) se sont réalisées sur une autre manière, les zones où les séparatistes russophones tenaient fermement leurs différents obstacles qu’ils étaient victimes d’un “génocide”. Venant d’un pays qui a soutenu Bachar Al-Assad au travers d’un génocide de 400 000 morts, cela rend caduques les différentes argumentations. Or, “l’opération militaire spéciale” (comme le nomme le Kremlin) avait pour but de créer une “capitulation rapide” sans condition de Kiev. Les méthodes utilisées rappellent également celle employée par le régime où résidait Aloïs Brunner (bras droit d’Adolf Eichmann). Cela dénote que la position paradoxale du “en même temps” la Russie combattant pour une dénazification, mais en même temps l’œil de Moscou repose sur une alliance coordonnée des différents repères nazis ou fascistes en Europe comme Marine Le Pen par exemple ou encore Eric Zemmour en France, Matteo Salvini en Italie, et même Viktor Òrban en Hongrie.
Nous savons très bien qu’au travers des différentes enquêtes sur la guerre russe en Ukraine, les différents constats sont alarmant en termes de rapport de crimes, mais aussi contre l’Humanité. Cela fait depuis des mois que les soldats russes essayent d’arriver à une capitulation sans condition de Kiev. Cela devait être un parcours de santé, mais depuis le 22 février dernier, l’enlisement commence à s’étoffer progressivement. Les arguments de Moscou volent les uns après les autres. Aussi, les conditions au travers d’une prévention du génocide n’ont d’ailleurs pas été entendues par la Cour internationale de justice à la Haye. À partir de ce moment précis, au travers du droit international, l’idée d’empêcher un génocide dans les oblasts ukrainiens de Louhansk et de Donetsk s’avère non fondée. Dès lors, il s’agit à partir d’une politique annexionniste visant à réaliser la même manœuvre de ce qui a été fait en Crimée.
La destruction systématique de l’opposition en Russie rappelle évidemment une surenchère guerrière. L’impérialisme russe alerte sur ses motivations. Il semble nécessaire de relire l’un des opus d’Hannah Arendt à ce sujet dans le cadre de son analyse sur le totalitarisme. En effet, il s’agit de ces éléments bien précis. Certes, l’élève d’Heidegger s’enracine dans l’idée abstraite que les extrêmes se rejoignent, mais cela permet surtout de concevoir une ligne assez claire que l’impérialisme pousse à commettre des massacres et des génocides. Nous en sommes à ce dernier : l’effacement de la carte de l’Ukraine en tant que nation repose sur un génocide culturel. Cela présuppose une vision concise en ce qu’il concerne des éléments comme sous la Chine des Ouïghours, mais cela se retrouve sous d’autres formes au Canada dans le monde Occidental. Dans ce sens, l’idée d’anéantir totalement l’Ukraine afin de raser complètement la civilisation ukrainienne ne peut que se traduire au travers de différents crimes largement documentés par les associations de défense des droits de l’homme. Ne doutons pas également qu’au travers de la guerre, l’Ukraine est aussi responsable de mise en danger des civils selon Amnesty International. La guerre, c’est l’horreur et la barbarie.

Ainsi, l’opposition russe progressiste s’expatrie progressivement afin d’éviter de subir une répression constante. Elle a décidé de fonder un nouveau drapeau afin de montrer deux éléments : l’attachement à la Russie et le rejet de la Russie actuelle. Il s’agit d’un processus qui vise à fonder une nouvelle Russie basée sur un régime parlementaire. En effet, la Russie actuelle repose sur un parlementarisme de façade permettant surtout un hyperprésidentialisme de fond. De ce fait, cela incarne une volonté de renverser le pouvoir afin de créer une “Russie libre et démocratique” loin d’une Russie qui se replie sur elle-même dans le cadre d’une guerre absurde. Ainsi, les partisans de ce drapeau manifestent contre la guerre, cela peut qu’emmener une nouvelle vision et une source d’espoir là où la censure bat son plein.
Deux mondes s’affrontent, le monde relativement libre et le monde autoritaire. Nonobstant, la percée des premiers jours a créé un véritable effroi, des mois plus tard, nous nous sommes habitués. Depuis le 22 février, la Russie n’a finalement que très peu avancé, l’horreur advient dans une dynamique terrible. Toutefois, le moral des troupes russes commence à baisser tout comme leur nombre. Toutefois, cette logique ne saurait guère mise en place sans l’aide militaire nécessaire des Occidentaux, tout comme des différentes sanctions créant par moment des tensions. Nous comprenons progressivement, mieux vaut avoir un Hiver froid en raison des différentes sanctions et de la rupture progressive du gaz russe. Cependant, il semble nécessaire qu’au vu de la situation et en accord avec les valeurs de l’Europe, l’accord avec l’Azerbaïdjan soit simplement annulé quand on sait qu’ils ont réalisé le même mécanisme, mais contre l’Arménie.
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