À Paris, ça passe ou ça crack !

Les dépendants au crack ont été éloignés à la demande du Ministère de l’Intérieur vers la porte de la Villette. Cette initiative s’inscrit dans une volonté de criminaliser la dépendance. Le crack reste un dérivé de la cocaïne. Son potentiel addictogène dépasse l’entendement. Les conséquences sociales restent majeures. Ainsi, au lieu d’accompagner les toxicomanes vers des centres adaptés, le gouvernement fait la politique de l’autruche. Le problème n’est pas simplement lié à la cocaïne basée, mais aussi toutes les autres drogues et médicaments au marché noir.
La réalité dans l’envers du décor s’inscrit dans une tragédie. En effet, derrière chaque toxicomane, une vie est brisée par la drogue. La démagogie vient alors de la part des riverains ayant une vision subjective du problème. Dans le même temps, Gérald Darmanin et Anne Hidalgo poursuivent une politique sécuritaire, autoritaire et sans aucun résultat. Qu’adviendra-t-il des toxicomanes ? Le problème sera-t-il réglé ? De toute évidence : non. La peur des riverains peut s’entendre, mais elle débouche sur une logique dangereuse et boiteuse. Du “mur de la paix à Belfast” au “mur de la Honte” entre Paris et Pantin, il n’y qu’un pas. Le blocage d’un passage clef ne va pas résoudre le problème. Peut-être qu’un numéro vert sera mis en place ?
Le nettoyage de la capitale des personnes méprisables en dit long sur la stratégie de gentrification actuelle. Si Paris se veut être la capitale du tourisme alors Paris doit montrer l’envers du décor. De ce fait, elle a aussi ses difficultés sociales et ses problèmes de fond. Dès lors, il s’agit de cacher les problèmes de fond pour les personnes qui ne veulent pas les voir. Aucun dispositif sérieux n’est mis en place pour réellement combattre la polytoxicomanie. Il apparaît plus cohérent de dire que les personnes vivant dans ce quartier auraient besoin d’une manière ou d’une autre de sérénité et de calme. Pourtant, la stratégie de l’éloignement permet de retrouver un espace tranquille créant d’autres espaces moins paisibles. Conclusion ? Gérald Darmanin, Didier Lallement et Anne Hidalgo ne veulent pas résoudre structurellement un problème (c’est-à-dire la consommation de crack) qui envenime depuis près de 30 ans le Nord-ouest de la capitale. Il faut dire également que les mesures prises s’inscrivent dans une course contre la montre au niveau des prochaines élections.
Les associations qui viennent en aide aux usagers du crack en disent long sur la volonté d’engluer la situation. D’autant plus que les associations sont accusés d’être proche du trafic de drogue. On se passera de ces opinions qui n’ont aucune valeur d’argumentation puisqu’elles sont basées sur les préjugés. Les discours de bas niveau comme au comptoir d’un bar en disent long sur la manière de traiter la polytoxicomanie. La prison est revendiquée pour les personnes atteintes de la maladie de la dépendance. Il s’agit dans les faits d’une “double peine”. À aucun moment, le parcours de sortie de l’enfer des drogues n’est pas proposé. Ainsi, les gueux n’ont pas véritablement envie d’en finir une bonne fois du problème de drogue dans leur quartier et arrondissement. Ainsi, nous pouvons dire qu’ils sont complices du trafic de drogue.
La stratégie actuelle s’enracine dans une gentrification de la capitale afin de repousser les problèmes sociaux (SDF, réfugiés, crackers, etc.). Cependant, aucune projection n’est mise en avant sur le long terme. Le pouvoir exécutif met des rustines alors qu’il faut changer les chambres à air. Ainsi, lorsqu’un trou disparaît, un autre trou réapparaît. De telles sortes, les différentes mesures sont destinées à brosser dans le sens du poil les différents réactionnaires. Vous en avez marre ? Et bien l’alternative existe : augmentation du nombre de services d’addictologie, renforcement sur le territoire des cures, multiplication des salles de shoot, etc. Les solutions ne manquent pas. Mais elles sont totalement dans une hétérodoxie absolue.
Vous pouvez utiliser, partager les articles et les traductions de Révolution et Libertés en précisant la source et en ajoutant un lien afin de respecter le travail. Pour toute information supplémentaire : revolutionetlibertes@gmail.com ou par téléphone au 07 65 77 22 08.