Le témoignage de Tunisiano de Sniper

On n’a pas oublié que les paroles de Tunisiano reprennent comme Sat à son époque, la vision d’une société qui se déchire sous une paupérisation de fond. Cette dernière devient de plus en plus identitaire. Sous Jacques Chirac, le ministre de l’Intérieur de l’époque : Nicolas Sarkozy voulait nettoyer les quartiers au Karcher. Il n’en a pas fallu pour voir que depuis les polémiques liées à NTM de Kool Shen et Joey Star, le rap était vu comme une menace pour la société. La vision d’une musique qui dérange avec des paroles crues sur la société dans laquelle ils vivaient.
Ainsi, il semble nécessaire de voir que chaque musique qui narre et pose les questions d’une époque. Cela interroge sur le fond. La question de l’art a pour but de choquer. Dans le cadre du Hip-Hop, elle s’inscrit typiquement dans une volonté de décrire le quotidien tel qu’il est d’un point de vue matérialiste. De ce fait, il semble nécessaire de voir que le couplet de Tunisiano permet de voir l’aspect pessimiste d’une génération sacrifiée. Il ne passe pas sans une seule seconde sans que la parole de ces poètes de la rue s’attire la foudre des conservateurs. L’art choque. Il est aussi un moyen d’expression afin de donner la parole à ceux qui sont privés de paroles.
La classe dominante habituée à son confort n’a point l’habitude de se faire bousculer dans ses codes. Ainsi, versets après versets, il se dessine un tableau de l’univers tel qu’il est vécu. Ces bouts de papiers en disent long lorsqu’ils sont mis en chanson. Le fait de narrer la société tel des contemporains de leur époque a fait bondir la droite et l’extrême-droite. Les procès pour annuler les concerts en disent long sur une époque. Depuis, les temps n’ont pas changé : le hip-hop s’est transformé. La critique radicale de la société avec des témoignages permet de donner corps à la réalité qu’endure une partie de la société. Les conservateurs veulent étouffer cette révolte.
À l’époque, la montée de l’ultradroite causait déjà un problème. Les dissolutions successives n’ont jamais permis d’une quelconque manière de freiner cette mouvance terroriste. Pendant que la jeunesse d’en bas crève la bouche ouverte, les rats de l’ultra-droite continuent de progresser. Les dissolutions n’enraillent pas une idéologie.
Mon quotidien, biffetons, shit, baston, je me relaxe à ma façon
Sniper – Du rire aux larmes
Pour la seule et bonne raison que j’sais que j’vis qu’une fois
Je suis encore chez ma mère, c’est pas à trente piges, frère
Que j’pourrais m’permettre de tout refaire
Les jours défilent, j’me demande c’que l’futur me réserve
Va savoir, j’prie pour ma famille, que Dieu les préserve
Le soir, j’vois des potes tiser, friser l’coma
À croire que le malheur les a hypnotisés
Si on s’mettait à chialer pour toutes nos galères
J’t’assure qu’on chialerait encore et j’aimerais bien qu’on m’prouve le contraire
Bordel, les gens nous montrent du doigt
Et après, on penserait qu’cette attitude pourrait nous donner du respect
On vit comme on vit, on est comme on est
Et puis c’est tout, chacun a ses règles, ses traditions
Le reste on s’en fout
Si j’pose (pose), je cause la zizanie
C’est que le Tunisiano ose dire des choses et fait pas belarni
Ça va ça va pas, y a des hauts, y a des bas
J’compte pas faire débat, la France a causé des dégâts (eywa)
Donc on vivra même si on doit souffrir
J’n’ai jamais baissé les bras même si j’m’efforce de sourire
Retrouver un morceau de Hip-Hop dans une de ces playlists, c’est se rappeler qu’il y avait une vision de critiquer et narrer les choses. Sniper était dans le viseur d’Unité Radicale qui deviendra le bloc identitaire, puis Génération Identitaire. Autrement dit, il y a un lien entre Maxime Brunerie et Damien Rieu allant jusqu’à la campagne d’Éric Zemmour. Il semble nécessaire de voir que près d’une vingtaine d’années sont passées et les identitaires sont plus présents que jamais au sein d’une nébuleuse au niveau des villes et d’une galaxie au niveau national, voir européen.
Vous pouvez utiliser, partager les articles et les traductions de Révolution et Libertés en précisant la source et en ajoutant un lien afin de respecter le travail. Pour toute information supplémentaire : revolutionetlibertes@gmail.com ou par téléphone au 07 65 77 22 08.