La redécouverte de la chanson “Free World” de Neil Young

La redécouverte de la chanson “Free World” de Neil Young

La crise que j’ai traversée avec l’équipe de “Révolution et Libertés” m’a emmenée sur un chemin musical peut-être pas “alternatif”, mais avec des artistes “outre-Atlantique” clairement engagés. En effet, il me semble nécessaire de s’intéresser sur ce qu’il se passe aux Etats-Unis d’Amérique. Ainsi, il apparaît cohérent de s’inscrire dans une dynamique où les “chansons engagées” permettent de créer d’une certaine manière une vision cohérente avec le “modèle progressiste” qui ressort en Amérique. Cependant, la situation chez l’oncle Sam n’a rien à voir par rapport à ce que nous pouvons vivre en Europe. En effet, la question du Maccarthysme reste ancrée dans de nombreux esprits. De telle sorte que la difficulté de se poser en tant que contestataire du pouvoir sans passer pour “un communiste” s’inscrit dans l’enracinement américain des conséquences de la “guerre froide”. 

Toutefois, il n’est pas question d’affirmer que ces artistes feront la révolution à travers des barricades, mais c’est le moment de revenir sur une chanson de Neil Young : Free World. La chanson est extraite de l’album Freedom d’octobre 1989, c’est-à-dire à la fin de la “guerre froide” et quelques mois avant la chute du mur de Berlin qui causera la chute finale de la RDA.

Dans le cadre de notre culture musicale, il ne va pas sans dire que les références de Neil Young en passant par Patti Smith ou même Bruce Springsteen nous influencent et renforcent notre détermination dans le combat contre l’ignorance et pour la liberté intellectuelle tout comme la recherche et le fondement scientifique.

Oui, l’art permet le développement des démocraties, mais il doit être soumis aux différentes critiques. Quand Patti Smith nous chante clairement une ode à la démocratie en soulignant que le “peuple a le pouvoir”. Que demander de plus, n’est-ce pas ce que l’on demande en défilant dans les rues en se revendiquant clairement d’une vision où la démocratie doit s’imposer partout y compris dans nos entreprises où le salarié, l’ouvrier et le travailleur s’usent à la tâche en échange d’un maigre salaire. Nous sommes face à des figures et des monuments de la musique américaine qui illumine clairement les zones d’ombre. On pourrait citer “Gloria” en épelant lettre après lettre “G.L.O.R.I.A.”.

J’assume, oui ! J’assume mes prises de position. Je ramène certains artistes ouvertement progressistes dans un pays clairement malades sur tous les aspects. Parce que la colère dans les lignes des différentes chansons raconte l’Amérique profonde qui n’arrive pas à s’en sortir alors que le modèle reposant sur “les libertés économiques” tend à broyer des millions d’Américains et crée des dizaines de millions de pauvres et de sans-abris. La crise des subprimes a clairement broyé la vie de millions de citoyens qui se sont vu expulser de leur logement par les banques au nom des crédits à taux variables qu’ils ne pouvaient plus rembourser.

Dans notre période, la musique “progressiste” qui tend à décrire le quotidien et à réaliser un travail de sociologie permet de créer des conditions nécessaires à la diffusion des arguments et des éléments pour mettre en avant une ligne “démocrate” fondée sur le “progrès”. La culture à travers l’art musical permet également de contourner toutes les censures et de mettre en avant des positions indirectes pour critiquer le fonctionnement de la société. C’est à travers cette méthodologie que des chansons témoignent du “cauchemar” que vivent de nombreux Américains, mais aussi de l’idéal qui est raconté.

Ainsi, lorsque Bruce Springsteen chante “The Ghost of Tom Joad” racontant les “raisins de la colère” de John Steinbeck[1]Cf. www.persee.fr/doc/rfea_0397-7870_1992_num_53_1_1476 avec le guitariste Tom Morello du groupe Rage Against The Machine. Nous sommes dans la dépression des années 1930. L’Amérique sombrait dans une logique de récession de grande ampleur avec une génération clairement sacrifiée. Ainsi, on pourra citer un petit passage expliquant la réalité du libéralisme et du néolibéralisme :

Welcome to the new world order
Families sleepin’ in their cars out in the southwest
No Job, no home, no peace, no rest, NO REST !

Bruce Springsteen – The Ghoast of Tom Joad

Je me doute très bien que l’expression “new world order” a une signification très pointue chez les conspirationnistes et les obscurantistes. Cependant, il n’est pas question de réaliser un procès contre Bruce Springsteen dans lequel il utilise le terme “nouvel ordre mondial”. Dans la construction des années 1930, “l’ordre politique” tel qu’il était construit s’est métamorphosé par une partie ancrée dans les politiques s’inscrivant dans l’orthodoxie libérale. Ainsi, le slogan “la reprise est au coin de la rue” de Hoover témoigne de cette attente à travers une politique poussée à l’extrême se traduisant mécaniquement par une politique déflationniste [2]Jean-François Ponsot et Michel Rocca, « Le renouvellement de la pensée économique durant la crise des années 1930. Le découplage théorie économique / politique économique », Revue de … Continue reading.

Oui, il y a un certain espoir qui reste gravé dans nos esprits. La culture permet une certaine émancipation vis-à-vis de la politique, mais aussi lorsqu’elle est construite sur la critique de tout un système avec des éléments alors on peut clairement s’avouer qu’il reste un “rêve américain”.

Zack de la Rocha chantait sa vision du “rêve américain”. Ainsi, la chanson “Killing The Name” traite du racisme systémique au sein de l’Amérique blanche et du fameux WASP.

Some of those that work forces
Are the same that burn crosses
Some of those that work forces
Are the same that burn crosses

Rage against the machine – killing the name

On pourra également citer la critique des fédéraux dans “Bullet In The Head” Dans une musique issue de la fusion entre le métal et le hip-hop, nous assistons à une démonstration cohérente d’une vision alternative de “l’américan dream”. 

This time the bullet cold rocked ya
A yellow ribbon instead of a swastika
Nothin’ proper about ya propaganda
Fools follow rules when the set commands ya

Rage against the machine – bullet in the head

Dans le même temps, il y a une question majeure qui se pose sur l’envers du décor. Ainsi, la “révolution néoconservatrice” suggère d’abaisser potentiellement le “niveau de raisonnement” et de se soustraire de toutes “didactiques matérialistes”. Ce changement radical s’inscrit dans une diminution de l’espoir dans les sciences pour créer une dimension créationniste et romantique du “rêve américain”. La version la plus aboutie de cette construction d’une “contre-révolution” obscurantiste se base sur une partie des partisans de Donald Trump. En effet, il y a une vision vraiment ignare qui se dégage notamment au travers d’un corpus argumentatif basée sur les “fake-news” et le “complotisme”. La consécration se résume à l’apparition en 2020 du mouvement QAnon, dont les propos entre les membres étaient certes incohérents, mais cette mouvance rassemblait “grosso modo” l’ensemble de la doxa conspirationniste, notamment sur le sujet de la vaccination. Nous avons assisté à une révision complète de la science, notamment à travers des “raisonnements limités” et “dangereux”.

Dans ce contexte, le courant actuel a tenté par tous les moyens de manœuvrer en prenant d’assaut le Capitole le 6 janvier dernier. Cette tentative de coup d’État démontre dans les faits le vrai visage d’un courant politique qui se sert de la démocratie comme d’un outil pour prendre le pouvoir, mais qui refuse dans les faits de démocratiser la vie publique et politique. Au contraire, le “monde libre” tel qu’il raisonne s’inscrit dès lors dans une vision clairement opposant les “démocrates” de toutes tendances aux “fascistes”. 

Le modèle illibéral que Donald Trump a mis en place n’était pas le résultat d’une montée brutale de l’obscurantisme, mais de l’aboutissement de la pensée néoconservatrice. D’autant que les “évangélistes” ont clairement soutenu le candidat à la présidence par tous les moyens.

Après la victoire de Joe Biden vis-à-vis de Donald Trump, même si c’est un capitaliste qui ne changera pas l’États-Unis d’Amérique en profondeur, nous sommes face à un début de “balancement” du néoconservatisme au sein de “l’Internationale réactionnaire”. Le progrès tant attendu que l’on aurait espéré venir à travers la montée en puissance de Bernie Sanders ne s’inscrira point dans une rupture franche avec le désastre économique et sanitaire qu’a produit Donald Trump pendant ses quatre années de mandat. En effet, la barre des 500 000 décès liés au Coronavirus a été franchie sur le sol de l’Oncle Sam.

Je me souviens pendant que j’étais en train d’essayer d’installer le webzine sous un autre CMS (Drupal 8) de la lecture du livre de Barack Obama. Une source inestimable en termes de démocratie. Mais, la démocratie aux États-Unis d’Amérique reste complexe et profondément arriérer. En effet, sans une rupture franche vers un système qui élit directement le président au suffrage universel direct, les États-Unis d’Amérique resteront un pays où une majorité des électeurs peut se retrouver avec président ayant recueillis moins de bulletin comme ce fut le cas entre Donald Trump et Hillary Clinton. Le désastre de la démocratie américaine s’inscrit toujours dans le fonctionnement du temps de l’indépendance des États-Unis d’Amérique et notamment sa constitution à savoir en 1787. Autrement dit malgré un certain nombre d’amendements, le pays vit une démocratie datant d’une époque révolue. Mais le conservatisme est tellement présent là-bas concernant la “sacralisation” de la Constitution que rien ne bouge.

References

References
1 Cf. www.persee.fr/doc/rfea_0397-7870_1992_num_53_1_1476
2 Jean-François Ponsot et Michel Rocca, « Le renouvellement de la pensée économique durant la crise des années 1930. Le découplage théorie économique / politique économique », Revue de la régulation [En ligne], 13 | 1er semestre / Spring 2013, mis en ligne le 25 juin 2013, consulté le 30 mars 2021. URL : http://journals.openedition.org/regulation/10229 ; DOI : 10.4000/regulation.10229
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