Newsletter n°4 – L’esprit critique [version longue]
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Suite aux déboires que nous avons eus la semaine dernière concernant un article à propos de Keny Arkana, nous savions qu’il n’était pas là pour créer un consensus, mais rappeler des faits et des éléments factuels. Nous nous sommes inscrits dans « l’esprit critique ».
L’approche de « l’esprit critique »
Nous ne réalisons pas ce papier par hasard, mais cela s’inscrit fondamentalement dans la question de solidifier les arguments vis-à-vis de l’article en date du 18 mars dernier. Il semblait nécessaire que nous puissions mettre en avant en-avant des faits et des sources concernant notre propre argumentation au nom de la démarche que nous avions entreprise. Ainsi, le format que nous présentons s’inscrit typiquement dans le fait de créer un support supplémentaire pour poursuivre notre argumentation que nous avions entamée lors de la rédaction de l’article.
La notion même de la « critique » que nous allons évoquer dans cet article s’inscrit dans le fait de disposer différentes sources afin que le lecteur puisse être en mesure de se forger une « réelle opinion » avec des éléments scientifiques. Ainsi, en prenant en considération qu’il aura un « complément de l’analyse originelle », il pourra se forger concrètement sa « propre opinion » au vu des éléments que nous allons mettre en avant et non partir sur des « présuppositions ».
La question de la critique permet de créer des éléments de fond permet la création d’un débat argumentatif et souligne la qualité qui peut en découler. Le « droit à la critique » qui découle de la « liberté d’expression » s’avère fondamental. Or, il s’avère que les artistes qui sont souvent largement suivis, engendrent un phénomène de masse. Dès lors, il n’incombe pas de se situer dans la polémique apparaissant comme stérile et débouchant sur une critique formelle face à des personnes pensant détenir la « vérité » comme étant absolue. Le fait de soutenir des personnalités célèbres, des artistes ou même des médecins s’inscrit dans l’argument d’autorité. De ce fait, il en ressort que les paroles absorbées sont réceptionnées comme des « paroles d’évangile ». Ainsi, la déconstruction de l’argument d’autorité repose sur la « critique ». Cette dernière apparaît comme potentiellement nécessaire dans le cadre dans de dégager les grands axes du raisonnement et de la méthodologie scientifique. De ce fait, la « critique » tel qu’elle est conçue permet d’apporter des éléments tangibles et factuels afin de recadrer le « débat scientifique ».
Or, il s’avère que les artistes qui sont souvent largement suivis, engendrent un phénomène de masse. Dès lors, il n’incombe pas de se situer dans la polémique apparaissant comme stérile et débouchant sur une critique formelle face à des personnes pensant détenir la vérité « absolue » sur leurs propos. De ce fait, la « zététique » comme méthode d’approche pour sortir de ce piège se fonde sur « l’art du doute » et les « faits ». Autrement dit, il ne s’agit pas de juger la personne, mais simplement les faits qu’elle énonce. De par ce principe, nous pouvons ériger différentes théories en lien avec le degré de sources scientifiques que l’on met en avant.
Dans une société qui s’aseptise de plus en plus en lien avec les « bulles de filtres »[1]Cf. http://hdl.handle.net/2078.1/thesis:16354, le fait d’émettre des opinions différentes génère des frictions entre les « bulles » comme lorsque deux galaxies se percutent. Il s’ensuit des polémiques stériles. De ce fait, le rationalisme et le matérialisme sont mis de côté pour générer de ce qu’il y a de plus malsain. Or, le débat nécessite une certaine prise de hauteur. Nous aurions aimé que l’artiste source ses différents propos avec des éléments scientifiques qui démontrent la validité de ses positions. Le problème majeur réside dans le fait que la « liberté d’expression » est invoquée pour recycler des théories qui n’ont aucun fondement scientifique. Pire, l’ensemble du consensus scientifique et des différentes études tendent à démontrer que ses propos sont faux.
Il existe également une méthodologie dans la logique de l’esprit critique qui consiste à poser les sources de l’argumentation. Le « libre-penseur » se forge une opinion à partir non pas de l’argument, mais du niveau des sources qui étaye les propos. En effet, lors d’un débat « critique », c’est à celui qui énonce des faits de les démontrer. C’est « la charge de la preuve ». Toutefois, il incombe de faire une différence majeure entre la preuve entre celle au niveau du droit et celle au niveau de la science [2]Olivier Leclerc. La distinction entre ’la preuve en droit’ et la ’preuve en science’ est-elle pertinente ?. E. Truilhé-Marengo. Preuve scientifique, preuve juridique, Larcier, pp.55-77, … Continue reading. Or, nous n’avons vu aucune preuve, aucun lien, aucune étude ou même un article scientifique ou de vulgarisation scientifique. Dès lors, la méthode utilisée par l’artiste se résumait à avancer une vision de la société qui ne se base sur aucune logique cohérente.
La position « antivax » et le consensus scientifique
Ainsi, la question vaccinale, il existe un consensus scientifique démontrant que le bénéfice/risque tend vers l’immunisation à travers la création d’anticorps. En effet, dans les sociétés où la vaccination n’existe pas, certaines maladies comme la rougeole continue de persévérer. En France, la rougeole tend à revenir à cause du fait qu’une partie de la population, notamment au sein des différents mouvements sectaires [3]La rédaction d’Allodocteurs.fr, Vaccination : des mouvements religieux à l’origine de la méfiance anti-vaccins, France Info, 3 mai 2018, [En ligne], consulté le 27 mars 2021, refuse le vaccin contre l’Hépatite B sous prétexte qu’il causerait la sclérose en plaques. Dans les faits, des études récentes viennent d’apporter une fois de plus le consensus scientifique à ce sujet [4]Alexander Hapfelmeier, Christiane Gasperi, Ewan Donnachie, Bernhard Hemmer, A large case-control study on vaccination as risk factor for multiple sclerosis, Neurology, Aug 2019, 93 (9) e908-e916; … Continue reading. Il existe le mythe que le vaccin causerait l’autisme en lien avec l’étude d’Andrew Wakefield en 1999 [5]Andrew J. Wakefield, Simon H. Murch, Andrew Anthony, J. Linnell, David H. Casson, Mohsin Malik, Marc Berelowitz, Amar P. Dhillon, Michael A. Thomson, P. Harvey, Alan Valentine, Susan E. Davies et … Continue reading. Depuis cette étude a été retirée de la revue initiale. Des études encore récentes se basant sur la méta-analyse confirment que les propos Wakefield ne se basaient sur aucune méthode scientifique et sont qualifiés par la communauté scientifique elle-même de thèses conspirationnistes [6]Peter Bearman, « Just-so Stories: Vaccines, Autism, and the Single-bullet Disorder », Social Psychology Quarterly, vol. 73, no 2, 1er juin 2010, p. 112–115 (ISSN 0190-2725, DOI … Continue reading.
La question du populisme et du phénomène « antivax » [7]Whitehead, Martin; Taylor, Niall; Gough, Alex; Chambers, Danny; Jessop, Mike; et al..The Veterinary Record; London Vol. 184, N° 24, (Jun 15, 2019): 744. DOI:10.1136/vr.l4027 devient une attitude tangible et attrayante pour les différentes personnalités souhaitant s’inscrire dans la contemporanéité du temps. En effet, la montée en puissance du phénomène « antivax » ne peut reposer uniquement sur un phénomène majeur rassemblant le populisme et la pensée démagogue. Ainsi, il existe au sein de la sphère alternative de nombreux militants qui tombent dans le piège que la frange la plus radicalisée des « antivaxs » mettent en avant. Or, les thèses refusant la « Science » sous prétexte d’une notion abstraite de l’empoisonnement des « vaccins » par exemple ne se supputent pas à la construction en parallèle de la « vérité scientifique » [8]Anne KUPIEC, « La construction de la vérité scientifique », Bulletin des bibliothèques de France (BBF), 2006, n° 3, p. 93-94. En ligne : https://bbf.enssib.fr/consulter/bbf-2006-03-0093-004 … Continue reading. Dès lors, nous sommes au croisement de ceux qui voudraient penser que la position serait une forme de contestation du pouvoir, alors que dans les faits, il s’agit d’une contestation du consensus scientifique[9]Ntagteverenis, Paschalis. « Construction scientifique et construction quotidienne. La dimension syntactique du savoir commun et la question de l’objectivité », Sociétés, vol. no 89, no. … Continue reading.
Le fait d’être « ouvert d’esprits » de voir que certains peuvent avoir des idées ne reposant sur aucun élément factuel se résume à n’être qu’une « croyance » comme une autre [10]Erwan Sommerer, Jean Zaganiaris. L’obscurantisme. Formes anciennes et nouvelles d’une notion controversée. L’Harmattan, pp.280, 2010. ⟨halshs-00506985⟩. Ainsi, personne ne peut imposer à quiconque le fait de croire ou de ne pas croire dans certaines théories. Il existe bien des personnes qui pensent que la « terre est plate » ou d’autres qui s’inscrivent dans le « créationnisme ».
La loi de 1905 tend d’ailleurs à défendre le fait que les personnes puissent avoir des croyances aux termes de l’article premier qui énonce que « la République assure la liberté de conscience »[11]Cf. https://www.legifrance.gouv.fr/loda/id/JORFTEXT000000508749/. En d’autres termes, sur l’ensemble du territoire sauf en Alsace – Moselle, la liberté de croire dans des thèses farfelues est une des conséquences de la « liberté de conscience ». Toutefois, entre le fait de croire entre une religion et certaines rhétoriques « antivaxs », les conséquences ne sont pas les mêmes sur le plan des conséquences matérielles. En effet, le fait d’avoir une croyance dans le « divin » lorsqu’elle est modérée ne génère pas de conséquences en termes de « santé publique ». La position « antivax » soulève tout de même la question cruciale de la « prise en charge » de la société lorsque les « antivaxs » subissent le revers de la médaille en développant des pathologies qui nécessitent des traitements lourds et très coûteux comme c’est le cas pour la « Tuberculose » où le suivi dure une année et fait porter une « charge financière » à la collectivité.
Pourtant, le procès qui a été fait à « Révolution et Libertés » pendant ces quelques jours s’inscrivait dans une dynamique totalement inaudible. En effet, l’apport du « matérialisme dialectique » permet entre autres d’avoir un raisonnement empirique. Autrement dit, la question de « l’esprit critique » consiste à émettre des doutes et à soulever les différentes failles tout en restant dans une logique de débats. Dans le cadre de ce dernier, un droit de réponse aurait pu même être accordé afin que l’artiste s’explique et démontre ses positions [12]Dans le cadre du webzine de “Révolution et Libertés”, un droit de réponse aurait pu être accordé en vertu de l’alinéa 1 de l’article 13 de la loi du 29 juillet 1881 sur la … Continue reading.
La question de la « confrontation des idées » ne devrait pas soulever des réactions hystériques comme il a été le cas. L’aseptisation de la vie politique et le manque cruel d’élévation du niveau de rigueur dans le débat scientifique comme politique ne devraient pas générer une certaine forme de « bashing » vis-à-vis de ceux qui ne pensent pas comme eux.
Quant à l’idée du « big pharma », nous avions tout de même énoncé dans notre propre texte une critique vis-à-vis de l’industrie pharmaceutique : « les laboratoires sont des entreprises comme les autres et leur objectif consiste à générer des bénéfices ». Dans un article datant du 13 février 2021, nous écrivions que : « Le seul bémol réside dans la question des différents brevets déposés par les laboratoires. Le caractère lucratif devient fondamental pour ces entreprises pharmaceutiques »[13]Cf. https://bit.ly/3rsbflt.
À propos du lien entre l’élevage et les différentes pathologies tout comme le réchauffement climatique, il n’y a guère d’approfondissement de ce sujet. Pourtant la déforestation pour agrandir les fermes industrielles augmente la rediffusion des pathologies. En effet, il aurait été intéressant d’y avoir quelques remarques à ce sujet au sein de sa chanson [14]Jones KE, Patel NG, Levy MA, Storeygard A, Balk D, Gittleman JL, Daszak P. Global trends in emerging infectious diseases. Nature. 2008 Feb 21;451(7181):990-3. doi: 10.1038/nature06536. PMID: … Continue reading.
Finalement, ce n’est pas un débat d’idées, mais une confrontation entre la science d’une part et la croyance d’autre part.
References
↑1 | Cf. http://hdl.handle.net/2078.1/thesis:16354 |
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↑2 | Olivier Leclerc. La distinction entre ’la preuve en droit’ et la ’preuve en science’ est-elle pertinente ?. E. Truilhé-Marengo. Preuve scientifique, preuve juridique, Larcier, pp.55-77, 2012, Droit des tech#nologies. ffhalshs-00656191f |
↑3 | La rédaction d’Allodocteurs.fr, Vaccination : des mouvements religieux à l’origine de la méfiance anti-vaccins, France Info, 3 mai 2018, [En ligne], consulté le 27 mars 2021 |
↑4 | Alexander Hapfelmeier, Christiane Gasperi, Ewan Donnachie, Bernhard Hemmer, A large case-control study on vaccination as risk factor for multiple sclerosis, Neurology, Aug 2019, 93 (9) e908-e916; DOI: 10.1212/WNL.0000000000008012 |
↑5 | Andrew J. Wakefield, Simon H. Murch, Andrew Anthony, J. Linnell, David H. Casson, Mohsin Malik, Marc Berelowitz, Amar P. Dhillon, Michael A. Thomson, P. Harvey, Alan Valentine, Susan E. Davies et John A. Walker-Smith, « RETRACTED : Ileal-lymphoid-nodular hyperplasia, non-specific colitis, and pervasive developmental disorder in children », The Lancet, vol. 351, 28 février 1998, p. 637–641 (ISSN 0140-6736 et 1474-547X, DOI 10.1016/s0140-6736(97)11096-0, lire en ligne [archive], consulté le 27 mars 2021). |
↑6 | Peter Bearman, « Just-so Stories: Vaccines, Autism, and the Single-bullet Disorder », Social Psychology Quarterly, vol. 73, no 2, 1er juin 2010, p. 112–115 (ISSN 0190-2725, DOI 10.1177/0190272510371672 |
↑7 | Whitehead, Martin; Taylor, Niall; Gough, Alex; Chambers, Danny; Jessop, Mike; et al..The Veterinary Record; London Vol. 184, N° 24, (Jun 15, 2019): 744. DOI:10.1136/vr.l4027 |
↑8 | Anne KUPIEC, « La construction de la vérité scientifique », Bulletin des bibliothèques de France (BBF), 2006, n° 3, p. 93-94. En ligne : https://bbf.enssib.fr/consulter/bbf-2006-03-0093-004 ISSN 1292-8399. |
↑9 | Ntagteverenis, Paschalis. « Construction scientifique et construction quotidienne. La dimension syntactique du savoir commun et la question de l’objectivité », Sociétés, vol. no 89, no. 3, 2005, pp. 83-97. |
↑10 | Erwan Sommerer, Jean Zaganiaris. L’obscurantisme. Formes anciennes et nouvelles d’une notion controversée. L’Harmattan, pp.280, 2010. ⟨halshs-00506985⟩ |
↑11 | Cf. https://www.legifrance.gouv.fr/loda/id/JORFTEXT000000508749/ |
↑12 | Dans le cadre du webzine de “Révolution et Libertés”, un droit de réponse aurait pu être accordé en vertu de l’alinéa 1 de l’article 13 de la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse |
↑13 | Cf. https://bit.ly/3rsbflt |
↑14 | Jones KE, Patel NG, Levy MA, Storeygard A, Balk D, Gittleman JL, Daszak P. Global trends in emerging infectious diseases. Nature. 2008 Feb 21;451(7181):990-3. doi: 10.1038/nature06536. PMID: 18288193; PMCID: PMC5960580. |