Erdogan menace d’interdire le HDP

Avant-hier, la décision d’un procureur réclamant l’interdiction du HDP pour “activités terroristes” a tourné clairement à un “putsch politique”. En effet, le HDP est persécuté parce qu’il est le seul parti “pro-kurde” et “démocratique”.

Une Turquie au visage Ottoman

Il ne se passe pas un seul jour sans que la “démocrature” turque se révèle toujours un peu plus au grand public. La volonté d’Erdogan d’interdire de façon pure et dure le HDP s’inscrit dans la lente dérive vers la dictature (même si dans les faits, la Turquie est déjà une dictature). Arrestation après arrestation, le sort de celui qui voulait réinstaurer l’empire Ottoman commence sérieusement à peser sur la gestion du pays. Les citoyens y étouffent d’être surveillés sans cesse. Dans les prisons overbookées se trouvent un autre espoir. Celui d’une démocratie moderne protégeant les minorités.

Avant-hier, la décision d’un procureur réclamant l’interdiction du HDP pour “activités terroristes” a tourné clairement à un “putsch politique”. Ce dernier a envoyé un acte d’accusation à la cour constitutionnelle turque afin de demander l’ouverture d’un procès. En effet, le HDP est accusé d’être proche du PKK, une organisation qu’Ankara qualifie de “terroriste”. La question d’être une vitrine du PKK est une affirmation autant soutenue par le MHP et l’AKP.

Peu de temps après le coup d’Etat, Erdogan a vidé les prisons des détenus islamistes. Une question de logique puisqu’Erdogan est un islamiste. Il fallait laisser de la place pour les détenus politiques afin de réprimer toute opposition. Ainsi, les Kurdes sont particulièrement dans le viseur dans ce nationalisme religieux. En effet, les Kurdes sont une minorité divisée entre quatre pays : la Turquie, la Syrie, l’Irak et l’Iran. 

Erdogan a beau mettre en avant qu’il défend les minorités musulmanes même s’il a une alliance très forte avec la Chine qui commet un génocide contre les Ouïghours : une minorité musulmane en Chine. Le néo-ottomanisme n’est plus à une contradiction prête. Dans le même temps, nous avons assisté dernièrement à un large soutien à un allié traditionnel : l’Azerbaïdjan dans sa guerre vis-à-vis de l’Arménie. Le néo-ottomanisme ne se contente pas de soutenir les génocides, il y participe avec force et détermination.

Les conséquences désastreuses d’une interdiction du HDP

L’interdiction du HDP renverrait une image encore plus désastreuse pour la Turquie et notamment renforcerait le pouvoir d’Erdogan. En effet, le HDP est le seul parti “réellement” d’opposition à la dictature néo-ottomane. Cela se traduirait également par une asphyxie des derniers rouages (du moins ce qu’il en reste) de la démocratie turque.

Au même moment, la jeunesse se soulève face à un régime étouffant les aspirations d’émancipation de cette dernière. De ce fait, il convient de souligner que le nationalisme religieux d’Erdogan intervient dans un effondrement de son système. En effet, l’inflation devient de plus en plus ingérable avec une augmentation des prix sur les produits de premières nécessités astronomiques.

L’instrumentalisation d’une Justice sous les ordres de l’AKP et du MHP réside dans le fait de construire une Turquie avec un parti unique. La fusion entre le nationalisme religieux et l’ultranationalisme turc s’inscrit dans une volonté de bâillonner toutes les formes d’opposition. Ainsi, le HDP a besoin d’un large soutien à l’international afin d’étouffer économiquement les soutiens à l’islamisme turc. En effet, la communauté internationale possède des leviers pour stopper de façon radicale la politique du sultan sans se laisser prendre dans un chantage sur la question des réfugiés comme c’est régulièrement le cas.

 

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