Syrie : une plainte déposée à Paris

La Syrie et sa révolution s’enclenchent dans un processus judiciaire de fond. Une plainte pour crimes contre l’Humanité a été déposée à Paris.

Les attaques chimiques de Bachar Al-Assad

Le Centre syrien pour les médias et la liberté d’expression (SCM), Open Society Justice Initiative (OSJI) et Syrian Archive ont déposé plainte le 1er février.

Selon mes confrères de Libération (02/03/2021):

Elle vise deux séries d’attaques commises dans la banlieue de Damas, l’une à Adra et Douma, le 5 août 2013, l’autre dans la Ghouta orientale, le 21 août 2013.

La plainte déposée auprès de la doyenne des juges d’instruction va devoir s’attacher à savoir si la plainte est recevable, notamment dans le cadre de la compétence juridique extra-territoriale en matière de “crimes contre l’Humanité”. Elle sera confiée en toute vraisemblance à un pôle spécialisé dans les crimes de guerre et contre l’Humanité du Tribunal Judiciaire de Paris.

En effet, lors des deux attaques mentionnées ci-dessus, près de 1400 personnes avaient perdu la vie dans les attaques au gaz sarin. Dans l’optique de l’enquête, il s’agit de mettre à plat le fonctionnement du Bacharisme. Mais cette dernière doit résonner avec le jugement du procès de Coblence. Tous les dictateurs doivent se retrouver tétaniser face à de nouveaux “tribunaux de Nuremberg” moderne.

La stratégie judiciaire consiste à resserrer l’étau autour du clan de Bachar Al-Assad, mais aussi des hauts dignitaires syriens.

Juger le “bacharisme” : une nécessité

Dix ans après le début de la révolution syrienne, le goût de l’espoir reste particulièrement amer pour ceux qui ont cru dans un changement du régime. Le “bacharisme” s’inscrit dans la continuité des régimes totalitaires et dictatoriaux. En soufflant sur les braises de l’islam radical dès le début de la révolte tout comme l’ouverture des prisons des djihadistes, la volonté de corrompre la révolte s’avérait être une piètre réponse. Mieux libérer pour mieux réprimer comme son père Hafez Al-Assad l’a réalisé à Hama en 1982. “Tel père, tel fils” comme dit le dicton. Or, le régime de Bachar Al-Assad s’est occupé de réprimer et de faire la guerre sur l’ensemble de son territoire afin d’écraser toutes formes de révolte. Toutefois, sur le ban des accusés le régime de Vladimir Poutine prend une place très importante dans l’orchestration de la guerre civile et la défense de son “protégé”.

On n’oublie pas non plus le massacre d’Alep. En effet, alors que les rebelles tenaient une partie de la ville, l’aviation syrienne et russe a bombardé la zone rebelle. La Syrie bascula dans un “remake” du massacre d’Hama. La campagne internationale “Save Alepo” n’y a rien fait. La Tyrannie en Syrie continue de sévir à travers une répression s’inspirant du nazisme à travers les méthodes d’Alois Brunner. Le régime “bachariste” a fait parlé de lui, notamment dans la prison de Saidnaya où la torture est légion et les exécutions sommaires devenues une routine pour écraser les rebelles.

La Syrie démocratique continuera à être un projet défendu par la diaspora syrienne. Ainsi, le rêve d’une utopie se concrétisera lorsque le régime s’effondra sur lui-même. En effet, il ne tient que par les milices iraniennes et l’armée russe. Autant dire que la Syrie est devenue une colonie russe et iranienne.

La Turquie et les désirs ottomans d’Erdogan

Recep Tayyip Erdogan s’est fait la promotion et la réputation de défendre les musulmans persécutés dans le monde (sauf pour les Ouïghours au nom des intérêts économiques avec la Chine). Le pays a lancé une opération d’invasion de la Syrie pour se débarrasser des forces kurdes présentes sur les territoires syriens qu’ils considèrent comme des terroristes. Dans le même temps, la Turquie d’Erdogan soutient et arme les milices djihadistes afin d’appliquer la “loi islamique” dans les zones qu’elle a conquise.

Dans le cadre des attaques chimiques, Erdogan et consorts ont manifesté leurs désapprobations concernant des méthodes de guerre non-conventionnelle, mais dans la guerre ethnique que le pouvoir d’Ankara mène contre les Kurdes en Turquie, en Syrie, et même en Irak, les méthodes apparaissent douteuses. La politique de la terre brûlée apparaît comme une ancienne méthode utilisée pour persécuter les minorités ethniques. Ainsi, les villes libérées de Daesh reprisent par les milices djihadistes affiliées à la Turquie replongent dans l’enfer de la “Charia”. Dans ces conditions, le régime islamo-conservateur n’a qu’un pas qui le sépare de Daesh. Le projet de mener une “Grande Turquie” avec des colonies en avant-post permettrait de faire bouger la frontière entre la Syrie et la Turquie.

Toutefois, le régime d’Erdogan subit une cruelle inflation sur les biens de premières nécessités et génèrent une colère intérieure. La chute du régime du Sultan apparaît proche.

Israël : pays voisin menacé par la guerre civile

Dans ce contexte, Israël pays voisin a raison de prendre au sérieux la guerre civile en Syrie, non pas en raison de l’afflux des réfugiés puisque ces derniers ont migré vers la Turquie, mais de la libération des djihadistes orchestrée par le pouvoir au début de la révolte. Ainsi, régulièrement, Tsahal bombarde la Syrie sur des positions stratégiques du régime ou de camps rebelles islamistes.

De plus, Israël occupe le plateau du Golan depuis 1981 dans le cadre d’une annexion. Dans la guerre israélo-syrienne, les deux pays sont toujours officiellement en guerre, malgré une ligne de cessez le feu. Dans ce contexte de tension supplémentaire, le fait que les milices iraniennes circulent librement dans les zones contrôlées par le forces loyalistes à Damas constituent une menace claire. En effet, le Hezbollah : organisation terroriste chiite pourrait recevoir de l’aide en matière d’armement et causer une nouvelle guerre entre Israël et le Liban. Or, le Moyen-Orient constitue une poudrière assez explosive pour ne pas rajouter de l’huile sur le feu

D’autant qu’Israël est soutenu militairement et financièrement par les États-Unis d’Amérique alors que de l’autre côté, la Syrie est soutenue par la Russie. Dans le cadre d’une nouvelle guerre froide, les relations restent tendues après chaque opération militaire de part et d’autres de la frontière.


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