Le déficit public atteindra finalement 10 % du PIB
Le déficit public atteindra cette année près de 10% du PIB, du jamais-vu sous la Cinquième République, ni sous les précédentes. Prévu jusqu’à 11,3% du PIB, les apprentis-sorciers ont joué avec le feu, mais maintenant il n’est plus maîtrisable.
Un déficit public lié à une politique de relance “patronale”
Keynes décéda en 1946. Il ne put voir la politique Keynésienne à l’œuvre dans le “Monde Libre” pour reconstruire des pays que la Seconde Guerre Mondiale avait ravagé. Son idée résidait dans le coefficient multiplicateur budgétaire : le budget de l’État pouvait relancer la croissance de la richesse. Emmanuel Macron et Jean Castex appliquent un Keynésianisme de droite en créant un “plan de relance patronale”. De ce fait, le déficit public qui devait se situer aux l’entour de 2% du PIB se retrouve à près de 10%. Le robinet de la dette publique coule à plein régime. Le sort de cette dernière est bien ficelé puisqu’il faudra rembourser tôt ou tard : les sommes empruntées.
La politique contracyclique a le mérite d’être calculée sur le fait qu’elle s’équilibre lorsque l’économie est en phase d’expansion avec la création d’un solde primaire rapide et dynamique. Les vannes de l’inflation que certains redoutent en y voyant un outil indomptable peut s’avérer efficace pour rembourser la dette rapidement. En effet, le remboursement de la dette par l’inflation permet de créer une augmentation substantielle des prix et génère en ricoché une hausse des recettes fiscales. Le pari qu’entreprennent les différents gouvernements des pays occidentaux s’avère particulièrement audacieux. On ne pourra voir les effets de ces dernières que sur les cinq prochaines années, le temps que la relance budgétaire fasse son plein effet.
Pourtant, le gouvernement devra accélérer le déploiement du coefficient multiplicateur sur l’ensemble du territoire durant l’année et demie qu’il lui reste à tenir afin de démontrer l’efficacité de sa politique. De ce fait, les réformes structurelles devront s’accélérer afin de soutenir économiquement l’économie autour d’une politique keynésienne, même si elle est de droite.
Vaincre la pandémie a un prix : le déficit public
Toutefois, la priorité avant de traiter la question du déficit réside dans le fait de sortir de la pandémie à travers la vaccination et la mise au point de protocoles permettant de soigner les personnes malades. À ce jour, le plateau épidémique reste trop élevé. De ce fait, il n’y aura pas de “boom économique” sans la victoire totale contre la pandémie. Les différentes hypothèses de reprise économique restent tout de même soumises à différentes variables que les économistes ne maîtrisent pas : l’apparition des variants.
En même temps, il faudra apprendre à patienter pour une politique sanitaire tant au niveau macro qu’au niveau micro. Ainsi, le déficit permet pour le moment de mettre un pansement sur les plaies. Mais, lorsque le pansement sera retiré, il faudra bien s’assurer que les plaies auront été cicatrisées. Dans le cas où ces dernières ne seraient pas encore pleinement guéries, l’apparition d’une nouvelle hémorragie est à prévoir. Ainsi, le déficit public peut sur un court terme être une réponse, mais sur le long terme des politiques structurelles s’imposent. Elles ne concerneront pas l’Hôpital public, mais l’ensemble de l’économie. En effet, elle devra s’adapter rapidement aux nouvelles contraintes sanitaires. Ainsi, l’économie vivra au rythme des crises sanitaires. Le SARS CoV-2 n’est en réalité qu’une entrée en matière pour montrer que le XXIe siècle sera le siècle des pandémies.
Le monde impitoyable de la concurrence entre les entreprises laisse place à celles qui s’adapteront rapidement aux nouvelles normes, mais aussi aux nouveaux enjeux. Toutefois, le déficit public a certes été utilisé lors de la COVID-19, mais d’autres pathologies risquent de provoquer des situations similaires. Sans un arrêt global de la consommation d’aliments carnés, les épidémies continueront de progresser. La question de recourir au déficit public à chaque fois n’est pas une solution en soi. De ce fait, de petits partis politiques comme le Parti Animaliste proposent des solutions locales pour un problème global.
Vers un retour rapide du déficit public en dessous de 3% ?
Le Pacte de Stabilité et de la Croissance tout comme le Traité de Maastricht prédise dans sa version de 2008 (c’est-à-dire avant la pandémie) de limiter le déficit public en dessous de 3% du PIB. Si, la Commission Européenne a fini par lâcher le dogme de “la règle d’or”, il n’en reste pas moins qu’elle est temporaire. Il faudra rapidement que les effets du coefficient multiplicateur fassent leurs effets afin de générer un “boom économique” au sein des pays qui ont adopté ce modèle. La question de la dette publique mérite d’être prise au sérieux. En effet, si les taux d’emprunts restent faibles, une remontée du taux directeur des banques centrales pour limiter l’inflation engendrera une réduction de l’inflation et nécessitera un retour à la rigueur budgétaire.
La question de l’annulation de la dette a été balayée d’un revers d’une main par Christine Lagarde. Autant dire que malgré l’appel des économistes visant à une restructuration de cette dernière, l’appel est resté lettre morte comme une fin de non-recevoir. La barre des 3% paraît tellement loin que le plafond d’une dette qui doit être en dessous de 160% du PIB va vite être atteint. Les différentes mesures de relance budgétaire se doivent d’être extraordinaires et ne pas s’intégrer dans la durée. En effet, la nécessité d’un “boom économique” comme sous les “Trente Glorieuses” qui dure dans la durée dopée par les nouvelles technologies et le big data peut surgir là où on ne l’attend pas. Mais ce modèle se basait essentiellement sur un keynésianisme pur et dure.