Entre le Venezuela et l’UE : le divorce

Le Venezuela de Nicolas Maduro a donné 72 heures à l’ambassadrice de l’Union Européenne pour quitter le territoire vénézuélien. Cela fait suite à une nouvelle salve de sanctions économiques contre les dirigeants du pays, notamment les hauts-fonctionnaires.

Le Venezuela plongé dans une crise démocratique

Le Venezuela est plongé depuis 2019 dans un conflit démocratique. Les résultats des élections présidentielles ont été remis en cause par l’opposition. Dans un long conflit remontant aux années à la fin des années 1990, l’opposition a su saisir une certaine opportunité au travers de l’Assemblée Nationale. Ainsi, l’opposition a organisé un scrutin indirect pour voter le président de la République par intérim. Le 23 janvier 2019, Juan Guaidó s’autoproclame “président en exercice”. Dans ce processus loin de toutes dimensions démocratiques, une cinquantaine d’États reconnaissent (dont le club de Lima), le président de la chambre monocaméral comme seul et unique président de la République Bolivarienne. Ainsi, le Venezuela devient un cerbère : deux présidents pour une même république.

Le conflit continue de perdurer entre la majorité et l’opposition. Les deux parties se réclament du peuple. Toutefois, l’Histoire du Venezuela démontre une ingérence entre l’opposition et les pays occidentaux. De ce fait, Juan Guaidó a les relations avec les États-Unis comme celle de Trump avec la Russie durant la campagne de 2016. Dans un contexte tendancieux, les accusations de putsch ou de déstabilisation de la République Bolivarienne restent tout de même fondées sur des éléments concrets.

L’après Hugo Chavez demeure critique. En effet, la stratégie mise sur pied par Juan Guaidó aboutie à des sanctions internationales. Dans le cadre de l’Union Européenne, une nouvelle salve de sanctions économiques pour assécher un pays en grande difficulté ne fera pas reculer Nicolas Maduro. Dans ces sanctions, les conséquences risquent de radicaliser une partie de l’opposition sans possibilité d’une réussite.

Le Venezuela a besoin d’une réconciliation entre la majorité et l’opposition sur la base de pourparlers afin de sortir de la crise politique comme économique par le haut et d’affronter les grands défis comme celui de l’hyperinflation.

Sous la crise démocratique … une crise économique

Le Venezuela dispose d’une réserve de pétrole pharamineuse. Elle est l’une de ses premières rentrées recettes au niveau du budget de l’État. Les politiques sociales se sont réalisées en fonction du prix du baril de pétrole. Dans le même temps, cela permettait de créer une masse monétaire avec une certaine rigueur puisque la production du nombre de barils est fixée par l’OPEP. Or, l’une des erreurs d’Hugo Chavez n’est pas tant d’avoir réalisé une politique sociale nécessaire et justifiable. La République Bolivarienne n’a pas su tirer des recettes du pétrole comme l’occasion de diversifier son économie, mais aussi de réaliser des investissements productifs. Le mythe de la cigale et la fourmi de Jean de la Fontaine aurait permis à l’administration chaviste de mieux gérer les recettes fiscales lorsque le prix du baril était très élevé.

Avec une économie largement étatique, le Chavisme démontre que le “capitalisme d’État” ne fonctionne pas mieux que le “capitalisme libéral”. De ce fait, le Chavisme se trouve face à une crise de fond. La crise économique nécessite un tournant de libéralisation de l’économie afin de générer une bouffée d’air pour l’économie, mais aussi d’utiliser les recettes générées pour améliorer la productivité et la compétitivité du pays. Dans ce sens, les nouvelles recettes fiscales pourront permettre de créer une politique sociale.

La catastrophe de la diplomatie de l’Union Européenne

La diplomatie de l’Union Européenne vis-à-vis du Venezuela s’inscrit dans une approche d’asphyxie des revenues des dirigeants vénézuéliens. Dans ce contexte, il apparaît clairement que l’objectif ne réside pas dans le fait de rétablir ou non la démocratie au Venezuela, mais de faire partir Nicolas Maduro du pouvoir. Actuellement, le pays subit une catastrophe humanitaire et démographique. L’une des raisons reste l’exil entamé par plus d’un million d’habitants pour trouver une vie meilleure ailleurs. De ce fait, les sanctions économiques et diplomatiques ne permettent pas d’enrayer une spirale infernale dans laquelle se trouve la République Bolivarienne. Par ailleurs, le rôle de l’Union Européenne dépasse largement le cadre de son mandat. Pour l’Union Européenne, il s’agit de donner des gages à Juan Guaidó. Toutefois, cela ne résout pas la crise économique et monétaire.

Cependant, un “fédéralisme démocratique” se traduit par des décisions économiques émanant d’un vote des parlementaires. Cela se traduit par des directives. Or, dans le cas présent, la décision a été prise au travers de l’unanimité des ministres des Affaires étrangères. Il est vrai que les ministres représentent d’une certaine manière la position électorale des différents pays. Mais la politique nationale n’est pas la politique européenne. Sur le fond, les sanctions ne feront pas avancer la situation avec la fin d’une crise démocratique. La réaction de Caracas s’avère proportionnée par rapport à une situation de plus en plus critique. Il s’avère que la diplomatie européenne subit les conséquences d’un amateurisme. 

La rupture des relations diplomatiques entre l’Union Européenne et le Venezuela peut se révéler au grand jour comme les marques d’un manque de démocratie. Dès lors, l’Union Européenne mérite d’être exemplaire autant au point de vue de l’Union que de ses États membres.

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