Le taux directeur qui chamboulera les marchés
Le relèvement du taux directeur des banques centrales trouve sa réponse dans la lutte contre l’augmentation de l’inflation. Ensuite, la croissance progressive des prix est vue comme une crainte pour les gouvernements et les banques centrales.
Le relèvement du taux directeur face à l’inflation
Au sein de la zone euro, le taux directeur est nul. Dès lors, son objectif s’inscrivait dans la relance de l’inflation et la baisse du chômage. Une partie des efforts réalisés par la banque centrale européenne en matière de politique monétaire fut efficace. L’assouplissement quantitatif de plusieurs milliers de milliards d’euros afin de racheter une partie des titres de dette publique sur les marchés s’est soldé par des emprunts où le taux reste faible.
Dans le modèle néolibéral, l’inflation est vue comme une menace structurelle pour les économies. Au moment où la population commence à se faire vacciner au sein de l’Union Européenne, la reprise économique interviendra à moyen terme. Les politiques de relance à travers l’offrande vont augmenter la masse monétaire en circulation. Dans ce cadre, le relèvement du taux directeur aura un impact significatif pour les emprunts des particuliers comme des entreprises. Une hausse mécanique du taux directeur se traduit par une volonté d’assainir l’économie.
La théorie néoclassique prédispose d’une certaine manière des efforts structurels au travers d’une politique monétaire indépendante du Parlement. Les deux chambres du Parlement se retrouvent face à un mur où la question de l’endettement public nécessite une résolution rapide. Elle doit être résolue par la rigueur budgétaire. Pourtant, après près de quarante ans de rigueur et de libéralisation progressive s’est traduite par le Système Monétaire Européen puis l’Euro. Dans ce contexte, le gouvernement a choisi une politique massive d’endettement public juste avant la hausse des taux. Le sauvetage de l’économie par tous les leviers que le gouvernement et le Parlement disposent, ont été actionnés. Toutefois, il s’agit d’un sauvetage du néolibéralisme et non de la République sociale.
L’assainissement financier par la politique monétaire
Le modèle NAIRU permet d’éviter toutes politiques inflationnistes pour faire baisser le chômage. Ainsi, il l’assainissement financier permet de créer une croissance structurellement soutenable et indépendante de la politique monétaire. À travers ce choix monétaire de lutter contre l’inflation, les libéraux orthodoxes souhaitent construire un modèle soutenable dans le temps. De ce fait, la vision qui se développe tend à accroître les politiques de rigueur budgétaire tout en libérant le “marché” de ses chaînes. La croissance ne résulte plus d’un ensemble pas d’une politique monétaire favorable comme nous l’avons eu ces dernières années pour faire barrage à la déflation. Ainsi, la Commission Européenne se positionnera en faveur de mesures législatives allant toujours plus loin dans le sens du marché afin de créer des réformes structurelles générant un “choc de l’offre”.
Le monétarisme tel qu’il est conçu poursuit progressivement son bonhomme de chemin. Il freine des quatre pieds pour éviter toute inflation même minime. Les marchés et les bourses retiennent leur souffle. En effet, lorsque le taux directeur de la FED et/ou de la BCE, les marchés subiront un krach. Par ailleurs, les entreprises et les actionnaires ont à perdre de l’instabilité générée par le monétarisme. L’incertitude et la volatilité des actions en ce moment font craindre à une baisse du rendement. Or, les investisseurs cherchent un rendement élevé. L’accroissement de la richesse risque de diminuer. Dans une période de crise économique et sanitaire, il s’agit d’une “stratégie suicidaire”. Cela interroge également la question de l’indépendance de la banque centrale vis-à-vis du Parlement Européen.
Face au relèvement des emprunts : le Crowdfunding
Le relèvement du taux directeur risque d’assainir le crédit avec une augmentation du taux d’emprunt. Les particuliers et les entreprises payeront le revers du relèvement du taux directeur. Au sein du capitalisme et d’autant plus au sein du néolibéralisme, le crédit est un vecteur au développement de l’économie. La question de la spéculation sur l’inflation risque de conduire d’une hausse des coûts bancaires mettant un coup de frein concernant l’investissement. Dans un contexte de crise économique, le levier monétaire devient fondamental. En se privant d’un tel outil, les banques centrales des pays occidentaux vont aller à contresens de la nécessité de persévérer dans l’assouplissement quantitatif.
Dès lors, une alternative en ce qu’il concerne les emprunts s’inscrira dans la sollicitation de l’épargne lié à la crise sanitaire. Le Crowdfunding apparaît comme une solution permettant aux investisseurs privés de soutenir les projets du futur. Dans ce contexte, l’épargne laissée sur le livret A peut permettre de se transformer dans une relance de l’investissement en misant sur un rendement supérieur à celui de l’épargne. Le changement vers une économie collaborative en même temps qu’une libéralisation crescendo de l’économie apparaît comme un paradoxe.
Les appels à des levers de fonds pour augmenter le capital des entreprises ne se réalisent plus sur les marchés, mais sur des plateformes adaptées par rapport à la demande et à l’offre. Dans la “Start-Up Française”, il semble nécessaire d’adapter la législation au niveau des nouvelles formes d’investissement. D’une part pour les entreprises ou les associations, cela permet d’accroître l’expansion vers d’autres marchés et d’autre part cela permet de rapprocher les investisseurs des salariés. Toutefois, il ne faut pas croire que les rendements seront faramineux. Selon l’AMF, le taux de rendement moyen se situe à 2,6% par an.