La fermeture des frontières nationales : une défaite pour l’Union Européenne
La coordination à l’échelle supranationale devient fondamentale pour sortir de ce guêpier. À l’heure actuelle, le chacun chez soi ne semble guère s’avérer être une stratégie opportune. La volonté de transformer l’Europe vers le fédéralisme laisse une harmonisation des stratégies comme seule finalité. La démonstration pourrait permettre renforcer l’Union Européenne, mais aussi de démontrer son efficacité. Or, nous sommes très loin e cette aventure. L’Allemagne, pays moteur de l’Union Européenne a fait le choix de fermer les frontières.
D’ores et déjà, l’extrême-droite française y voit une faille pour s’engouffrer et demander à son tour des frontières fermées à double tour. La gestion de cette crise sanitaire laisse apparaître l’amateurisme d’une Commission Européenne en pleine déroute. L’autonomie et la souveraineté nationale se renforcent progressivement. Pour qu’une Europe devienne fédérale comme fût le projet initié à travers la CECA, la question de la souveraineté des pays a laissé place à la souveraineté européenne. Les pays de l’Union Européenne ont le besoin fondamental d’apporter une réponse commune et simultanée. Sans quoi, l’Union Européenne et son projet initial risque de se retrouver avec des électeurs des différents pays qui estimeront que l’État est plus performant pour gérer les crises notamment sanitaires. Dans ce contexte, la montée de l’extrême-droite et de la droite extrême en Europe aboutirait à la solution de facilité pour gérer tous les problèmes : la sortie de l’Union Européenne. Les europhobes attendent avec impatience le moment où ils pourront argumenter que le seul rempart finalement vis-à-vis de toutes les menaces reste la nation.
Le fédéralisme proposé par l’Union Européenne risque de se retrouver face aux décisions d’un agglomérat de pays allant chacun selon sa propre direction. L’unification progressive peut faire trembler les souverainistes, mais la question de la citoyenneté européenne doit être mise au cœur du débat politique. Ainsi, peut-on avoir plusieurs citoyennetés ? Dans le cadre du fédéralisme intégral, une vision fédératrice se dégage. Toutefois, le fédéralisme tel qu’il est institué ne permet pas de soutenir une politique sanitaire claire à l’échelle européenne. Cette défaillance entraîne le résultat de voir l’État prendre à sa charge ce que l’Union d’États n’est pas capable de faire. Dans le cas, de l’Union Européenne actuelle, la vision néolibérale reste très contraignante et empêche une harmonisation entre les pays. La vague néoconservatrice et réactionnaire aboutie à des contradictions profondes. Cet esprit de concurrence génère une forme d’individualisme méthodologique. L’ensemble des politiques est tourné au niveau de l’individu et non au niveau du collectif. Ainsi, cet individualisme se met en marche au niveau européen au lieu de laisser place à une politique européenne holistique.
Le coronavirus et ses différents variants traversent les frontières qu’elles soient fermées ou ouvertes. Le modèle utilisé reste le confinement allant de l’unité familiale jusqu’à celle d’un pays. Les frontières nationales suggèrent également une volonté d’un repli national pour permettre d’endiguer l’épidémie au niveau d’une zone délimitée. Pourtant, vague après vague, le virus continue de se déplacer et de faire tout un ensemble de victimes. La coordination d’une politique sanitaire globale doit s’affirmer comme étant un objectif à atteindre. Ainsi, la défaillance de la Commission Européenne laisse une porte ouverte au souverainisme et aux nationalistes.
La construction d’une autre Europe demeure fondamentale. Le souverainisme promet des jours difficiles lorsqu’il s’agit d’un repli identitaire. L’Union Européenne a besoin de changements radicaux pour se renouveler. La crise sanitaire permet d’apercevoir les failles d’une politique où la cacophonie et le désordre règnent en maître. Pourtant, l’une des missions de la Commission Européenne reste d’améliorer la santé des Européens et de faire face aux crises sanitaires. L’un des principaux objectifs n’a pas été tenu. L’Europe de la santé n’est pas pour tout de suite, ni pour demain sans qu’une réforme structurelle de l’Union Européenne soit mise sur pied rapidement.