Faut-il annuler la dette publique détenue par la BCE ?

L’enjeu de la dette publique détenue par la Banque Centrale Européenne devient primordial pour la stabilité de l’Union Européenne, mais aussi de la monnaie. Face à un endettement massif des différents pays pour générer un plan de relance à la hauteur de la crise globale que traverse chaque pays. La zone euro affronte aussi la valeur propre de sa monnaie afin de savoir s’il s’agit d’une monnaie solide ou d’une monnaie défaillante en cas de crise majeure ou bien une monnaie solide s’adaptant au contexte en s’appuyant sur une flexibilité et des idées novatrices pour réinventer l’Union Européenne. Dans le cadre présent, nous pourrions assister à une cohérence de fond au sein de la zone euro et embrayer la question d’une gestion des dettes communes puisqu’une partie de cette dernière est détenue par la même banque centrale. De telle sorte qu’une socialisation des dettes publiques passant du niveau national au niveau européen permettrait de renforcer le projet européen et la question du fédéralisme. L’espoir que doit générer l’Union Européenne se matérialise dans le renouveau de ses institutions et dans la souplesse tout comme l’adaptabilité des conditions actuelles.
L’effacement de la dette publique des pays membre de la zone euro permettrait de résoudre un problème majeur, mais cela se traduirait d’une certaine manière par le changement de la doxa néolibérale. Au moment où nous militions pour un effacement de la dette publique de la Grèce, dont une grande majorité avait été créée par les différents mémorandums, les partisans du dogme du marché nous expliquaient qu’il fallait réduire les budgets et tenir compte d’une rigueur budgétaire afin d’aboutir à un solde primaire. La petite république hellénique ne faisait pas vraiment le poids face à la Troïka, mais lorsqu’il s’agit d’idées qui émanent de grands économistes et que cela devient un débat macroéconomique de fond alors l’annulation de la dette pour laquelle, nous avions milité commence à prendre forme. Les dettes dans l’état actuel des choses ne sont pas remboursables. Il semble également nécessaire de rappeler qu’une grande partie de la dette est liée à la fraude fiscale des plus riches, la fraude des entreprises, et les différentes niches fiscales taillées pour les plus aisés. Autrement dit, il s’agit de politique ne servant pas l’intérêt général, mais l’intérêt d’une minorité qui n’a eu guère d’effets sur la croissance. Au contraire, ces politiques ont généré une baisse de la création de richesse à travers un assèchement du financement des aides sociales.
Et la politique économique actuelle ? Elle se résume à un compromis entre la politique de l’offre et la demande que certains économistes appellent politiques de l’offrande ne générera guère une reprise économique rapide de l’économie tant que la mobilisation des leviers économiques et monétaires ne sera pas actionnée. De ce fait, on peut se poser la question de l’intérêt d’une telle politique si nous savons d’ores et déjà qu’elle n’aboutira qu’à une reprise lente, mais surtout pas à un “boom économique”. La crise économique que nous traversons s’avère être à ce jour la “crise du siècle”. La financiarisation de l’économie et du passage de l’économie keynésienne à la synthèse néoclassique génère in extenso une dette publique ingérable et en croissance constante. La dette ne sert guère les investissements pour augmenter la productivité, la compétitivité et la valeur ajoutée, elle sert uniquement à éponger le transfert des dettes privées vers le public. Dès lors, la dette publique à long terme devient ingérable. Les différentes dettes dans la logique monétariste ambiante ne sont guère remboursables. Il faudra des siècles d’austérité et de rigueur pour arriver à ce qu’un pays puisse se sortir du piège infernal de la dette.
La question de la sortie de la sphère monétariste implique également de sortir du système du NAIRU. La question de la courbe de Phillips doit s’illustrer par le fait qu’en augmentant la circulation monétaire, nous pourrions à termes générer une croissance et une baisse du taux de chômage. Il semble nécessaire de laisser l’inflation prendre un léger envol afin de rembourser la dette plus rapidement. L’inflation par la demande nécessite une augmentation durable et tangible des revenus sur le temps. Le pari que les entreprises feraient en augmentant le salaire de leurs employés se traduirait par une augmentation de la consommation, des carnets de commandes, des investissements, et une baisse irrémédiable du chômage avec à la clef une création de richesse supplémentaire d’année en année. L’alternative devient dès lors une vision rassurante afin de recréer une économie prospère, mais aussi une sortie de crise rapide et une volonté à tout prix de retrouver un système économique plus stable et durable dans le temps.
Toutefois, la volonté de sauver le capitalisme par différents moyens ne se résument guère à une volonté défaitiste. Le capitalisme ne tient uniquement qu’à travers l’endettement et justement la question de la dette dans son modèle est une source pour permettre l’expansion d’une entreprise, mais à l’échelle d’un pays, il s’agit d’une économie. Une dette explosant sans cesse témoigne d’une société foncièrement malade. Pourtant, à l’heure d’aujourd’hui, il semble nécessaire de fédéraliser les dettes et de les annuler stricto sensu.