Prochaine crise économique pour 2019 – 2020 ?

La politique de l’offre sur l’hyper-production soulève de nombreuses questions. En effet, en augmentant sans cesse la production, nous sommes arrivés à une nouvelle crise économique représentant un effondrement de plus centaine de milliers de milliards de dollars. Un chiffre vertigineux en somme qui démontre le risque drastique pour l’ensemble des économies occidentales, mais aussi pour les pays émergents.

La Turquie est entrée en récession, l’Allemagne va entrer en récession et pour les États-Unis d’Amérique : les économistes planchent pour une récession pour la fin 2019 et l’année 2020. Dans le cadre des États-Unis d’Amérique, il s’agit avant tout de la guerre commerciale avec la Chine. De même, l’économie chinoise ralentie fortement. Autant dire que les voyants sont au rouge. Vous avez apprécié la crise de 2007-2008, vous en reprendrez encore une dose. Mais un paramètre change la donne : les politiques monétaires ont largement été utilisées par les banques centrales et les politiques de sauvetage en parallèle des politiques de l’offre ont créé une dette publique. Alors que le chômage de masse est toujours présent en Europe, il faudra s’attendre à des plans de rigueurs sociales d’une ampleur sans précédent. Puisque la récession entraînera immédiatement une hausse du chômage et par ailleurs une baisse de la croissance voir dans le pire des scénarios une forme de décroissance du taux de variation du PIB. Les libéraux trouvent une explication assez rationnelle pour justifier cela : le marché ne serait pas assez dérégulé. Pourtant, plus le marché est dérégulé, plus les cycles économiques sont courts et sont dévastateurs.



Karl Marx en parle déjà dans Le Capital

Les crises ne sont jamais que des solutions momentanées et violentes des contradictions existantes, des éruptions violentes qui rétablissent pour un moment l’équilibre troublé. (Le Capital, Livre III) [1]Philippe Gilles, « Les explications des cycles économiques dans « Le Capital » : un exemple de temporalités chez K. Marx », Œconomia [En ligne], 7-2 | 2017, mis en ligne le 01 juin … Continue reading

Or, dans le cadre d’une économie en récession, on a tendance à faire une politique de la demande afin de relancer l’économie basée sur un emprunt sur les marchés. Dans le cas actuel, cela pose un problème puisque le Quantitative ((L’assouplissement quantitatif  n’a pas permis de relancer la croissance et de résorber le chômage au sein de création d’emplois stables et de façon pérenne. Qu’est-ce qu’il se passera quand la Banque Centrale Européenne va supprimer son programme et relevé son taux directeur ? Cela va créer un ajustement boursier se traduisant par un Krach. Le taux directeur actuellement faible permet aux entreprises et aux particuliers d’emprunter à des taux extrêmement bas. Cela facilite l’emprunt et l’endettement privé.

Quand on considère les mouvements cycliques de l’industrie moderne -marché calme, animation croissante, prospérité, surproduction, krach, stagnation ; marché calme, etc. […] on s’aperçoit qu’un faible taux d’intérêt correspond le plus souvent aux périodes de prospérité ou de surprofits, qu’une hausse de l’intérêt s’inscrit à la fin de la prospérité et que l’intérêt maximum, allant jusqu’à l’usure, est le pendant de la crise […] Le taux d’intérêt atteint son maximum pendant les crises, quand, pour pouvoir payer, il faut emprunter coûte que coûte.

Pour le cas de la France, l’endettement privé représente plus de 135% du PIB. Pour les crédits à taux variable, cela représente un risque fondamental de voir le taux de ces crédits augmenter mettant en danger de nombreux ménages et de créer un certain défaut de paiement.

Dans les phases défavorables du cycle industriel, le taux d’intérêt peut atteindre un niveau tel que, pour un temps, il absorbe complètement le profit de certaines branches particulièrement mal placées. Il se produit en même temps une baisse des fonds publics et des autres valeurs mobilières. C’est le moment où les capitalistes financiers achètent en masse ces titres dépréciés qui ne tarderont pas à remonter à leur niveau normal, voire à le dépasser. A ce moment, ils les revendent et s’approprient ainsi une partie de l’argent du public. Les titres non vendus rapportent des intérêts parce qu’ils ont été achetés au-dessous de leurs prix. Mais tout le profit réalisé par les capitalistes financiers et reconverti en capital est converti d’abord en capital monétaire de prêt.

Cela rappelle étrangement la crise des subprimes. Le problème de l’endettement n’est pas l’endettement public, mais bien l’endettement privé. Un certain nombre de défauts de paiement peut pousser une banque à la banqueroute. Dans le cadre d’une économie globalisée, les banques se possèdent mutuellement. Or, la crise de 2007-2008 a largement marqué notre siècle. Beaucoup de citoyens refuseront les banques qui feront banqueroute. Ils auront raison : les banques sont responsables des près qu’elles accordent aux débiteurs. Elles doivent se responsabiliser lorsque le débiteur n’est plus à même de rembourser son crédit. Nous risquons de nous retrouver avec des fils d’attente devant les distributeurs. Sauf que les banques ne possèdent jamais l’ensemble des liquidités de l’ensemble des actifs sur les comptes bancaires des personnes. Cela va se générer par une crise de la liquidité et une intervention des banques centrales et des gouvernements qui vont limiter les retraits. Les banques vont s’écrouler les unes après les autres. Le rappel du Krach 1929 semble se profiler. Ce sont au moins une vingtaine d’année de dépression qui attende la France et l’ensemble des pays développés et non-développés. La stagflation n’est pas un mirage, mais bien une réalité.



Bien sûr que nous spéculons, mais on peut parler sérieusement d’une double décennie perdue. Toute personne faisant un tant soit peu de macroéconomie sait que la baisse des dépenses publiques entraîne inexorablement une baisse du PIB. Le multiplicateur budgétaire a un sens. Les réformes structurelles allant dans ce sens ne feront que précipiter la récession. Nous l’avons bien vu avec le cas de la Grèce où les politiques d’austérité ont créé trois effets notables : une baisse du PIB, une hausse de l’endettement public et une hausse du chômage. La pensée unique actuelle en matière d’économie produit les effets contraires auxquels elle aspire : croissance, remboursement de la dette et baisse du chômage. De même, la dette par le remboursement de l’excédent primaire prend un temps considérable contrairement au remboursement de la dette par inflation. Les monétaristes sont une vraie plaie pour les économies en période de crise. On pourrait dire Keynes sort de ce corps pour nous remettre un peu de macro-économie !

À ce moment, nous sommes désormais en mesure de poser la question de la collapsologie. Il existe de sérieux débats autour de ce terme. Pourtant, l’effondrement de la civilisation n’est pas forcément une chimère. Le capitalisme en tant que système politique, juridique et économique va s’effondrer sur ses propres contradictions. Les néolibéraux, les ultra-libéraux ou encore les libertariens risquent de découvrir une dystopie à leurs yeux : la fin du marché et de la concurrence libre et non-faussée.



References

References
1 Philippe Gilles, « Les explications des cycles économiques dans « Le Capital » : un exemple de temporalités chez K. Marx », Œconomia [En ligne], 7-2 | 2017, mis en ligne le 01 juin 2017, consulté le 23 juin 2019. URL : http://journals.openedition.org/oeconomia/2657 ; DOI : 10.4000/oeconomia.2657
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