Le peuple cubain valide la nouvelle constitution

En pleine crise du Venezuela et des différentes tentatives d’ingérence en Amérique Latine, Cuba continue de résister. Ce week-end, le peuple cubain a d’ailleurs adopté la nouvelle constitution à l’issue d’un référendum national mettant en avant la démocratie cubaine.

Le vote, qui a eu lieu le dimanche 24 février, a ainsi montré combien le peuple cubain est attaché à ses principes révolutionnaires. En adoptant la nouvelle constitution à 86,85 % des voix, il a ainsi validé un projet qui a fait l’objet d’âpres discussions des mois durant. Il s’agit aussi d’une certaine manière pour l’opposition de voter sur un texte majeur. Cette dernière a fait la campagne #YoVotoNo sur les réseaux sociaux. Une ironie lorsque l’on connait la transformation économique que cela impose. Mais, cela révèle également la toute nouvelle liberté des opposants au régime de Raùl Castro de pouvoir s’exprimer. On peut toutefois déplorer que, sur les réseaux sociaux, le régime cubain a cherché à endiguer les voix et le message de l’opposition en la censurant et en mettant en place sur les chaines de télévision et lesdits réseaux une vaste propagande #YoVotoSi.

Cette nouvelle constitution, remplace ainsi celle plus ancienne de 1976. Elle est plus complexe et s’adapte au défit du socialisme de Cuba pour le XXIe siècle afin de solidifier le modèle socialiste. À l’heure où, en France, on nous parle de « Grand débat national » avec une participation ridicule, et une omniprésence du chef de l’État, voici comment, à Cuba, s’est déroulé le processus démocratique de discussion du texte. C’est le peuple dans sa grande majorité qui y a participé, en y apportant des modifications, en proposant des choses, et en en rejetant d’autres. Les discussions ont eu lieu à partir des comités de quartiers, à l’échelle des villages, des villes. En tout, sur les 11 millions de Cubains, ce sont un peu plus de 7 millions d’entre eux qui ont participé au débat. Les nombreux amendements ont bien sûr changé le texte qui avait été proposé au peuple cubain, de sorte que les députés ont dû en discuter à nouveau, avant de soumettre, ce 24 février dernier, le texte final au peuple pour une approbation par référendum.

Le nouveau texte reconnaît l’ouverture partielle de l’économie cubaine s’inspirant d’une économie mixte comme au Vietnam afin d’attirer les capitaux étrangers et accroître la croissance de l’île. En effet, la croissance de l’île a été de 1,3 % pour l’année 2018. Face à un blocus américain qui dure depuis près de 60 ans, l’île doit, pour retrouver son dynamisme et se développer, attirer de nombreuses entreprises internationales. Elle reconnaît donc l’existence du marché avec ses tenants et ses aboutissants. Il y a désormais des entreprises qui pourront jongler entre l’offre et la demande. La main d’œuvre est extrêmement bien formée avec l’un des meilleurs systèmes éducatif au monde. Une qualité qui permet de rendre très productifs les travailleurs cubains. Cela permettra d’élever le niveau de vie des Cubains notamment en matière de salaires, ce qui se répercutera sur l’économie et a fortiori sur la croissance et le renforcement du socialisme. Toutefois, le retard technologique semble être une lacune. Le développement de la 3G dans l’île donne accès à internet aux Cubains, mais les tarifs restent très élevés par rapport aux salaires des Cubains. Au moment où la 5G commence à faire son apparition, l’investissement technologique dans les télécommunications semble être un atout majeur pour faire baisser le forfait actuel. De plus, cet investissement à l’aide des entreprises en partenariat participera au développement économique dont l’île à tant besoin. Pendant ce temps-là, en Europe, les forfaits internet sont passés sur la 4G avec des tarifs extrêmement bas. Cela pourrait permettre l’essor de l’économie en ligne. Dans le même temps, la nouvelle constitution reconnaît  la propriété privée, c’est-à-dire la propriété intellectuelle, les brevets, le domaine foncier, etc., tout en restant aux côtés de la propriété socialiste. Cela va dans le sens de la modernisation du modèle cubain mis en place par Raul Castro depuis 2010.

Toutefois, la constitution garantit le Parti communiste cubain comme le seul parti autorisé. Même si le processus démocratique n’est pas à remettre en question, le pluralisme des idées semble nécessaire. L’ouverture aux autres partis politiques auraient pu faire grandir davantage la démocratie cubaine tout en refusant les fonds de financement venant de l’étranger pour éviter toute ingérence, notamment des États-Unis d’Amérique. Toutefois, dans le cadre de l’embargo économique promulgué par les États-Unis d’Amérique, cela permet d’avoir une certaine stabilité sur le plan politique d’autant qu’une grande partie de la population comme le démontre le référendum est favorable à ce fonctionnement démocratique.

Au final, les critiques vis-à-vis de Cuba semblent obsolètes et ne prennent pas en compte le processus démocratique qui a permis le changement de constitution. De nombreux pays ferait mieux de s’en inspirer, notamment le gouvernement français. Ce dernier essaye d’amorcer un changement constitutionnel, mais sans débat démocratique au sein de la population. Ce sont seulement les législateurs qui débattent entre eux de ce qui est bon ou pas pour la population. Ces derniers nous imposent les différents traités européens alors que — faut-il le le rappeler ? — la France a rejeté par référendum en 2005 la constitution européenne qui s’est transformée en traité de Lisbonne quelques années plus tard.

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