Bientôt des drapeaux et la Marseillaise dans chaque classe

L’assemblée nationale a voté l’amendement du député Éric Ciotti dans la nuit du 11 au 12 février sur la Loi Blanquier. Le patriotisme d’Emmanuel Macron continue de faire son bout de chemin. Au moment où le Front national n’a jamais été aussi fort, le parti La République en Marche n’hésite plus à s’allier avec la « droite-extrême ». Cela poursuit le processus entamé avec l’adoption en première lecture de la Loi « anti-casseurs ».
Il s’agit d’une victoire pour le parti Les Républicains. Le drapeau français ne flottera plus uniquement au fronton de chaque établissement, mais dans toutes les classes, et cela de la maternelle au lycée avec l’inscription de la Marseillaise dans chacune des classes. La Marseillaise, dont le nom est trompeur, vient de Strasbourg et aurait dû se nommer la Strasbourgeoise. Les élèves, l’auraient-ils su ? Il faut laisser les historiens de la République — comme le fut Maurice Agulhon — faire ce travail puisqu’ils ont la connaissance et étudient la République, son histoire et l’évolution de la connotation de ses symboles.
La tentation du matraquage idéologique soulève de nombreuses questions. En effet sous des raisonnements de fraternité, d’unité de la nation et d’identité, il y a un risque d’une grande dérive où l’État basculerait de plus en plus dans l’autoritarisme. Il y a un risque d’endoctrinement des prochaines générations sous couvert de patriotisme. La question que l’on peut se poser concerne la forme du patriotisme : est-ce un patriotisme ouvert ou fermé ? Pour certains, il s’agira certainement d’une question futile alors qu’il s’agit d’une question de fond. La prochaine étape sera-t-elle la mise en place des uniformes durant toute la scolarité avec les couleurs : bleu-blanc-rouge ? Ensuite, les enseignants devront expliquer la notion du drapeau tricolore et de la Marseillaise sans tomber dans l’endoctrinement des nouvelles générations.
Éric Ciotti s’est félicité, car « le drapeau français est un repère qui doit être présent dans chaque classe de chaque école de France, il constitue une digue contre les fléaux qui nous menacent, notamment l’islamisme et l’antisémitisme ». Pourtant, le drapeau n’a jamais été autant présent que ce soit dans la manifestation ou sur la scène politique, notamment depuis la campagne des élections présidentielles, la Coupe du monde, etc. Pourtant, si ce drapeau a été brandi de nombreuses fois, il ne permet d’empêcher l’endoctrinement des djihadistes et encore moins qu’ils passent à l’acte. On l’a vu comme ce fut le cas à Strasbourg. Concernant l’antisémitisme, l’augmentation du nombre de drapeaux ne permet pas de diminuer ce fléau. Les solutions sont ailleurs, au-delà de la démagogie.