Juan Guaido menace le Venezuela d’une intervention militaire américaine
Juan Guaido, président de l’Assemblée nationale du Venezuela semble être prêt à tout pour prendre la présidence de la République bolivarienne. En effet, il a fait adopter au Parlement une décision pour faire «tout ce qui est nécessaire» pour que Nicolas Maduro lâche le pouvoir. Il semblerait qu’une intervention des États-Unis d’Amérique ne soit plus une option. Que l’on aime ou pas Maduro, la question de l’impérialisme américain et de la menace d’une guerre entre le Venezuela et les États-Unis d’Amérique risque de déboucher sur une guerre civile comme cela a été le cas en Irak.
Au lieu de discussion entre le pouvoir et l’opposition pour parvenir à un accord permettant de sortir le Venezuela par le haut, l’opposition choisit une voie très dangereuse qui est celle de l’intervention militaire. Le dialogue est dès lors rompu entre la majorité et l’opposition. Ce sont deux mondes différents qui s’affrontent, aux idées qui sont aux antipodes les unes des autres. Que faire pour que l’économie du Venezuela puisse sortir de la crise de l’hyperinflation et des problèmes de pénurie ? Il s’agit d’une question de fond. La relance étatique devrait diversifier l’économie du pays qui est ultra-dépendante du pétrole tant en devises qu’en matière de PIB. L’investissement productif pour augmenter le rendement de l’économie semble nécessaire, tout comme relever le taux de la banque centrale du Venezuela afin de diminuer au maximum l’inflation. Certes, cela aura un coût sur le chômage et l’investissement privé, mais une hyperinflation ne peut qu’aboutir à une situation dramatique où la devise perd de sa valeur. Il convient de créer une nouvelle monnaie comme l’avait fait François Mitterrand en changeant le Franc en nouveau Franc avec une dévaluation compétitive pour stimuler les exportations ce qui générerait des devises et ferait baisser l’inflation. Des solutions simples à mettre en place qui permettraient de garantir une stabilité. Si rien n’est fait, l’hyperinflation peut déboucher sur un régime fascisant comme ce fut le cas en Allemagne quand la République de Weimar s’est effondrée sous la force du NSDAP. Les citoyens risquent d’appeler de leurs vœux un pouvoir fort et déterminé. Alors que le Brésil et le Chili sont sous des régimes ultra-conservateurs et fascistes, la menace guette le Venezuela et les Vénézuéliens. En effet, l’extrême-droite et la droite se renforcent à travers la crise économique, bien qu’elles ne proposent rien pour faire face à cette crise. Il s’agit d’une logique national-populiste.
Le « jusqu’auboutisme » de l’opposition prêt à tout pour renverser Nicolas Maduro ne sert pas l’intérêt du peuple vénézuélien. Au contraire, plus le temps passe plus les menaces de guerre semblent se concrétiser. La vie des Vénézuéliens ne semble pas vraiment compter pour l’opposition. Les décisions ne vont pas dans le sens de l’apaisement, mais contribuent aussi à alimenter un climat de guerre civile. Juan Guaido est certes reconnu comme « président par intérim » par de nombreux pays, mais — sans l’appui de l’armée —, il ne possède aucun pouvoir réel et n’est qu’un pantin comme un autre. Il souhaite mettre en place de nouvelles élections présidentielles. La question va être de savoir comment lui et ses comparses vont les organiser alors qu’ils ne possèdent aucune administration. Le scrutin ne serait pas officiel. Toutefois, ils ont la possibilité de mettre en place un référendum révocatoire pour obliger Nicolas Maduro à la démission et pour lancer de nouvelles élections présidentielles dans la foulée. Une cohabitation à ce stade-là ne semble pas possible. En effet, dans un régime parlementaire, le chef de l’Assemblée législative est le Premier ministre. Il faudrait aussi dissoudre l’Assemblée nationale pour connaître les intentions de vote des Vénézuéliens avec des observateurs internationaux pour garantir le bon déroulement du scrutin. Évidemment, il faut que ce dernier se fasse à la proportionnelle stricte sinon cela n’aurait pas de sens.
Cet individualisme témoigne de la logique que Jean Guaido souhaite mettre en œuvre. Pour autant, nous ne connaissons toujours pas son programme. Toutefois, le néolibéralisme semble primer. La vague contre-révolutionnaire en Amérique latine se réalise par des « coups d’état » comme nous l’avons vu au Brésil avec l’incarcération de Lula et de la destitution de Dilma Rousseff. Le « groupe de Lima »largement conservateur soutient Juan Guaido. Ce n’est pas anodin. Les conservateurs se soutiennent mutuellement entre eux. De plus, sur la question démocratique, ce ne sont pas des références. On peut se poser des questions sur quelle démocratie veut Juan Guaido, puisqu’il confond le poste de Premier ministre et de celui de président de la République. La Turquie, pays autoritaire, a fusionné le poste de Premier ministre et de celui de président de la République pour renforcer le présidentialisme. Il s’agit d’une méthode qui permet d’octroyer les pleins pouvoirs au président de la République qui possède dès lors les pouvoirs exécutif et législatif. La séparation est pourtant la base démocratique. Juan Guaido n’en n’a que faire. De plus, il propose l’amnistie aux militaires qui se rangeraient à ses côtés s’accaparant aussi le pouvoir judiciaire. Autant dire que cela ne fait pas vraiment rêver.
L’intervention américaine au Venezuela risque de causer des dizaines voire des centaines de milliers de morts tout en faisant du Venezuela une « semi-colonie », prête à abandonner sa souveraineté au profit des États-Unis d’Amérique. Si Juan Guaido n’a aucun complexe avec l’impérialisme américain, il risque de trahir de nombreux Vénézuéliens au prix d’un véritable « bain de sang ». Cela n’est pas nécessaire et ne fera pas rebondir l’économie du Venezuela. Bien au contraire, une guerre risque de plonger l’économie du Venezuela dans une situation encore plus dramatique qu’elle l’est actuellement. L’instabilité ne peut que renforcer la crise économique à moins que le Venezuela ne se tourne vers une industrie de guerre pour relancer son économie. Au final, Juan Guaido n’est pas la solution aux problèmes des Vénézuéliens, mais plutôt un de leurs problèmes majeurs.