Le Brexit dans l’impasse
Avec l’échec de Salzbourg, où ils se sont réunis les 19 et 20 septembre, d’abord à vingt-huit, puis à vingt-sept, le Brexit va droit dans le mur. Les conservateurs risquent fort d’essuyer le feu des hard Brexiters du parti.
Chez les travaillistes, une motion de compromis devrait être votée aujourd’hui, prévoit de ne soutenir le «vote public» uniquement dans le cas où aucune élection législative anticipée ne serait déclenchée par Theresa May. Avec un épilogue toujours fixé au 29 mars 2019, date à laquelle la Grande-Bretagne devra avoir quitté l’Union européenne. Le temps passe, mais la flexibilité de l’Union Européenne et, «en même temps», de la rigidité de l’instance pousse le Brexit dans l’impasse et en face de ses propres contradictions.
Sortir de l’Union Européenne impose un véritable challenge. Les europhobes poussent à croire qu’il suffirait simplement d’appliquer «l’article 50» pour sortir de l’Union Européenne. Une fable donnant une impression que derrière le petit article, il serait facile en enclenchant le mécanisme de sortie alors que derrière se trouve des tractations intenses. En effet, la sortie de l’Union Européenne du Royaume-Uni nécessite un accord globale des vingt-sept états. Une complexité qui pousse tous les partisans de la sortie de l’Union Européenne face au mur. L’accord économique et politique se doit de trouver un terrain favorable «donnant-donnant» entre le Royaume-Uni et l’Union Européenne. En cas de désaccord, le Royaume-Uni se trouve dans la situation d’un «Hard-Brexit» où les frontières économiques laisseront peser une taxe sur les produits exportés vers l’Union Européenne. C’est comme si le Brexit créait de nouveau un protectionnisme de la part du Royaume-Uni.
Theresa May a beau pleurniché en affirmant qu’elle «attend un respect réciproque de la part des pays européens envers la Grande-Bretagne […] [Ils] ne peuvent pas retoquer une mesure sans expliquer pourquoi et doivent amener une contre-proposition». Le dialogue de sourds semble dès lors continuer. Angela Merkel a tout de même lancer un pavé dans la mare en énonçant que « nous avons six à huit semaines de travail particulièrement dur devant nous et à l’issue desquelles des décisions politiques doivent tomber. Cela dépend en grande partie bien sûr de ce que la Grande-Bretagne veut vraiment, et là ce n’est pas très clair »
Le Royaume-Uni effectue 47 % de ses exportations au sein de l’Union Européenne et en importe 51 % toujours de l’Union Européenne. Prendre la liberté de divorcer avec l’Union Européenne risque de pénaliser fortement l’import-export du pays avec une hausse des prix de l’importation pénalisant in fine les ménages britanniques. Quant aux exportations, elle risque de baisser du fait des nouvelles barrières économiques. La macroéconomie du Royaume-Uni risque de s’en retrouver perturbée. Sortir de l’Union Européenne entraîne des conséquences dramatiques.
Rien n’est perdu pour les Britanniques si un accord de libre-échange du type CETA que l’on pourrait nommer le «United-Kingdom – EU Free Trade Agreement» (UKEFTA). Dans les lignes du Brexit, penser la possibilité d’un accord semble tomber à l’eau au vu du calendrier à tenir. La solution, la plus probable serait de reculer la sortie du Royaume-Uni vers 2020 ou 2022 avec une sortie temporaire en 2019 et des discussions continuant pour obtenir un accord solide favorisant l’Union Européenne, mais aussi le Royaume-Uni.