Internationalisme et Mondialisme

Choisir entre la mondialisation d’une idée et l’internationalisme suggère de se confronter à l’idée que représente la «Nation» et ce qui en découle. Le courant «internationaliste» fondé par Karl Marx et Friedrich Engels fût mise en adéquation du fait que les nations étaient existante pour certaine et d’autre en friche, ou sur la voie de la reconnaissance.




L’internationalisme au défit de la mondialisation

Pourtant, ce courant brillant, qui unit les travailleurs du monde entier, se confronte à cette ligne invisible et imaginaire que représente «la frontière». Le monde change, les frontières ont laissé place à un «imaginaire collectif» réactionnaire de l’internationalisme.

N’est-ce pas par ironie que dans ce même terme se situe le mot «Nationalisme» ? En l’écrivant différemment «Inter-Nationalisme», nous aboutissons à l’horreur et le néant. Le repli identitaire pour mieux unir les nations s’inscrit dans la ligne Jauréssienne de ce que fût le «nationalisme républicain».

L’essayiste Frédéric Lordon affirme

que la plupart de ceux qui se réclament de l’internationalisme ne savent pas ce qu’ils disent. Le sauraient-ils, ils auraient commencé par remarquer que le mot même : internationalisme, ou pour mieux écrire : inter-nationalisme, désigne l’exact contraire de ce qu’ils croient dire : à savoir qu’il se passe quelque chose entre les nations… ergo qu’il y a des nations. [[Frédéric Lordon, Frédéric Lordon : « L’internationalisme réel, c’est l’organisation de la contagion », Ballast, n°3, Novembre 2015, [En Ligne] | URL : https://www.revue-ballast.fr/frederic-lordon-organiser-la-contagion/]]

La dialectique autour de la «mondialisation» et la «globalisation» font disparaître le sens même de la «nation» dans son ensemble et sa définition structurelle.



Une mondialisation conservatrice

Avec le système du libre-échange issu de «la Révolution Conservatrice» des années 1970, un autre terme est apparu, celui de «mondialisation». Sa vision primaire visait à abattre les frontières commerciales à travers la baisse du droit de douane et dans ce cas d’intensifier les échanges commerciaux entre les pays suivant la logique de Ricardo.

Malheureusement, «l’avantage comparatif» brise effectivement une partie des frontières, mais pousse les nations entre elles dans une concurrence féroce. D’où l’apparition d’un patriotisme économique et d’un nationalisme exacerbé. Le cas majeur reste le slogan de Donald Trump : «Make Our America Great Again» mettant en place une politique irrationnelle en matière d’ultralibéralisme à l’intérieur du pays, mais focalisation une politique libérale à la carte avec la mise en place d’un protectionnisme ciblé. Dès lors de nombreux opportunistes y voient la main-mise d’un protectionnisme intégrale avec la remise en place des frontières économiques. Or, ce n’est pas ce qu’il se passe. Les frontières économiques sont remises en place pour favoriser le patriotisme et l’aile droite de Donald Trump.

Dans cette mondialisation, on assiste à un repli des peuples sur eux-mêmes. Il s’agit de l’idée même d’une concurrence entre deux pays. Le patriotisme sert ainsi une mondialisation basée la compétition. La mondialisation conservatrice reprend plus exactement une «inter-nationalisme», puisqu’elle n’a pas pour but de se soustraire de la nation et d’émanciper les salariés. Cette mondialisation s’intègrera parfaitement dans ce que l’on appelle le «libéralisme à la carte» comme c’est le cas de la politique de Donald Trump ou du Brexit de Teresa May.



Et la première mondialisme ?

Honnis pour les uns, adoubés par les autres, la «mondialisation» qu’ils défendent ou qu’ils détestent, se situent à dix mille lieux de ce que nous défendons largement quelques que soient les étiquettes politiques qu’ils nous sont attribués. Nul ne pourra mettre en avant que le constat d’existence d’une frontière aboutit tôt à tard à une question de nationalisme. Or, en rejetant la frontière, nous rejetons le nationalisme et in extenso «l’internationalisme». Mais que nous reste-t-il si nous refusons «l’internationalisme» ? Le «Mondialisme» au sens libertaire du terme.

Le problème au niveau des mots est que l’usage qui est fait définit ce qu’ils deviennent.

La manière d’utiliser les mots dans le débat politique et la sémantique qui leur ai attribué fait ce qu’ils deviennent. De ce fait, laisser le «libre-usage» de «mondialisme» et «mondialisation» à des personnes «précises» leur laisse d’une part le champ avec l’idée d’envisager que la définition qu’ils en font est une définition solide gravée dans le marbre et d’autre part que l’utilisation par des adversaires politiques de ces termes les pousserait à adapter des thèses antagonistes, ce qui n’est pas le cas. Ainsi, dans un débat d’idées, un mot peut traduire différentes idées qui peuvent être contradictoires, voir antagoniste. Laisser aux néoconservateurs l’utilisation seule des deux termes «mondialisme» et «mondialisation» met son analyse libertaire sous un silence troublant et déconcertant. Leur «mondialisation» se résume en une société de «tous contre tous», plus ouverte sur le libre-échange des marchandises, mais plus fermé sur la libre-circulation des personnes. N’en déplaise aux néoconservateurs, il existe une «mondialisation libertaire» qui contrairement à sa cousine «libérale» prône «le libre échange des marchandises» et la «libre circulation des personnes» de façon égalitaire.



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