Les frappes surprises en Syrie interrogent la «pensée complexe» d’Emmanuel Macron
Emmanuel Macron a lancé des frappes sur des positions stratégiques du pouvoir de Bachar Al-Assad. Un débat a lieu sur la légitimité de ces frappes, notamment sur l’effet de surprise et l’entrée en guerre de la France dans le bourbier Syrien.
L’ambiguïté de Macron sur la Syrie
Dans une interview au journal Le Figaro (21/06/2017), Emmanuel Macron déclarait que
Le vrai aggiornamento que j’ai fait sur ce sujet, c’est que je n’ai pas énoncé que la destitution de Bachar Al-Assad était un préalable à tout. Car personne ne m’a présenté son successeur légitime. Longtemps, nous avons été bloqués sur la personne de Bachar Al-Assad. Mais Bachar, ce n’est pas notre ennemi, c’est l’ennemi du peuple syrien.
Or, Bachar Al-Assad est l’ennemi des individus vivant en Syrie, tout comme il est un ennemi des individus vivant en France. Dans une démocratie digne de ce nom se référant aux droits de l’Homme, les agissements de Bachar Al-Assad ne peuvent être tolérer. Les attaques aux gazs chimiques contre la population ne sont qu’un prétexte pour «officiellement» lutter contre le terrorisme. Nonobstant de la position officielle du régime syrien, la position officieuse de la lutte contre le terrorisme tombe clairement à l’eau. Affronter son propre peuple avec le Hezbollah, les Gardiens de la Révolution islamique ou encore les mercenaires russes crée une situation laissant croire aux personnes de mauvaise foi que Bachar Al-Assad combat le terrorisme.
De part son fonctionnement, le régime de Bachar Al-Assad ne peut résider dans dans un régime totalitaire et de terreur. Les rouge-bruns, l’extrême-droite comme Emmanuel Macron (sic) souhaitent que le régime tienne bon, malgré les quelques bombardements. Justement, le régime de Bachar Al-Assad a tout fait pour soutenir et financer le terrorisme pour faire taire la révolte qui s’est transformée en révolution, puis guerre civile. Bachar Al-Assad est le principal responsable de Daesh et de certaines organisations terroristes, depuis qu’il a vidé des prisons des djihadistes en tout genre. Ceux qui pensent que «Bachar Al-Assad n’est pas notre ennemi» prennent une position en faveur du totalitarisme et terrorisme. Il fixe «une ligne rouge», dont la teneur reste flou. Qu’est-ce cela représente ? Bachar Al-Assad et ses alliés ont le droit de massacrer tranquillement tant qu’il ne dépasse pas un certain degré de barbarie. La fameuse ligne rouge s’arrête aux attaques chimiques, mais laisse les atrocités de «la prison de Saidnaya» de côté. Ipso Facto, les abattoirs humains sont tolérés à 30 km au Nord de Damas.
Si Daesh et les milices islamistes ont réussi à être aussi puissants ces dernières années, la responsabilité en revient illico presto au «Boucher de Damas». L’impunité ne peut plus continuer, mais bombarder la Syrie sur des positions stratégiques militaires, et en même temps affirmer «Bachar, ce n’est pas notre ennemi» ; alors sur les bombardements surprises, on peut s’inquiéter que des islamistes soutiennent ces opérations. Dans le même temps, on peut critiquer Emmanuel Macron, mais il a bien invité Vladimir Poutine à Versailles, l’allié principal de Bachar Al-Assad. Il a certes émis des vérités, mais le symbole en vaut la chandelle.
Des frappes salués par les Ottomanistes et les islamistes turcs
Au moment de l’opération «Rameau d’olivier» de l’armée Turque en Syrie visant à rétablir le régime islamiste et djihadiste dans le Nord de la Syrie, la situation devient complexe.
En effet, le régime tente d’étouffer le principe universel du «droit à l’autodétermination» notamment vis-à-vis des Kurdes. Le «nationalisme turc» poursuit un roman national où les minorités sont mises de côté et progressivement éradiquer comme le fait le régime syrien.
Le Canton d’Afrin a été remis aux mains des Frères Musulmans. Le pillage s’organise, les exactions et les exécutions sommaires se multiplient. L’impérialisme turc a rarement été autant intensif et violent. Il souhaite agrandir son territoire et sa zone d’influence en mettant en place des colonies turques dans le Nord de la Syrie. La nostalgie de l’Empire Ottoman prend une ampleur démesurée dans un pays, dont les islamistes n’ont pas fait le deuil «l’Ottomanisme» tout comme de la fin du «Califat». Il s’agit d’une vision paradoxal, puisque l’OTAN à travers l’un de ses membres financent le terrorisme et se trouve comme être une base arrière de Daesh.
La Turquie, membre de l’OTAN finance le « djihadisme sunnite international», alors que l’Iran finance le «djihadisme chiite international».
La Turquie est remplie de paradoxe. Elle a notamment ratifié la Convention de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales (CEDH) et fait partie du Conseil de l’Europe. Un comble, la Russie a ratifié la CEDH et est aussi membre de ce fameux Conseil. Les condamnations pleuvent sur ces deux pays en matière de respect des droits de l’homme.
Ces deux djihadismes se font face l’un à l’autre. Mais la Turquie a tout de même des relations ambiguë avec son homologue iranien. Quand Erdogan déclare que «nous considérons que cette opération est appropriée», cela peut paraître préoccupant.