Waleed Al-Husseini milite pour l’installation d’un concordat en France
Waleed Al-Husseini est un militant auto-proclamé laïc et athée d’origine palestinienne. Il a un visa pour une durée de 10 ans en France au nom de son statut de réfugié politique. Pourtant, Waleed s’est très vite intégré dans les mouvements les plus radicaux de la droite.
Les bases doctrinales de l’athéisme au XIXème siècle
Le combat de Waleed est particulier, puisque si de dernier se considère un militant laïc et athée, il s’agit d’une usurpation des deux derniers mots. Au nom de sa critique concernant l’Islam et du rejet des valeurs, il s’est lancé dans un objectif assez particulier : interdire l’Islam, mais pas les autres religions.
La laïcité se caractérise comme la liberté de choisir sa religion, tout en laissant l’état garant de l’indépendance de ces religions. L’état n’a pas à intervenir ou subventionner toute religion ou tout culte. De plus, la religion est un élément privé, il est nécessaire que son expression se fasse dans les lieux attitrés sauf cérémonie extraordinaire qui ne trouble pas l’ordre public (soumis à des déclarations à la préfecture ou à la mairie).
Si les deux dernières valeurs sont admises par tous (la troisième est un supplément). Elles sont en contradiction avec celle de Waleed. Aussi, laisser une liberté religieuse ne signifie en aucun cas le refus de combattre l’intégrisme religieux de toute sorte.
De même, la laïcité ne peut être comparée à l’athéisme. En effet, le premier admet la liberté religieuse, le second considère que « Dieu » au sens large n’existe pas, donc les religions ne sont qu’une chimère et, par conséquent la pure invention de l’Homme. Ainsi, la liberté de choisir sa religion et de mettre toutes les religions sur un socle égalitaire dont l’état est garant et indépendant s’oppose frontalement à sa propre vision de la laïcité (une vision particulièrement tronquée). L’objectif de l’athéisme est la destruction de toutes les religions et non que d’une seule.
Si la critique de la religion est plus que nécessaire, on pourra souligner un livre phare : Dieu et l’État de Bakounine. Ce dernier n’a d’ailleurs point connaissance de ce livre élémentaire sûrement dans sa haine de la Gauche et encore plus de l’Anarchisme. Voici, un des extraits montrant la rupture claire concernant l’athéisme de Mikhaïl Bakounine dans Dieu et l’Etat et la position concordiste de Waleed :
Amoureux et jaloux de la liberté humaine, et la considérant comme la condition absolue de tout ce que nous adorons et respectons dans l’humanité, je retourne la phrase de Voltaire, et je dis : Si Dieu existait réellement, il faudrait le faire disparaître.
L’Athéisme nie l’existence de Dieu, des divinités et des personnalités d’origine divine (prophète, messie, etc.). Donc, pour un athéiste de base, il revient de mettre à égalité l’ensemble des religions comme une source d’exploitation et d’oppression. Marx affirmait dans Critique de la philosophie du droit de Hegel en 1843 que
Le fondement de la critique irréligieuse est celui-ci : l’homme fait la religion, ce n’est pas la religion qui fait l’homme. La religion est en réalité la conscience et le sentiment propre de l’homme qui, ou bien ne s’est pas encore trouvé, ou bien s’est déjà reperdu. Mais l’homme n’est pas un être abstrait, extérieur au monde réel. L’homme, c’est le monde de l’homme, l’État, la société. Cet État, cette société produisent la religion, une conscience erronée du monde, parce qu’ils constituent eux-mêmes un monde faux. La religion est la théorie générale de ce monde, son compendium encyclopédique, sa logique sous une forme populaire, son point d’honneur spiritualiste, son enthousiasme, sa sanction morale, son complément solennel, sa raison générale de consolation et de justification. C’est la réalisation fantastique de l’essence humaine, parce que l’essence humaine n’a pas de réalité véritable. La lutte contre la religion est donc par ricochet la lutte contre ce monde, dont la religion est l’arôme spirituel.
La détresse religieuse est, pour une part, l’expression de la détresse réelle et, pour une autre, la protestation contre la détresse réelle. La religion est le soupir de la créature opprimée, l’âme d’un monde sans cœur, comme elle est l’esprit de conditions sociales d’où l’esprit est exclut. Elle est l’opium du peuple.
L’abolition de la religion en tant que bonheur illusoire du peuple est l’exigence que formule son bonheur réel. Exiger qu’il renonce à une situation illusoire, c’est exiger qu’il renonce à une situation qui a besoin d’illusions.
De cette introduction, on en a tiré que la « religion est l’opium du peuple ». La phrase est à remettre dans un contexte propre au XIXème Siècle. Le pouvoir clérical était puissant dans toutes les sociétés de l’Europe et en Russie. Les religieux faisaient de la politique au sein de leurs paroisses au point d’endoctriner les personnes. La portée de Marx tend à souligner que la religion agit tel un écran de fumée ou une drogue.
À ce stade, on peut se demander si Waleed est vraiment un athée dans le cadre de sa propre quête. En effet, il n’a pour objectif de combattre « toutes » les religions et de les annihiler stricto sensu. Combattre une seule religion laissant les autres prospérer. Cela permet donc d’affirmer que son objectif athéiste comme il se présente n’est pas présent.
Par conséquent, il fait une confusion grave sur l’athéisme. On peut donc conclure que le jeune Waleed n’est ni laïc, ni athée. En effet, ce dernier milite pour l’interdiction de l’Islam au niveau législatif (c’est pour cela qu’il s’est rapproché de Riposte Laïque) et qu’il considère l’existence des autres religions en dehors de l’Islam.
La laïcité et le Concordat en Alsace-Moselle
De ce fait, il milite clairement pour le rétablissement du Concordat (même si cette organisation existe encore en Alsace – Moselle) en tant qu’organisation des religions (on y reviendra). En effet, la volonté de vouloir débarrasser la société d’une seule religion nécessite l’organisation des religions par le pouvoir central et donc via le Parlement qui légifère les lois. Cela revient à affirmer que l’état doit mettre les pieds dans l’organisation religieuse et donc revenir sur la loi de séparation de l’église et de l’état.
La question de la liberté est particulièrement difficile à mettre en perspective dans son argumentation. Au pays des droits de l’homme et des Lumières, la lutte contre l’obscurantisme ne peut passer par la mise en dynamique de l’obscurantisme. Le libre choix et le libre-arbitre ne sont pas défendus par le jeune homme, tout au contraire. Son côté autoritaire et liberticide est véhiculé par son combat principal : la mise sous tutelle des religions par l’état pour faire interdire l’Islam comme religion. Il souhaite imposer sa vision de la société par la force à l’ensemble des personnes. Il ne peut se prétendre comme une personne défendant des valeurs de libertés.
Rappelons aussi que l’article X de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen énonce que : « Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l’ordre public établi par la Loi » et l’article XVIII de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme affirme que « Toute personne a droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion ; ce droit implique la liberté de changer de religion ou de conviction ainsi que la liberté de manifester sa religion ou sa conviction seule ou en commun, tant en public qu’en privé, par l’enseignement, les pratiques, le culte et l’accomplissement des rites ». Ensuite, l’article premier de la Constitution de 1958 réaffirme que le caractère de la laïcité comme des bases de notre République : « La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale. Elle assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d’origine, de race ou de religion. Elle respecte toutes les croyances. Son organisation est décentralisée ». Enfin, le principe de la laïcité est également défini dans le premier article de la Loi du 9 décembre 1905 : « La République assure la liberté de conscience. Elle garantit le libre exercice des cultes sous les seules restrictions édictées ci-après dans l’intérêt de l’ordre public ». Si la loi est incomplète, même si elle a été modifiée, elle pose les bases d’une société du vivre ensemble. De plus, l’article 2 de Loi du 9 décembre 1905 concernant la séparation des Églises et de l’État affirme que « La République ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte ». Ces 4 textes fondamentaux montrent que sa vision de la laïcité est tronquée par sa propre histoire.
Ensuite, la Loi du 18 germinal an X [[Loi du 18 germinal an X (8 avril 1802) modifiée relative à l’organisation des cultes, consulté le 18 mars 2018, [En ligne] | URL : http://www.legirel.cnrs.fr/spip.php?article527]] (8 avril 1802) relative à l’organisation des cultes est toujours appliquée dans trois départements français. La Décision n° 2012-297 QPC du 21 février 2013[[Décision n° 2012-297 QPC du 21 février 2013, consulté le 18 mars 2018, [En ligne] | URL : http://www.conseil-constitutionnel.fr/conseil-constitutionnel/francais/les-decisions/acces-par-date/decisions-depuis-1959/2013/2012-297-qpc/decision-n-2012-297-qpc-du-21-fevrier-2013.136084.html]], les mesures législatives ont été déclarées conformes à la Constitution en raison de nom remise en cause par le législateur et les travaux constituants de 1946. La QPC a été déposée par l’Association pour la promotion et l’expansion de la laïcité [Traitement des pasteurs des églises consistoriales dans les départements du Bas-Rhin, du Haut-Rhin et de la Moselle]. Pour une égalité territoriale et la continuité républicaine, un projet de loi visant à abroger le Concordat dans ces territoires s’impose. Le délit de Blasphème est prévu par l’Article 166 du Code pénal local [[« Celui qui aura causé un scandale en blasphémant publiquement contre Dieu par des propos outrageants, ou aura publiquement outragé un des cultes chrétiens ou une communauté religieuse établie sur le territoire de la Confédération et reconnue comme corporation, ou les institutions ou cérémonies de ces cultes, ou qui, dans une église ou un autre lieu consacré à des assemblées religieuses, aura commis des actes injurieux et scandaleux, sera puni d’un emprisonnement de trois ans ou plus. » in, Législation concernant les activités religieuses et l’organisation des cultes, article 166 du Code pénal local (Alsace-Moselle) consulté le 30 octobre 2015, [En ligne] | URL : http://www.legirel.cnrs.fr/spip.php?article528]] (Alsace-Moselle), il reste en vigueur malgré le mouvement de sénateurs : la proposition de Loi n°464 visant à abroger le délit de blasphème, [[Proposition de loi visant à abroger le délit de blasphème, encore en vigueur en Alsace-Moselle, enregistré à la présidence du Sénat le 22 mai 2015, consulté le 30 octobre 2015, [En ligne] | URL :http://www.senat.fr/leg/ppl14-464.html]](Enregistré à la Présidence du Sénat le 22 mai 2015). Depuis, cette mesure a enfin été adoptée. Le Blasphème n’existe plus en France. Ne prenant pas de position sur l’absence de Laïcité en Alsace-Moselle, comme le veut l’adage « qui ne dit mot, consent ». Waleed ne remet pas en cause l’absence de Laïcité dans certains territoires français. Au fond c’est bel et bien sa doctrine politique qui s’exprime par ce silence.
L’obsession pour Mustafa Kemal Atatürk
Le père de la « République de Turquie » semble ne pas laisser indifférent le jeune Waleed sur les citations tronquées. Dans le cadre présent, la « réalité vécue » s’oppose fondamentalement au processus historique qui crée le vécu.
On pourra tout de même douter de ses sources [[George Daniel, Chronique de l’Histoire : Atatürk, Éditions Chronique]], lorsqu’il parle de Mustafa Kémal. Il ne remet pas en cause également que le parti Kémaliste : le CHP (Cumhuriyet Halk Partisi[[Le Parti républicain du peuple est associé à la Seconde Internationale Socialiste et membre du Parti Socialiste Européen. Il est l’héritier du mouvement Kémaliste et de la dimension du nationalisme turc.]]) s’est allié avec Recep Tayyip Erdoğan, et l’AKP (Adalet ve Kalkınma Partisi [[Le Parti de la justice et du développement constitue la branche politique des Frères Musulmans en Turquie.]]) dans le cadre du nationalisme turc, dont l’aspect religieux prend une place très importante.
Dans le cadre du coup d’état de juillet 2017, l’image de Moustafa Kémal a été transposée par celle de Recep Tayyip Erdoğan, notamment dans le projet de la « Turquie 2023 ». Qu’importe l’image de la transposition de Moustafa Kémal la laïcité à la turc ressemble plutôt à un sécularisme qu’autre chose.
Un concept paranoïaque de la laïcité
À la fin de l’année 2017, Waleed Al-Husseini signe une tribune dénonçant l’expression de la « radicalisation de la laïcité » par Emmanuel Macron. Pourtant, très vite, l’analyse du terme de « radicalisation » fait référence selon eux à la radicalisation des « islamistes ». Une comparaison de mauvaise foi qui les pousse à imaginer que ces derniers représentent une menace pour la République, alors que « radical, reste synonyme de « racine ». Autrement dit ceux qui dans la « radicalisation de la laïcité » ne devraient tomber dans des thèses à la limite du complotisme.
Ainsi, en France, aujourd’hui la radicalisation qui poserait problème serait celle des défenseurs de la laïcité. Cela signifie probablement que si la situation l’exigeait, l’Etat devrait mobiliser les forces vives de la nation, les forces armées et de police, le renseignement intérieur, pour surveiller ces radicalisés laïques qui menacent l’ordre public.[[Fatiha Boudjahlat, Céline Pina, Caroline Valentin, Barbara Lefebvre & Waleed al-Husseini, M. le président Macron, la laïcité n’est ni radicale, ni une menace pour la France, Marianne, le 28 décembre 2018, consulté le 05 avril 2018, [En Ligne] | Url : https://www.marianne.net/debattons/tribunes/m-le-president-macron-la-laicite-n-est-ni-radicale-ni-une-menace-pour-la-france]]
Ces derniers parlent de l’instrumentalisation de la « laïcité », mais sont les premiers à l’instrumentaliser allant jusqu’à créer « la fiche L ».
Il faut nécessairement qu’elle soit instrumentalisée, utilisée à des fins politiques ou philosophiques radicales par des agents humains […]
Ce qui est sous-entendu dans cette formule prononcée devant des autorités religieuses, c’est d’une part que les centaines d’assassinats commis en France par des terroristes justifiant leurs crimes par des motifs religieux sont mis sur le même plan que des offenses humoristiques ou des interpellations critiques d’intellectuels à l’égard des religions.[…]
La police des susceptibilités n’existent pas encore en France. Certains aimeraient qu’elle existât, mais pour l’instant l’immense majorité des Français se rangent encore dans le camp des « laïcards », et chaque jour davantage à mesure que la pression politico-religieuse s’exprime pour faire taire les impies, effacer les corps féminin de l’espace public, épurer les programmes scolaires, séparer les individus sur des bases ethno-religieuses. [[Idem]]
En affirmant « Laïcité AKBAR », Waleed Al-Husseini insulte, injure et salie la loi de 1905. Il continue en hurlant « République AKBAR » en sous-entendant que la République Française est une « République Islamiste » reprenant l’argumentation des identitaires et de « Riposte Laïque ».
Le pire réside dans la création par sa mouvance politique d’une « Fiche L », avec L comme « Laïcard ». Derrière cela, il existe une méconnaissance absolue des « Fiches S », dont de nombreuses personnes défendant la Laïcité y sont inscrits et même peut-être des soutiens de Waleed.
On revient souvent à la fallacieuse idée de l’« islamo-gauchistes », alors que ce dernier a les pieds et les mains liés à une extrême-droite rêvant tantôt de Putsch militaire, tantôt de nettoyage ethnique et religieux.
On peut dire aussi que Waleed n’est pas un « Fiché L », il ne maîtrise pas la laïcité, au contraire, il la bâillonne tous les jours. Il va même inventé une « nouvelle république », alors que nous sommes toujours sous la cinquième république et la laïcité est un principe constitutionnel. Il ne peut y avoir de problème.
Il s’agit simplement d’un délire proche de la mystification de la laïcité.
Laïcité AKBAR, RépubliqueAKBAR!
Les cries des laïcs contre les islam-gauchistes!
c’est pourquoi ils sont désormais accusés de « Radicalisation Laïque » et ils sont fichés L par la nouvelle république !
Donc par solidarité: pic.twitter.com/mrArOVeA0U— Waleed Al-husseini (@W_Alhusseini) 23 décembre 2017