Les journalistes sont aussi visés par les grenades GLI F4 sur le ZAD de Notre-Dame-Des-Landes

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La France «post-Charlie» s’enfonce progressivement dans l’autoritarisme et les violences contre les journalistes. Si les auditeurs et les lecteurs doutent des journalistes la violence étatique contre la presse et les journalistes ne cesse de croître.




J’affirmais le 10 Janvier 2015 que c’était

un drame qui secoue notre société, on se doit de s’unir autour et dans les valeurs et principes de la République. Peu après le drame, certains politiciens, lecteurs de Charlie Hebdo et des inconnus se sont rendus au siège du journal, 10, rue Nicolas-Appert, dans le 11e arrondissement de Paris. Soit pour commencer à déposer des fleurs, ou dans le cadre des politiciens à faire des conférences, mais bien à rendre hommage au final aux personnes tombées sous les balles. [[Pierre Le Bec, «L’attentat de Charlie Hebdo», Révolution et Libertés, 10 Janvier 2015, Consulté le 14 avril 2018, [En Ligne] | URL : https://revolutionetlibertes.fr/2015/01/10/charlie-hebdo-resume-de-lattaque-contre-la-presse/]]

Ils étaient des millions à descendre dans la rue le 11 janvier 2015 pour défendre «la liberté de la presse» et «le droit à l’information». Pour ceux qui ont fait la marche, ils savaient que nous nous piétinions les uns sur les autres. Chacun avait son propre argument pour y aller, et les arguments devenaient très multiples. Mais, ce fût l’une des plus grandes manifestations de l’Histoire Française.

La sécuritarisme et l’autoritarisme ont balayé d’un revers de main, la volonté d’émancipation à travers un simple sondage. La manifestation était-elle émancipatrice ou une réaction aux attentats ? Quoi qu’il en soit, on peut dire que les attentats ont permis de

renforcer l’autoritarisme, l’ordre et la sécurité. Il est vrai qu’on aura vécu une semaine particulièrement difficile, 17 personnes ont trouvé la mort dans ces attaques terroristes. Aujourd’hui, la vie va reprendre comme elle était avant, du moins on l’espère. Et pourtant certains opportunistes se comportent comme des charognards. Tout est bon pour renforcer les outils et les moyens sécuritaires.



Quand Claude Guéant affirme que «certaines des libertés qui peuvent être facilement abandonnées», on peut dire que nous sommes au tournant d’un régime particulièrement autoritaire et arbitraire. Dans un sondage du Parisien du 13/01/2014, la population largement marquée par ce fait historique souhaite se ranger du côté de la Sécurité. [[Pierre Le Bec, «La Marche républicaine du 11 Janvier 2015», Révolution et Libertés, 22 Janvier 2015, Consulté le 14 avril 2018, [En Ligne] | URL : https://revolutionetlibertes.fr/2015/01/22/la-marche-republicaine-du-11-janvier-2015/]]

Pourquoi tant de haine vis-à-vis des journalistes de la part de l’État ? Lancer des grenades de guerre contre des civils, dont le but se résume à informer l’ensemble des citoyens, va de paire avec la tentative de «museler» la presse, comme sous le temps de l’ORTF. N’est-ce pas la majorité qui a voté la Loi sur «le secret des affaires» [[Le Monde.fr avec AFP, La proposition de loi sur le « secret des affaires » adoptée à l’Assemblée, Le Monde, Le 28 mars 2018, Consulté le 14 avril 2018, [En Ligne] | URL: http://www.lemonde.fr/politique/article/2018/03/28/la-proposition-de-loi-sur-le-secret-des-affaires-adoptee-a-l-assemblee_5277688_823448.html]] ?

On citera simplement l’article XI de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen (DDHC) de 1789 affirmant que

la libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l’Homme : tout Citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l’abus de cette liberté dans les cas déterminés par la Loi.

L’utilisation du mot «précieux» pour décrire le droit à la liberté de la presse devrait prendre son sens dans une démocratie digne de son nom. Les journalistes sont censés être protégés par l’état et la «Force publique» et non être visés comme des lapins à coup de grenade contenant 25 grammes de TNT. L’Académie Française, si réactionnaire soit-elle, définit L’adjectif «précieux» comme quelque chose de «de grand prix ; d’une qualité hors du commun» et «d’une grande utilité, dont on peut tirer profit». Dans le cas du «droit de la presse», le bloc de constitutionnalité affirme de manière dérivée qu’elle est un des éléments hors du commun, construisant logiquement un des «éléments fondamentaux» de la démocratie. Lorsque les gendarmes ou les policiers s’attaquent à des journalistes, ils attaquent la démocratie et remettent en cause le bloc de Constitutionnalité. Or, dans la Cinquième République, l’attaque des journalistes à coup de grenade en fait une «force publique» clairement anticonstitutionnelle. Il n’est pas légitime de la reconnaître au regard du droit constitutionnel c’est-à-dire «les forces de l’ordre» comme faisant partie de la «force publique» comme le désigne l’article XIII de la DDHC.

La crainte d’un mort durant l’opération semble légitime, mais la mort d’un journaliste change la donne. Blesser volontairement à coup de grenade un journaliste traduit la volonté de tuer les journalistes. Dans le même temps, l’État ne souhaite pas que ses exactions soient filmées, cela se comprend parfaitement. L’opacité révèle la volonté du gouvernement de cacher des éléments nécessaires pour comprendre les opérations sur Notre-Dame-Des-Landes. Ne tombons pas tout de même dans le slogan de la chanson «on nous cache tout, on nous dit rien» de Jacques Dutronc.

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Le magazine Valeurs Actuelles parlait de Notre-Dame-Du-Vietnam [[Louis de Raguenel, Notre-Dame des Landes : bienvenue à Notre-Dame-du-Viêtnam, Valeurs Actuelles, le 9 décembre 2017, Consulté le 14 avril 2018, [En Ligne] | URL : http://www.valeursactuelles.com/societe/notre-dame-des-landes-bienvenue-notre-dame-du-vietnam-91305]], mais avec un petit montage réalisé proprement, on peut s’attendre à ce que «la prophétie» lancée par le magazine d’extrême-droite se réalise.



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