Le Brexit à l’assaut de la dette publique
Au moment de sortir, le solde de tout compte pèsera massivement sur la dépense publique. Les Torries héritier de la politique de Margaret Thatcher au pouvoir ont toujours considéré la dépense publique comme un coût et une entrave à l’économie de marché.
Selon, le Financial Times, la facture brute du Brexit se porterait aux alentours de 100 Mds d’euros d’ici 2019 [[«The EU has raised its opening demand for Britain’s Brexit bill to an upfront gross payment of up to €100bn, according to Financial Times analysis of new stricter demands driven by France and Germany», in Alex Barker, «Brussels hoists gross Brexit ‘bill’ to €100bn», in Financial Times, le 3 Mai 2017, [En Ligne] | Consulté le 01 février 2018, URL : https://www.ft.com/content/cc7eed42-2f49-11e7-9555-23ef563ecf9a]]. Ainsi la dette publique monterait illico presto aux alentours de 2241 Mds d’euros c’est-à-dire près 91% du PIB, sans compter le déficit public. Dans le même temps, le gouvernement prévoit d’emprunter près de 140 Mds d’ici 2021. Pour plus de facilité, l’emprunt est ajouté directement au budget de 2019.
Les variables | 2016 | 2017 | 2018(p) | 2019(p) |
Dette publique en % | 89,3% | 89% | 87,2% | 93,5% |
Dette publique en Mds d’euros | 2113,64 | 2148,67 | 2181,00 | 2321,00(p) |
Déficit budgétaire | 2,6% | 2,9% | 2,1% | 7,3% (p) |
Déficit Budgétaire en Mds d’euros | 61,54 | 70,01 | 51,56 | 181,56(p) |
Croissance en pourcentage du PIB | 2% | 1,7% | 1,2% | 1,1%(p) |
PIB en en Mds d’euros | 2366,9 | 2414,23 | 2455,28 | 2482,29(p) |
Inflation | 3% | 2,69% | 2,5% | 2,5% (p) |
r sur dix ans | 1,561% | 1,418% | 1,492% | 1,6 (p) |
Sans prendre en considération, différentes variables, nous devrions avoir un déficit aux alentours de -1,148% pour que la dette soit soutenable dans le temps :
$sp_t= d_t-1\times(r_t-g_t)$
$sp_2017 = 89,3\%\times(1,418\%-1,7\%) = – 89,3\%\times 0,282\% = – 0,251826\%$
$sp_2018 = 89\%\times(1,492\%-1,2\%) = 89\%\times 0,292\% =0,25988\%$
$sp_2019 = 87,2\%\times(1,6\%-1,1\%) = 87,2\%\times 0,5\% =0,46\%$(p)
$sp_2020 = 93,5\%\times(1,8\%-1,2\%) = 93,5\%\times 0,6\% =0,561\%$(p)
Or, pour l’année 2018, le déficit est prévu à 2,1%, c’est-à-dire que la dette n’est actuellement pas soutenable dans le temps. Il manque un effort budgétaire en matière de réduction des dépenses publique ou de hausse des recettes publiques de 1%, soit l’équivalent de 24,55 Mds d’euros. Avec une croissance revue à la baisse, la solution adoptée par les conservateurs risque de recourir à des plans d’austérité majeurs pour que le déficit soit annulé en considérant le coût annuel que représentera le Brexit.
Le solde de tout compte prévu dans l’accord entre l’Union Européenne et le Royaume ne permettra pas à court et moyen terme de financer la NHS. Autrement dit, l’un des arguments en faveur du Brexit s’autodétruit de lui-même. N’est-ce pas les mêmes qui poursuivent des réformes structurelles visant à aboutir une privatisation plus ou moins totale du système de santé britannique ? Il convient d’affirmer que les 140 Mds d’euros demandés s’inscriront dans le budget de l’état à travers un emprunt sur les marchés financiers. En 2019 ou 2020, le pays connaîtra sauf erreur un déficit notoire. La dette britannique malgré les politiques libérales continue de croître et a même doublé. De 2008 à 2018, elle est passée de 40% à plus de 88% du PIB. Le déficit structurel du Royaume-Uni se situe toujours aux alentour de 3% pour la fin 2017.
Même si les efforts dans les réformes d’ajustement structurel se poursuivent, la baisse de la consommation liée à la hausse de la Livres Sterling par rapport à l’Euro continue. La croissance britannique pose de véritable question à long terme tant sur la question de la productivité, de la compétitivité, mais aussi des barrières douanières. Le modèle économique des néoconservateurs britanniques mène clairement tout droit dans une impasse : hausse du service de la dette, hausse de la charge de la dette et relèvement des taux d’emprunt sur les marchés financiers. Le Royaume-Uni a d’ailleurs été mise pendant un temps sous la procédure de «déficit excessif» par l’Union Européenne.