Les partisans de l’aéroport de Notre-Dame-Des-Landes voient l’apocalypse s’abattre

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Le gouvernement a acté que «le projet de Notre-Dame-Des-Landes serait abandonné» et qu’il s’agissait d’une «décision d’apaisement» et que «ce projet ne répond plus aux objectifs actuels». Il s’agit d’une défaite importante pour les partisans de l’aéroport, l’opposition sort la tête haute, elle doit maintenant construire et aménager la zone.




Le gouvernement, si conservateur qu’il soit, a choisit de sortir la tête haute d’un long conflit entre les opposants et les partisans du projet. Dans le cadre de sa majorité, il s’agit d’une décision courageuse, mais ne nous détrompons pas, elle ne remet pas en cause sa politique économique, structurelle et sociale.

De nombreux soutiens à l’Aéroport du Grand Ouest se sentent trahis. Ces derniers mettent en avant une vision chaotique, anachronique et presque apocalyptique de la situation.

L’argument principal reste le «déni de démocratie» en affirmant qu’une consultation [[Décret n° 2016-503 du 23 avril 2016 relatif à la consultation des électeurs des communes de la Loire-Atlantique sur le projet de transfert de l’aéroport de Nantes-Atlantique sur la commune de Notre-Dame-des-Landes ; URL : https://www.legifrance.gouv.fr/eli/decret/2016/4/23/INTA1610732D/jo]] n’engageant à rien dans un mauvais périmètre, avec une mauvaise question [[L’article 2 décret ci-dessus énonce que : « Etes-vous favorable au projet de transfert de l’aéroport de Nantes-Atlantique sur la commune de Notre-Dame-des-Landes ? ». Or, il ne s’agit pas d’un transfert d’un aéroport vers un autre, mais des vols commerciaux de Nantes-Atlantique vers Notre-Dame-Des-Landes en gardant l’aéroport pour les vols industriels, notamment pour Airbus. La question de la consultation étant fausse, les électeurs ont pu croire que l’aéroport de Nantes-Atlantique allait être démoli, ce qui n’était pas le cas. Le vote «oui» ou «non» à cette question ne pouvait que résulter d’un simulacre de démocratie. En effet, les électeurs ont été trompés, manipulés et abusés par les partisans de l’Aéroport Grand-Ouest, mais aussi par le gouvernement. Le vote ne pouvait que rester non-éclairé et n’avait aucun sens.]] reste la démocratie. Autrement dit, ils pensent que la loi est équivalente à un Décret. Les décrets-lois n’existent plus officiellement depuis la loi constitutionnelle n°95-880 du 4 août 1995. Il s’agissait également d’une tentative de plébiscite avec les réflexes bonapartistes et parfois une influence du boulangisme. Dans cette grande coalition, les conservatismes se sont alliés pour pratiquer certaines des théories de l’extrême-droite, n’en doutons absolument pas. Il convient de souligner que certains conservateurs utilisant cet argument y était fondamentalement comme Bruno Retailleau [[Voir le tweet : «Le référendum sur le projet de #NDDL : il n’est pas légitime, ce n’est que du marchandage et de l’enfumage», URL : https://twitter.com/BrunoRetailleau/status/704927986596892672]].



Les conservateurs y voient également la victoire des «zadistes» [[Voir le tweet : «Abandon de #NDDL grande victoire des zadistes». URL : https://twitter.com/BrunoRetailleau/status/953597096657121280]]. L’imaginaire collectif réactionnaire se libère. Résumer l’opposition à quelques centaines de personnes occupant la zone reste une nouvelle fois un gage de mauvaise conscience. Derrière cette dialectique, se cache une opération d’ampleur importante marginalisant l’ensemble des opposants, les réduisant à des personnes violentes et vivant parfois dans des cabanes. Cette réduction aux zadistes va de paire avec «les théories du Sabre et du Goupillon» circulant dans ces milieux. Tout abouti à affirmer que les opposants au projet sont des extrémistes et des personnes violentes. En d’autres termes, l’ordre public et la loi ne pouvaient être préservés qu’avec la construction d’un aéroport. Pourtant, l’opposition à ce projet des années 60 était très divers incorporant de multiples acteurs : des associations, des partis politiques, des syndicats, des centaines de collectifs et des habitants avec ou sans titre sur la zone en question.

Sur le développement de la Bretagne et des Pays de Loire, de nombreux partisans aboutissent une argumentation affirmant que la réussite de ces deux régions était liée au projet de Notre-Dame-Des-Landes. Au troisième trimestre 2017, la Bretagne avait un taux de chômage de 8,2% et les Pays de Loire de 7,9 %. Globalement, dans ces deux régions, le taux de chômage se situe en-dessous de la moyenne nationale. La réussite de nombreuses entreprises se réalise sans l’aéroport de Notre-Dame-Des-Landes en utilisant les infrastructures existantes. Autrement dit, l’entreprenariat n’a pas besoin d’un second aéroport multimodal pour réussir.



À l’heure où ces lignes sont écrites, les partisans de l’aéroport s’imaginent que les travaux sur Nantes-Atlantique mettront des dizaines d’années. En effet, la «construction de deux Kiosques et d’un auvent sur l’esplanade de l’aérogare, restructuration et extension d’une partie du rez-de-chaussée de l’aérogare et construction d’une passerelle dans le hall 4» est déjà en cours [[Voir le permis de Construire PC 044 020 17 Y 1075 daté du 9 novembre 2017]]. La digestion de cette défaite sera longue et les polémiques continueront, mais vont tout de même à long terme diminuer. La réaction sur une décision ne s’éternisera pas non plus.

Les projets d’infrastructures ne sont pas sur le point mort par l’arrêt d’un aéroport des années 60. La hantise de ne plus voir de projet d’infrastructure sur le territoire apparaît comme relevant d’une peur collective décuplée. La volonté de matérialiser une illusion montre une panique importante des conservateurs sur les projets structurant le territoire. Il y aura d’autres projets d’infrastructure important comme les travaux liés au Grand-Paris.


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