Le chômage est un facteur intégrant du capitalisme

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Pour commencer cet article, il semble nécessaire de s’arrêter sur la pensée de Rosa Luxembourg, notamment sur la question du chômage et du capitalisme. Dans son Introduction à l’économie politique, elle livre une approche moderne de la question du chômage, mais aussi des questions qui seront omniprésentes au cours du XXIème siècle.




La parution du livre date de 1907. Il y a près de 110 ans, le temps semble passé. Entre les lignes, elle soutient que le chômage

n’est plus, comme la crise, un cataclysme qui s’abat de temps à autre sur la société : il est devenu aujourd’hui, à plus ou moins grande échelle, un phénomène permanent de la vie économique. [[Rosa Luxemburg, Introduction à l’économie politique, I : Qu’est-ce que l’économie Politique, V, Œuvre t. 1, p. 157]]

L’expression utilisée «phénomène permanent de la vie économique» témoigne de la nature structurelle du chômage à la «vie économique», c’est-à-dire le Capitalisme. Une situation universelle se crée sur la surface du globe touchant tous les travailleurs. Alors


les catégories de travailleurs les mieux organisées et les mieux payées, qui tiennent leurs listes de chômeurs, notent une chaîne ininterrompue de chiffres pour chaque année et chaque mois et chaque semaine de l’année : ces chiffres sont soumis à de grandes variations, mais ne disparaissent jamais complètement. [[Idem]]

Le chômage de masse ne s’inscrit pas dans le processus des années 1980 avec le passage progressif à un libéralisme alors qu’il reste structurel et lié au capitalisme.

Toutes les époques ont subi le chômage, et il convient d’affirmer que

L’impuissance de la société actuelle devant le chômage, ce terrible fléau de la classe ouvrière, apparaît toutes les fois que l’ampleur du mal atteint des proportions telles que les organes législatifs sont contraints de s’en occuper. Cela aboutit régulièrement, après de longues discussions, à la décision de procéder à une enquête sur le nombre des chômeurs. [[À l’époque, la question du chômage mettait déjà en évidence la question du taux de chômage par rapport à la population active, mais aussi du nombre de chômeurs. Il s’avère que le nombre faisait souvent débat comme aujourd’hui au sein des différentes organisations et partis politiques. En d’autres termes, il s’agit d’une vision clairement visionnaire, puisque la question du chômage est devenue la pièce maîtresse des politiques économiques du XXIème siècle.]] On se contente pour l’essentiel de mesurer le niveau atteint par le mal – comme on mesure le niveau de l’eau lors des inondations – et, dans le meilleur des cas, d’atténuer un peu les effets du mal par de faibles palliatifs, sous la forme d’allocations de chômage – en général aux frais des travailleurs non-chômeurs – sans faire la moindre tentative pour éliminer le mal lui-même.[[Ibid p. 158]]



Rosa Luxemburg voyait déjà l’assurance-chômage comme un remède «palliatif» c’est-à-dire que la solidarité des travailleurs entre eux ne permet pas d’endiguer le chômage, puisque celui-ci résulte de «crise de la surproduction» d’après la théorie marxiste. La dialectique du «remède» conduit logique que l’assurance-chômage permet uniquement d’accompagner les chômeurs pour éviter une hémorragie de la pauvreté. Il s’agit d’une sorte de bouclier sociale mis en place par les travailleurs eux-mêmes ou à travers un système national.

Le décalage entre la valeur d’une entreprise et son expansion progressive génère aussi une spéculation importante : l’action augmente sous la hausse des achats, le dividende sur l’action augmente, mais les profits réels tendent à croître légèrement ou stagnent. Lorsque le marché s’autorégule : la valeur des actions baisse par la vente massive de l’action, les investissements sont réduits au strict minimum et les licenciements sont actionnés, afin de détruire du capital pour que le taux profit puisse perdurer dans cette crise. Dans le cadre d’une dérégulation massive des marchés, tout comme l’interconnexion des économies, l’anomie comme règle semble se justifier dans le fond. L’interconnexion signifie une interdépendance des économies les unes des autres et des bourses les unes des autres. L’ajustement d’un marché peut créer un effet en cascade sur l’ensemble de la planète impactant l’ensemble des économies avec des hausses du chômage simultanées ou différées. Sur les produits, la hausse massive des chômeurs tend à créer une surproduction, les produits perdent de leur valeur (déflation). Dans le même temps, la masse monétaire en circulation diminue. Ces phénomènes se basent sur des cycles longs, mais trouvent des différentes sources que cela soit dans les traders, les industriels ou même les banques, cela regroupe pour sur : les capitalistes.



La crise de 2008 résulte d’une spéculation sur les prêts à l’achat de bien immobilier sur des cours variables. En d’autres termes, la prise de risque des prêteurs à laisser la banque «Lehmann Brother» en faillite. Depuis, l’endettement privé et public a considérablement augmenté. Le danger actuel vient de l’endettement privé, dont le risque de banqueroute augmente de jour en jour. L’assouplissement quantitatif des banques centrales tend à augmenter le crédit, mais les créances douteuses continuent de croître. Le déni des commentateurs boursiers laisse place à des discussion sur la pluie et le beau temps. «L’indice de Shiller» se situe autour de 32 à la date de 1 décembre 2017. Il est situé au-dessus du niveau de 1929. L’imminence d’un Krach devient de plus en présent. Tout se résume à une question de temps, mais l’indice risque de croître jusqu’à l’effondrement des bourses. Les commentateurs chercheront de nouveaux responsables de la crise d’une grande ampleur qui s’annonce, sans pour autant trouver de solutions claires.

Rosa Luxemburg déclare que

la société actuelle [NDLR : le capitalisme] n’a pas encore inventé de moyens pour lutter contre le chômage.[[Ibid p. 159]]

La lutte contre le chômage logiquement par la déconstruction du capitalisme en mettant évidence ses contradictions internes. Pourtant, les cycles du chômage vont continuer à s’accentuer et progresser avec le développement de la robotique.

Et pourtant, ce n’est pas un élément, ce n’est pas un phénomène naturel ni une puissance surhumaine, c’est un produit purement humain des conditions économiques. Et nous voici de nouveau devant une énigme économique, devant un phénomène sur lequel personne ne compte, que personne ne cherche consciemment à provoquer et qui pourtant se répète avec la régularité d’un phénomène naturel, pour ainsi dire pardessus la tête des hommes. [[Idem]]



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