Une social-démocratie proche de l’Islam Politique
Manuel Valls semble perdre progressivement les pédales dans l’espace public. Il représente cette social-démocratie obligée de fusionner avec la droite, parfois la plus radicale pour tenter de récupérer de l’espace politique, mais aussi médiatique. Son élection aux législatives a été validée malgré différentes irrégularités constatées.
Il faut dire que l’ancien premier ministre de François Hollande a trahi l’esprit des primaires du Parti Socialiste, mais aussi sa parole, tout comme sa signature pour rejoindre Emmanuel Macron. Autant dire que l’opportunisme laisse place à un parcours où la conquête du pouvoir ne semble jamais loin. Décrié sur les réseaux sociaux et amateurs de polémiques identitaires et stériles, l’ancien patron de Matignon s’est fait remarquer pour un goût particulièrement capitaliste à propos de l’islam politique, mais aussi un rejet régulier et permanent de la laïcité, tout sa méconnaissance de la Loi de 1905. Si Manuel Valls n’appartient certes pas à notre bord politique, mais les raisons de divergences sur l’ancien premier flic de France restent structurels, éthiques et structurelles. Seul l’opportunisme semble guider son parcours politique, à défaut d’avoir des idées politiques construites.
Sa vision s’inscrit pleinement dans la logique de la devise «et de droite et de gauche» [[En Algèbre de Bool, on pourrait traduire par la phrase suivante : . La déduction sortante apparaît comme logique.]]. renvoyant clairement au slogan de l’extrême-droite «ni droite, ni gauche». L’historien : Zeev Sternhell dans son livre ni droite, ni gauche y livre une analyse aboutissant que les partisans de la troisième et quatrième voix, utilisaient une critique violemment antilibérale et antimarxiste. Le tout aboutissait à une forme de fascisme de droite comme en Italie, ou de Gauche avec les néosocialistes. Le livre reposait sur le fait que le fascisme n’est pas né en Italie, mais sur les terres, les plaines et les villes de l’Hexagone. Pourtant, Emmanuel Macron s’est opposé à Marine Le Pen au second tour de l’élection présidentielle. Les Castors censés faire barrage à l’extrême-droite ont ouvert les vannes en reprenant les pans entiers du programme du Front National. Les victoires idéologiques laissent place aux défaites politiques. La nature exacte de l’idéologie est qu’elle prépare la victoire prochaine du Front National, non par des manifestations, mais pas des urnes.
Les macroniens ou macronistes avaient pour vocation de revenir aux fondamentaux de la République et de redynamiser la démocratie, c’est bel et bien tout l’inverse qui se produit sous nos yeux. Le vieux monde monarchiste et antirépublicain prend progressivement l’espace médiatique pour y diffuser des thèses moribondes. Au moment où les lois scélérates ont été votées contre les libertés publiques et l’état de droit, les partisans de Manuel Valls «Je Suis Charlie». Charlie est mort sous les balles. Ils n’ont rien retenu à propos de la liberté, si ce n’est la version lepéniste. Au lieu de cela, ils affirment que «la première des libertés c’est la sécurité» [[Caroline Fouchard, «Gérard Collomb marche sur les plates-bandes du Front National», Révolution et Libertés, 24 Juin 2017, [En Ligne] | Consulté le 09 Décembre 2017, URL : https://revolutionetlibertes.fr/2017/06/24/gerard-collomb-marche-sur-les-plates-bandes-du-front-national/]]. Combattre les libertés individuelles au nom de la Sécurité s’inscrit pleinement dans le projet djihadiste voulu par Daesh, mais aussi du projet de l’Islam politique [[«Les libertés individuelles menacées par l’action du terroriste ne peuvent être remises en cause par la doctrine antiterroriste ou sécuritaire. La liberté que nous chérissons pour beaucoup d’entre nous ne peut-être compatible avec le sécuritarisme et l’autoritarisme qui affirme que « pour protéger la population, il est nécessaire de restreindre les libertés ». Or, la restriction des libertés ouvre la voie à une société où la liberté devient « un luxe », mais aussi une des conséquences directes de l’action du terrorisme. Pourtant, l’une des plus grandes actions contre le terrorisme convient non pas de baisser les libertés individuelles, mais justement de les augmenter afin de démontrer que les populations n’ont pas peur du terrorisme, mais aussi que les libertés ne seront pas sacrifiées, mais justement augmentées pour montrer qu’une société sans libertés appartient au projet que souhaitent les terroristes.» in Pierre Le Bec, «Après l’attentat de Charlottesville … Barcelone», Blog de Pierre Le Bec, le 20 août 2017, [En Ligne] | Consulté le 09 décembre 2017, URL : http://pierrelebec.fr/spip.php?article13]]. On peut dire qu’il est loin «l’esprit Charlie». Cette proximité idéologique dans la manière de purger nos libertés ne peut qu’inquiéter, les démocrates et les républicains.
Dans le même temps, Manuel Valls lorsqu’il était Premier Ministre n’a pas hésité à vendre des Rafales et des armes à l’Arabie Saoudite et au Qatar. L’un est une monarchie théocratique basé sur le wahhabisme, c’est-à-dire une des formes de l’islamisme la plus radical, l’autre est accusé de soutenir le terrorisme dans le proche-orient. Les deux partenariats interrogent puisque avoir des relations entre ces deux pays en particulier ne permet pas de lutter contre l’islamisme. Bien au contraire, ce sont des messages de l’état assumant pleinement ses liens avec l’islam radical. Pour anecdote, le régime saoudien est considéré comme la version légère de ce qu’applique l’organisation terroriste de l’État Islamique en Syrie, en Irak, mais aussi en Libye. Aucun moratoire n’a été décidé à ce jour de stopper la vente d’armes, tout comme les différents contrats avec ces pays. Les Capitalistes diront Business as Usual, mais l’éthique et la question de conquêtes de nouveaux marchés ne semblent pas poser de problèmes déontologiques et de concordance avec leurs théories en France. Les contradictions portent une importance particulière, puisque c’est la France à travers le patron du journal Le Figaro qui arme les Théocraties islamiques avec le soutien des néoconservateurs. Peut-on vendre des rafales à des pays accusés de soutenir le terrorisme islamique ? La question prend une certaine profondeur, mais les règles du capitalisme reviennent sur le devant de la scène. L’offre et la demande sont pleinement compatible. Emmanuel Macron comme Manuel Valls n’ont aucun problème à vendre des armes aux islamistes, et de se comporter in fine comme Claude Hermant [[Anne Rovan, Valls annonce 10 milliards de contrats en Arabie saoudite, Le Figaro, le 13 octobre 2015, [En Ligne] | Consulté le 10 décembre 2017, URL : http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2015/10/13/20002-20151013ARTFIG00290-manuel-valls-en-mission-commerciale-en-arabie-saoudite.php]]. Dès lors, les discours contre l’islamisme de Manuel Valls relèvent bel et bien d’une chimère et d’un mirage. Les armes vendues sont utilisés contre les civils comme au Yémen, ou dans les mains des terroristes. De même le silence sur le contrat avec la Turquie [[La Turquie depuis le coup d’état militaire de 15 juillet 2016 sombre progressivement dans un régime islamiste avec l’instauration d’un état d’urgence, et d’une mise en place d’un présidentialisme donnant tous les pouvoirs à Erdogan. L’AKP (le parti présidentiel) s’inscrit dans la tradition frères musulmans. La République islamique de Turquie se retrouve comme l’un des projets phares du président actuel, le tout purgé de toute opposition à sa théocratie.]] au niveau de la libération de Loup Bureau en dit long du discours utilisé. Il faudra bien que Manuel Valls rende gorge qu’il n’a été qu’un paravent de l’islamisme institutionnel.
Lors de la séance du jeudi 28 septembre 2017 à l’Assemblée Nationale, Manuel Valls a déclaré que «S’agissant du Qatar ou de l’Arabie Saoudite, les choses sont claires […] Il n’est pas possible de rester dans le « on-dit », car il s’agit de sujets graves, qui concernent tant des relations entre États que des hommes et des femmes qui sont morts»[[Deuxième séance du jeudi 28 septembre 2017, Assemblée Nationale, [En ligne] | Consulté le 09 décembre 2017, URL : http://www.assemblee-nationale.fr/15/cri/2016-2017-extra2/20172008.asp]]. Pourtant tout le monde savait que les armes vendus serviraient à détruire le Yémen : bombardement des Hôpitaux Humanitaires, assassinats d’enfants, de femmes et d’hommes. Manuel Valls ne semble pas trop déranger d’armer l’islamisme radical. Venons-en au Projet de Loi antiterrorisme. Pourquoi vendre des libertés contre une sécurité qui ne protège personne et ne permet pas d’empêcher le terrorisme ? La réponse se situe dans le populisme le plus rance et l’influence de l’extrême-droite chez Manuel Valls, mais aussi Emmanuel Macron. Revenir toujours au peuple et naviguer sur les peurs ancestrales (la peur de mourir) s’inscrit pleinement dans la démagogie. La polarisation du peuple fait qu’il est très hétéroclite sur le plan politique. Il peut tenter différentes explications, mais depuis sa mise en place de l’État d’Urgence, les attentats ont continué, encore récemment à Marseille. Cela se traduit par une inefficacité de cet état d’exception.
Le déni se base sur la différence entre le droit et les effets du droit. Le droit ne génère pas des effets immédiats, il est différé dans le temps. Dans le cadre de l’islam politique et du terrorisme, le combat ne se situe pas dans le droit, mais bien en dehors du droit à travers les sciences sociales. Comprendre n’est pas trouver des excuses, mais trouver des solutions aux origines qui poussent des personnes vers des thèses barbares poussant au meurtre. De même, les conservateurs pensent qu’il n’y a jamais assez de sécurité à travers des fantasmes primaires relevant davantage de besoins fondamentaux, que de nécessités juridiques. Le fanatisme de la sécurité pousse aux reniements de toutes libertés. Proche du Printemps Républicains (version autoproclamée progressiste du Printemps Français) et de ses nombreuses sources proches de l’anti-laïcisme le plus radical. N’est-ce pas une ironie si Bernard Cazeneuve, alors ministre de l’intérieur, sur la question de mettre en place un Concordat entre l’Islam et la République. [[«Tout en gardant mes principes républicains, je m’interroge sur l’usage vis-à-vis de l’islam d’un concordat tel que celui qui est en vigueur en Alsace-Moselle», Le Canard Enchaîné, 27 juillet 2016]].