Quand le ministère de l’intérieur cherche à se servir de mes vidéos
Ces derniers jours, le ministère de l’Intérieur (igpn75@interieur.gouv.fr) a envoyé un message de contact grâce au système de contact de ce blog concernant un montage réalisé en septembre 2016. Toutefois, des doutes subsistent quant à l’origine réelle du message envoyé, puisque celui-ci n’est pas signé. Dans ce contexte, je me permets de diffuser l’intégralité du mail sur ce blog.
J’estime devoir un droit de réponse global aux personnes lisant régulièrement ce blog, mais aussi sur l’ancien blog [[Une copie sera déposée sur le blog www.revolutionetlibertes.fr]], afin d’alerter les autres personnes ayant filmé cette manifestation ou d’autres manifestations dans le cadre du mouvement d’opposition à «Loi Travail» des différentes pressions que peut exercer le pouvoir exécutif.
Donc, j’ai bien réalisé ce montage en septembre 2016. Face au caractère qui pèse sur les différentes enquêtes, et notamment les charges contre les manifestants, il me semble nécessaire de souligner que la vidéo en question n’est plus en ligne [[La vidéo n’est plus public, elle a été désactivée de manière momentanée, et sera remise en ligne dans plusieurs mois]], afin qu’elle ne puisse pas être utilisée comme une source de preuve pour accabler des manifestants.
Sur le fond, il me paraît essentiel d’affirmer que dans une démocratie digne de ce nom, le fait que l’Inspection Générale de la Police Nationale puisse mener des enquêtes sur des policiers pose un problème fondamental : la police nationale reste une grande corporation, et ce qui amène à penser de manière assez claire, que le fait de faire enquêter des policiers sur leurs collègues s’inscrit dans une poudre de perlimpinpin visant à s’assurer que l’administration veille sur le bon fonctionnement de la Police Nationale. Dans ce cadre, une enquête digne de ce nom ne fait pas appel à l’IGPN, mais seulement à la Justice, afin que la séparation des pouvoirs soit le plus absolu possible. Ensuite, l’attitude de l’IGPN ne tend pas à sanctionner les policiers fautifs et les bavures très nombreuses, mais de trouver des circonstances atténuantes ou encore de les blanchir, afin que les différents modes opératoires puissent perdurer dans le temps.
Concernant les blessés (manifestants et journalistes) de la «Loi Travail», la réaction de la Justice reste très longue puisque nous sommes plus d’un an après. La lenteur de la Justice est due à un manque de moyens alloués par l’état. Dans le même temps, il faut souligner l’existence de la circulaire du 20 septembre 2016 « relative à la lutte contre les infractions commises à l’occasion des manifestations et autres mouvements collectifs », afin de coordonner la Justice et les Forces de l’Ordre lors des manifestations portant sur «la lutte contre les politiques d’austérité». Cette vision se traduit par la volonté de restaurer dans l’imaginaire conservateur d’un «État Fort». La France profonde n’accepte aucune remise en cause de sa légitimité et en d’autres termes la critique structurelle du Capitalisme. Le syndicalisme n’a jamais autant menacé par «l’État dit de droit», alors qu’il est un droit constitutionnel. Augmenter la capacité d’arrestations, de condamnations s’inscrit dans une politique du chiffre afin de délégitimer les protestations contre la casse sociale.
Les procès en comparution immédiate ont été mis en place pour diminuer massivement la capacité de défense des manifestants arrêtés, sans prendre en compte que les prisons sont déjà surchargés par l’inflation pénale, l’augmentation des délits et des crimes. Là où cette dernière se caractérisait comme une exception, elle est devenue la règle pour montrer «la force de la loi». Les lois sécuritaires empiètent toujours plus sur les libertés et droits fondamentaux du corpus juridique que la France a ratifié dans son bloc constitutionnel. Dans ce cadre, Manuel Valls, premier ministre de l’époque s’en était même pris à «la liberté de manifester» et «d’expression» sûrement sous le signe du slogan #JeSuisCharlie. La menace de nos libertés est devenue une réalité avec la mise en place d’un «État d’Urgence Permanent».
Il convient de noter que les auteurs des violences policières n’ont pas été condamnés. Ils restent en activité pour maintenir un ordre public toujours plus délicat, dont la définition reste très large.
Sur le plan politique, travailler avec la Justice et le ministère de l’Intérieur pose un problème idéologique très profond. Une Justice ne défend pas nos droits fondamentaux de manière universelle, il apparaît clairement que son caractère de classe tend à défendre les intérêts de «la classe dominante». Son intérêt n’est pas le mien, ni celui des travailleurs/salariés de manière plus large.
En conclusion, j’adresse une fin de non-recevoir à la demande de «la Police des Polices».