Jean Plantureux dans les pas de Zéon

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Dans une caricature, Plantu se vante de dénoncer la montée du négationnisme dans l’enseignement. Le dessinateur du journal Le Monde ne balaye pas devant sa propre porte. Ses prises de position en faveur de Dieudonné, son antisémitisme et son négationnisme sont restés comme la preuve d’une hypocrisie majeure de sa part.

L’analyse du dessin de Plantu

Dans la rubrique : «Je vous fait un dessin», Plantu s’interroge sur l’enseignement de la Shoah dans les collèges et lycées. Il s’agit manifestement de revenir sur la manière, dont l’antisémitisme est véhiculé au sein de notre société. S’intéresser sur les sources et les origines de l’antisémitisme et le négationnisme permet de lutter efficacement contre ce fléau qui ravage la société française depuis des siècles.

Le professeur explique que «moi ça fait longtemps que je ne parle plus de Shoah dans ma classe». Ils accusent clairement la communauté éducative d’être responsable de la hausse de l’antisémitisme à travers le non-enseignement du génocide aux enfants. Que relève-t-il en substance ? Dans certaines classes dont les personnes issues de l’immigration, la question ne peut-être soulever sans créer des incidents. Cette logique est extraite du livre Les territoires perdus de la République. L’antisémitisme ne date pas de l’arriver des vagues d’immigration, il est profondément ancré dans la logique française depuis plus de dix siècles.



Le questionnement devrait s’intéresser à la question antisémite liée à l’immigration, et en particulier sur l’attachement religieux des uns et des autres. Plus particulièrement pour s’attacher à des débats actuels, il s’agit de la place de l’antisémitisme dans les sociétés où la religion musulmane domine [[«L’antisémitisme, une histoire de famille ? », Le Monde, le 21 janvier 2016 | [En Ligne], URL : http://www.lemonde.fr/idees/article/2016/01/21/l-antisemitisme-une-histoire-de-famille_4851498_3232.html]].

Le refus de Plantu d’analyser la montée de l’antisémitisme et du phénomène de radicalisation qu’il engendre

L’antisémitisme n’est point homogène. Il existe différentes formes d’antisémitisme : la judéophobie liée à la religion qu’elle soit chrétienne ou islamique, l’antisémitisme de gauche et l’antisémitisme lié de près comme de loin à l’existence d’Israël. Cette forme d’hétérogénéité aboutie à un point commun : le rejet et la haine du «Juif». Vaincre l’antisémitisme reste un défit très important, mais il demande de se positionner en dehors de toutes polémiques pour un raisonnement durable et long pour mettre en évidence des outils permettant de contrecarrer, d’enrayer et d’éradiquer l’antisémitisme stricto sensu.



Pour venir au plus près de la caricature de Plantu, l’éducation peut-être un vecteur du développement de l’antisémitisme, mais il s’agit d’un processus à la marge restant très minoritaire. En effet, la communauté enseignante ne peut-être tenue comme responsable de l’ensemble de la radicalisation de ses élèves. Le système éducatif reste une force importante contre la montée de l’antisémitisme. Les professeurs des écoles, collèges et lycées possèdent différentes ressources de l’état pour prévenir l’antisémitisme : le Réseau Canopé et la DILCRAH. Ils permettent de répondre aux écoliers, collégiens et lycéens de leurs différentes questions, mais aussi de prévenir l’antisémitisme. La prévention se réalise à travers des outils pédagogiques comme des sorties scolaires, mais elle possède justement des limites. Les professeurs le savent bien. L’antisémitisme peut-être prévenu à l’école, mais l’école ne pourra jamais endiguer un phénomène dépassant largement le cadre scolaire. Il existe une vie en-dehors du système éducatif. Cela nécessite des moyens d’envergure comme la visite de camp de concentration et d’extermination. Si certaines écoles le font déjà, la généralisation participera à une «prophylaxie mentale» par la sensibilisation de l’antisémitisme, mais aussi du négationnisme. Nul doute, que cela risque de créer une polémique profonde.

Le dessin de Plantu ne s’inscrit pas vraiment dans la logique d’une vision commune de lutter efficacement l’antisémitisme, mais de s’attaquer frontalement à l’enseignement en y cherchant un «bouc-émissaire». Le populisme ambiant s’intensifie tous les jours au sein d’une société de plus en plus polarisée, Plantu n’y échappe pas. Au fil des âges, Plantu devient de plus en plus conservateur. La question des fonctionnaires devient logique, puisque dans l’esprit réactionnaire, ils représentent l’ensemble des maux de l’ensemble de la société. Ce procédé permet de remettre en cause très clairement l’environnement et le foyer comme principal vecteur de la hausse de l’antisémitisme et du négationnisme.



Justement «l’antisémitisme au quotidien» se caractérise par une expression «libérée» de tout tabou. L’antisémitisme moderne possède une interconnexion entre l’interface virtuel que représente internet, et l’interface réelle que représente l’espace public. Contrairement aux autres époques, la diffusion des thèses sulfureuses ne se fait pas sous le manteau, dans des groupes obscurs, mais à la vue de tous. Cette publicité vient à élargir le public qui peut-être concerné par ces idées. Ainsi, le passage d’un champ à un autre, de la dématérialisation à la matérialisation de l’antisémitisme n’est pas réellement combattu par les pouvoirs publics et encore moins par le politique. La vindicte des politiciens sous leur cravate ne permet pas de faire reculer cette idéologie puissamment ancrée au sein de la société.

À l’heure d’un internet globalisé, les principales sources du négationnisme se trouvent sur la gigantesque toile d’araignée planétaire. Les réseaux sociaux tout comme les forums créent leurs propres bulles propices à l’auto-radicalisation de certains groupes sur des sujets précis comme l’antisémitisme et le négationnisme. La modération des réseaux sociaux reste inefficace. Les modérateurs laissent en ligne de nombreux propos contraires à leurs Chartes d’utilisation, mais surtout contraire aux différentes lois pénales et de celle sur la liberté de la presse. Dans le cadre de «Facebook», les groupes privés fonctionnent selon le système des «bulles de filtres» [[La «bulle à filtre» s’inscrit dans la tradition libertarienne théorique. Elle a été rédigée dans le livre de Eli Pariser, The Filter Bubble : What the Internet Is Hiding from You (La bulle du filtre : ce que l’Internet vous cache) en 2011. La vision proposée se concentre sur un « enfermement algorithmique » des utilisateurs, les poussant à une radicalisation certaine, le tout dans une logique extrémiste et débridée.]], si celui-ci est «privé et secret», alors les propos échappent à toute modération de la part du réseau social laissant le réseau dérivé dans l’antisémitisme.



Les affaires de cyberharcèlement du « Forum 18-25 » de « jeuxvideos.com » de la société « Webmédia » démontre aussi une certaine volonté de ne pas modérer dans une logique de rentabilité. La recherche par les internautes d’espace de non-modération aboutie à l’utilisation d’un langage entièrement décomplexé, mais aussi l’ouverture de discussion s’inscrivant dans le corpus de l’extrême-droite la plus radicale et identitaire. L’effet de la recherche d’aucun modérateur permet aussi de mettre en évidence la logique de refuser aucun contradicteur sous un risque de devenir une cible du harcèlement. Ainsi, la prise de position de modérer en fonction du nombre de signalements dans le cadre de Facebook ou de ne pas modérer ouvre la porte aux discriminations. Le refus de modérer ou la modération partielle de la part des personnes en charge de la gestion du dit site internet, laisse entendre que les propos «antisémites» ou même «négationnistes» ne sont pas des délits. L’article 6, I, 2 de la « confiance dans l’économie numérique » du 21 juin 2004 [[Article 6, I, 2. de Loi n° 2004-575 du 21 juin 2004 pour la confiance dans l’économie numérique (1). : «Les personnes physiques ou morales qui assurent, même à titre gratuit, pour mise à disposition du public par des services de communication au public en ligne, le stockage de signaux, d’écrits, d’images, de sons ou de messages de toute nature fournis par des destinataires de ces services ne peuvent pas voir leur responsabilité civile engagée du fait des activités ou des informations stockées à la demande d’un destinataire de ces services si elles n’avaient pas effectivement connaissance de leur caractère illicite ou de faits et circonstances faisant apparaître ce caractère ou si, dès le moment où elles en ont eu cette connaissance, elles ont agi promptement pour retirer ces données ou en rendre l’accès impossible.»]] protège les hébergeurs dès lors qu’ils n’ont pas connaissance, mais dans le cas ci-dessus, malgré les signalements l’inaction les rend responsables du contenu, puisqu’ils en ont connaissance, et de fait l’obligation de les supprimer.

Internet participe de manière importante à la diffusion du négationnisme, malgré sa constitution en délit depuis la «Loi Gayssot». Le Conseil Constitutionnel avait été saisi de cette question par Vincent Reynouard. Statuant sur la conformité avec la Constitution, le sages ont déclaré que les dispositions juridiques étaients conformes, mais rappelle que le négationnisme trouve son enracinement dans un antisémitisme profond [[«Considérant que les propos contestant l’existence de faits commis durant la seconde guerre mondiale qualifiés de crimes contre l’humanité et sanctionnés comme tels par une juridiction française ou internationale constituent en eux-mêmes une incitation au racisme et à l’antisémitisme» in Décision n° 2015-512 QPC du 8 janvier 2016.]]. C’est aussi une manière d’analyser que les partisans du rejet de cette loi y développe deux arguments assez traditionnel : la liberté d’expression et le débat historique.Le première argument développe une conception très américaine de la liberté d’expression à travers le 1er amendement de la constitution des Etats-Unis d’Amérique différent des principes hérités de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789 [[Le 1er Amendement de 1791 : « Le Congrès n’adoptera aucune loi relative à l’établissement d’une religion, ou à l’interdiction de son libre exercice ; ou pour limiter la liberté d’expression, de la presse ou le droit des citoyens de se réunir pacifiquement ou d’adresser au Gouvernement des pétitions pour obtenir réparations des torts subis. »]]. Cet amendement s’inscrit dans une logique où la liberté d’expression serait totale et sans limite, contrairement à la doctrine française qui se borne à des limites législatives. Il permet la diffusion des thèses les plus radicales, les plus antisémites. Les opposants à la «Loi Gayssot» se réfère régulièrement à Voltaire au nom de la «liberté d’expression», mais dans le fond n’est-ce pas une façon de s’inscrire à sa judéophobie si mal connue [[Leonard Rosmarin, «Voltaire et les Juifs», Man and Nature, n°11 (1992), p151–158.]] ? Le deuxième argument demande un débat sur l’existance ou non de la Shoah. Dès lors, les adeptes de ce dernier s’inscrivent dans une volonté de nier l’Histoire, mais aussi de la réécrire. Leurs théories réduisent aussi la question de la Shoah à celle des camps d’extermination, oubliant volontairement les «Einsatzgruppen» [[Ingrao Christian, « Violence de guerre et génocide. Le cas des Einsatzgruppen en Russie », Les Cahiers de la Shoah, 2003/1 (no 7), p. 15-44. URL : https://www.cairn.info/revue-les-cahiers-de-la-shoah-2003-1-page-15.htm ]]. En France, Dieudonné ou Alain Soral ont justement usé de cette caisse de résonance très importante en niant la Shoah pour y développer un «commerce». Les spectacle ont laissé place à des meetings antisémites, comme ceux que Drumont pouvait tenir. Ainsi, leurs fonds de commerce se base sur l’antisémitisme [[Guillaume Doizy, « Édouard Drumont et La Libre parole illustrée : la caricature, figure majeure du discours antisémite ? », Cahiers d’histoire. Revue d’histoire critique [En ligne], 135 | 2017, mis en ligne le 01 juin 2017, consulté le 18 novembre 2017. URL : http://chrhc.revues.org/5917]]. N’est-ce pas une ironie si Alain Soral a voulu republier les écrits d’Édouard Drumont [[AFP, «5 livres édités par Alain Soral interdits/censurés», Le Figaro, 13 novembre 2013 [En Ligne], URL : http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2013/11/13/97001-20131113FILWWW00626-5-livres-edites-par-alain-soral-interditscensures.php]]? Les condamnations se multiplient, l’antisémitisme et le négationnisme permettent de faire vendre, tout en attirant les personnes radicalisées horizons diverses.



La répression contre le négationnisme semble optimale, mais le développement du «Darknet» [[Le «Darknet» (le «Deep Web» est la version illégal du «Darknet») permet la sécurisation des connexions lors d’une visite d’un site internet, notamment lorsqu’il est utilisé à travers un VPN. Si le réseau ne peut-être considéré comme illégal, il est utilisé grâce à sa particularité pour de nombreuses causes illégales : les trafics en tout genre, les crimes, mais aussi pour le développement structurel des thèses radicales.]] par les réseaux d’extrême-droites, de la galaxie antisioniste, ou encore de la sphère islamo-djihadiste leur permet de diffuser leurs idées, de se structurer, et de s’autoradicaliser dans un anonymat quasi-réel. Il convient de noter également que les antisémites n’ont plus de honte de se revendiquer comme tel, et l’assume pleinement sur les réseaux sociaux. Dans l’Histoire de France, il s’agit d’une débridation de l’antisémitisme avec un sentiment entièrement décomplexé, notamment dans le cadre des crises économiques successives. [[Debono Emmanuel, « Les années 1930 en France : le temps d’une radicalisation antisémite », Revue d’Histoire de la Shoah, 2013/1 (N° 198), p. 99-116. URL : https://www.cairn.info/revue-revue-d-histoire-de-la-shoah-2013-1-page-99.htm]].

La Judéophobie, puis l’antisémitisme sont le résultat d’un endoctrinement religieux, puis politique très profondément enraciné, parfois dans l’inconscience de certaines personnes [[Georges Pragier, «Pourquoi l’antisémitisme ?», Carnet/Psy, n°139, 11 janvier 2009, [En Ligne], URL : http://www.carnetpsy.com/article.php?id=1831&PHPSESSID=gafjuplmpith1hur66b30p28s3]]. Freud y fait une approche théorique sur le fait que l’antisémitisme est le résultat d’un inconscient collectif profondément enraciné, mais nous manquons actuellement de sources pour le dévelloper davantage.



Sur le fond, les plans pluriannuels [[AFP, «Edouard Philippe annonce un nouveau plan contre l’antisémitisme, “bête immonde”», L’Express, le 02 Octobre 2017, [En Ligne] | Consulté le 09 novembre 2017, URL : https://www.lexpress.fr/actualites/1/societe/edouard-philippe-annonce-un-nouveau-plan-contre-l-antisemitisme-bete-immonde_1948847.html ]] du gouvernement se succèdent les uns à la suite des autres. On peut dire qu’ils n’ont aucun effet sur les actes antisémites [[Les sources du SPCJ sur la nature et le nombre d’actes antisémites sont sous-évalués, tout comme ceux du ministère de l’intérieur. En l’occurrence, ce sont des chiffres résultant en grande partie des plaintes visées et non de la nature de l’acte lui-même. Une grande partie des réseaux sociaux n’intègre pas le caractère délictuel, ou l’inscription dans les actes, alors que les messages antisémites ou négationnistes y restent omniprésents.]]. La vision décomplexée de différentes mouvances antagonistes profitent de la libération de la parole antisémite. Dans les derniers jours, nous constatons que des croix gammées ont été découvertes sur une dizaine d’édifices à Sens ; à Carhaix des inscriptions marquées Hitler ont été découvertes le 31 octobre 2017 ; le 1er novembre, la stèle en hommage à Ilan Halimi à Bagneux est détruite ; dans la Marne, sur la D13 des inscriptions nazies ont été taguées le long de la voie dans la nuit du 2 au 3 novembre 2017. On constate régulièrement que la presse considère ces inscriptions comme de simple «fait divers» reléguant des «crimes» comme des «actes banals» de la vie quotidienne.

De même, la décision de la Justice à propos des meetings de Dieudonné, dont celui sur le Dôme de Marseille soulève de nombreuses questions de fond, quant à la lutte contre l’antisémitisme de la plus haute juridiction administrative du pays [[Conseil d’État, 13 novembre 2017, Commune de Marseille, N° 415400 | [En Ligne], consulté le 22 novembre 2017, URL : http://www.conseil-etat.fr/Decisions-Avis-Publications/Decisions/Selection-des-decisions-faisant-l-objet-d-une-communication-particuliere/Conseil-d-Etat-13-novembre-2017-Commune-de-Marseille]]. Dans la nuit du 19 au 20 novembre dernier, peu après le meeting antisémite, des tags sur de nombreuses façades de commerçant avec l’inscription «Juif» ont été découvert dans la ville de Marseille [[Eric Miguet, «Des tags visent les juifs dans le centre-ville de Marseille», La Provence, le 20 novembre 2017 | [En ligne], consulté le 22 novembre 2017, URL : http://www.laprovence.com/article/faits-divers-justice/4715911/des-tags-visent-les-juifs-dans-le-centre-ville-de-marseille.html]]. Il ne s’agit pas d’une coïncidence, mais les conséquences de parole délibérée que le Conseil d’État a donné à Dieudonné, mais aussi d’une augmentation de l’antisémitisme dans la cité phocéenne. On se demande quel est l’attitude du Conseil d’État sur l’antisémitisme ?



Pour conclure, la radicalisation à travers l’antisémitisme et le négationnisme nécessite une pédagogie spécifique pour éviter de nombreux délits, crimes ou attentats (en faisant référence à l’école Ozar Hatorah, mais aussi le Bataclan). Le sujet de la prévention de la radicalisation ne peut passer à travers des lois liberticides faisant le jeu de ceux qui se radicalisent. La mise en place de l’état d’urgence permanent réduit les libertés publiques pour placer la sécurité des libertés. Il s’agit typiquement d’un raisonnement «autoritaire». Établir une critique contre le système éducatif ravie justement le fait de trouver de nombreux responsables dans la montée de l’antisémitisme au sein de l’Hexagone, souvent de manière simpliste et sans preuve.

À aucun moment, Plantu remet en cause le processus de la radicalisation. Dans le fond, on peut se demander si Plantu, dont la radicalisation progressive se construit au fur et à mesure dans une logique propre à ceux tombant dans le négationnisme et l’antisémitisme. Est-ce grave docteur ? Non, mais cela démontre bien que le caricaturiste le mieux payé de France ne pourra jamais tenir un discours solide sur un phénomène complexe, dont il est coincé à l’intérieur. Les donneurs de leçons feraient mieux aussi de se regarder dans le visage. La droitisation du discours Jean Plantureux nous permet de remarquer que ce dernier tombe dans la noirceur du populisme, du chauvinisme et du nationalisme.



Plantu vis-à-vis de l’antisémitisme et du négationnisme

Pourtant, il convient avant de s’intéresser au dessin lui-même de revenir justement à cette réalité : les dessins antisémites de Jean Plantureux. Dans cet antisémitisme, la place de Plantu pose question. Entre antisémitisme avéré et négationnisme, le caricaturiste qui se rend dans les écoles pour rencontrer des élèves se retrouvent face à sa propre contradiction. Par exemple, le 31 mars 2015, il publie une caricature illustrant une femme subissant un viol de la part d’un nazi sous l’emblème « Marketing Macht Frei » [[Pierre Le Bec, «Plantu tombe dans le négationnisme», Révolution et Libertés, [En Ligne] | Consulté le 04 novembre 2017, URL : https://revolutionetlibertes.fr/2015/04/02/plantu-tombe-dans-le-negationnisme/ ]], avec des propos «Tourne les pages salope». Il n’en fallait pas moins pour affirmer en substance que la Shoah s’inscrivait dans une ambiance décontractée. Plantu nia également les lieux de prostitution forcée, notamment à Auschwitz. Alors, avec la citation du nazi, il agite également la main d’un masculinisme. Ce dernier commet de nombreux crimes dans l’Hexagone, mais de manière général sur l’ensemble du globe. Cette caricature s’inscrit pleinement dans la délégitimation de la Shoah faisant le jeu des négationnistes comme Robert Faurisson.

Une affaire à mettre en lien avec sa prise de défense de Dieudonné sous le signe de Voltaire. La liberté d’expression peut encourager, selon lui, la mise en dynamique d’un antisémitisme le plus virulent sous un axe «anti-israélien». Soutenir de quelques façons les protagonistes de la haine anti-juif n’a rien d’ordinaire, mais il permet d’ouvrir un boulevard à ceux qui participent à la propagande judéophobe. En l’occurrence, Plantu s’associe à clairement à Dieudonné qu’il considère comme «taper sur toutes les religions» qu’il répéta à de nombreuses reprises dans le cadre d’un débat avec Alain Finkielkraut sur la chaîne I-Télé [[I-Télé, Interdiction de «Dieudonné : débat tendu entre Finkielkraut et Plantu», le 15 janvier 2014, [En Ligne] | Consulté le 5 Novembre 2017, URL : https://www.youtube.com/watch?v=IrJQuCWJZXM]]. Une allusion clairement fausse, puisque Dieudonné et l’ensemble de ses partisans s’inscrivent dans un rejet primaire des juifs du fait qu’ils sont juifs, mais aussi d’Israël. Sur les réseaux sociaux, Dieudonné se targue de partager les dessins de Plantu. Il s’agit du grand amour entre le comédien «antisémite» et le caricaturiste se proclamant comme «voltairien». Voltaire a bon dos de nos jours, puisqu’il permet de soutenir la liberté d’expression des pires ordures sans en donner une limite, mais on constate qu’il s’agit manifestement d’une contradiction du fait que la vie de Voltaire se soit déroulée entre le XVIIème et le XVIIIème siècle. Plantu s’inscrit dans une défense de la liberté d’expression sans poser de limite à l’Américaine, mais il se réclame ironiquement du droit à «l’autocensure» [[Dominique Simonnet, «Le caricaturiste doit passer au travers des interdits», L’Express, le 12 Octobre 2006 [En Ligne] | Consulté le 05 novembre 2017, URL : http://www.lexpress.fr/styles/mode/le-caricaturiste-doit-passer-au-travers-des-interdits_479986.html#b5t4Z4JZ67LwIqw6.99]].



Malheureusement, le dessin concernant l’anorexie et le négationnisme ne s’inscrit pas comme un dérapage unique du caricaturiste, mais une vision idéologique très profonde.

Plantu, malgré sa sulfureuse approche de l’antisémitisme et de la Shoah que je viens de mettre en évidence. Le caricaturiste accuse les professeurs de ne pas enseigner l’Holocauste dans les collèges et les lycées. Il n’en fallait pas mieux pour créer un véritable malaise de la part de la communauté éducative. Au moment où les divisions deviennent de plus en plus forte, la communauté éducative est accusée de faire le jeu de l’antisémitisme. Une ambiance délétère se crée progressivement à travers la recherche du «bouc-émissaire». L’éducation nationale ne sera jamais parfait, mais elle réalise un travail plus profond que Plantu à ce sujet. Elle ne tombe pas dans le négationnisme, contrairement à Plantu.

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