La baisse des APL va-t-elle augmenter le prix des loyers ?

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Le gouvernement d’Edouard Philippe entend pleinement assumer la baisse des APL pour les ménages de l’ordre de 5 à 20 euros par mois, c’est-à-dire un manque dans la trésorerie entre 60 et 240 euros par an. Ces économies répondent à une étude de l’Insee qui affirme que l’inflation des loyers résulte de l’application des APL[[«Si l’offre de logements ne s’adapte pas, alors ces aides, au lieu de bénéficier aux ménages allocataires, peuvent entraîner une hausse du prix des loyers» in L’impact des aides au logement sur le secteur locatif privé,Céline Grislain-Letrémy et Corentin Trevien, Division Marchés et entreprises, Insee, 14 novembre 2014]]. Par un miracle impromptu, la suppression des APL va faire baisser les loyers selon les partisans de l’ancien monde. Cette baisse des dépenses dans le logement est censée financer en partie la transformation de l’Impôt de Solidarité sur les Fortunes vers l’Impôt de Solidarité sur immobilier. Une réforme structurelle est en attente pour le calcul se face différemment, afin de réaliser davantage d’économie sur les classes populaires.

Le directeur de l’Union sociale pour l’habitat (USH), Frédéric Paul, a tout de même affirmé que «Le risque que l’’on court, c’est de casser un secteur qui produit actuellement 100.000 logements et qui permet d’assurer 200.000 emplois dans le bâtiment». La baisse de la construction va dans l’opposition de ce qu’Emmanuel Macron a déclaré le 11 septembre dernier lors d’une visite à Toulouse

Nous mettrons en place un vrai choc d’offre qui permettra sur des territoires donnés, où le prix du logement s’est envolé, sur un temps donné, une politique de libération du foncier public et privé, une politique de réduction des exigences des normes, de réduction des délais de recours, qui coûtent très cher pour pouvoir produire massivement en quelques années.

Après une baisse de 5 euros théoriques, viendront des baisses entre 50 et 60 euros par mois, soit un manque à gagner entre 600 et 720 euros par an pour de nombreux locataires. Une somme risquant d’augmenter considérablement les risques d’impayés, dont les conséquences vont déboucher logiquement sur une hausse massive des expulsions sauvages (pour les propriétaires les plus barbares) ou en bonne et du forme à travers des ordonnances d’expulsion, dont la mesure est appliquée par un officier de police judiciaire. Cela va se traduire logiquement par une hausse importante des logements vide, mais aussi une hausse de la demande.

Il semble que l’élasticité de l’offre par rapport à la baisse des APL ne puisse créer une baisse durable des loyers. En effet, prétendre que les propriétaires vont baisser les loyers se confronte directement à ce que le loyer représente pour les propriétaires : une partie de leur revenue. Qui souhaite baisser ses revenus ? Manifestement personne. En d’autres termes, les propriétaires ne baisseront pas les loyers, puisqu’ils ne voudront pas sacrifier une partie de leurs revenus.

Les propriétaires comprennent que les mesures du gouvernement favorisent le risque d’impayés, alors le risque des différentes procédures, dont la charge est le plus souvent aux propriétaires augmentent. La «pierre» s’inscrit souvent dans le cadre d’un investissement important pour les propriétaires. Il y a ceux qui pensent que le loyer peut permettre de rembourser le crédit, et ceux qui pensent que le crédit doit être remboursé sur les revenus salariés. Les premiers spéculent sur l’honnêteté des locataires avec un montage financier dangereux, dont un problème divers sur un mois comme un retard dans les fiches de paye, risque de créer un problème important dans le remboursement de l’emprunt qui lui-même sera en retard. D’autant qu’en cas d’un loyer non-payé, le propriétaire se retrouve lui-même dans une situation d’impayé vis-à-vis de sa banque. Dans le second cas, nous assistons à ceux qui peuvent rembourser le crédit de manière autonome quelle que soit la situation du locataire. Ainsi, lorsque qu’il existe des problèmes de loyer, le propriétaire n’a aucun problème avec sa banque.

Face aux différents risques d’impayés pour les propriétaires, nombreux sont ceux à ne pas vouloir prendre un chemin hasardeux et aléatoire pouvant déboucher sur de nombreuses procédures judiciaires. Ainsi, ces derniers laissent «travailler la pierre» en spéculant sur le prix de l’immobilier, afin de réaliser une plus-value immobilière. Si l’intérêt de la société ne peut-être une hausse de la spéculation immobilière, l’intérêt des propriétaires l’est.

Manifestement, Emmanuel Macron en voulant créer «un choc de l’offre» va faire augmenter les loyers, avec une baisse importante de leur nombre face à des locataires toujours plus nombreux, notamment dans les zones tendues où celui-ci est largement au-dessus du marché. La politique d’Emmanuel Macron ne peut paraître cohérente.

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