Macron et le “président jupitérien”
Emmanuel Macron a présenté son discours à Versailles, Édouard Philippe le sien au Palais Bourbon. Nous connaissons l’agenda du gouvernement et les ambitions du président de la République jusqu’en 2022.
Emmanuel Macron affirmait dans une entretien à Challenges le 16 Octobre 2016 que
François Hollande ne croit pas au “président jupitérien”. Il considère que le Président est devenu un émetteur comme un autre dans la sphère politico-médiatique. Pour ma part, je ne crois pas au président “normal”.
Dès lors, Emmanuel Macron souhaitait se positionner comme un président “Jupitérien”, c’est-à-dire un président alliant l’Homme et le côté divin. Le choix de Jupiter n’est d’ailleurs pas anodin, puisque Jupiter dans la mythologie romaine est le “roi des Dieux”. Cela se traduit par une envie de se placer au-dessus des Français, mais aussi de tous les Dieux existant. Autrement dit, Macron est le chef “absolu” de ce qui existe qu’il soit matérialisé comme les êtres humains et des êtres spirituels comme les Dieux. Cela se place évidemment dans une position mégalomane et dangereuse. De surcroît, il s’agit manifestement d’une référence de la question de l’hyperprésidentialisation. Le mandat de Nicolas Sarkozy est révolu depuis déjà plus de cinq ans, mais on peut dire que son influence continue. Ce dernier déclarait que “avec l’âge, je suis devenu modeste : Macron, c’est moi en mieux!“.
Dans un discours à New-York, Bruno Lemaire déclarait que
Emmanuel Macron est Jupiter. Je suis Hermès, le messager.
La faute dans la citation : Hermès est grec, Jupiter est romain. Le messager de Jupiter entre les Dieux romains est Mercure. Cela témoigne très bien l’envie de se placer au-dessus des Femmes et des Hommes. Les références divines comme celles monarchistes bousculent profondément la question de la mise en dynamique de “l’absolutisme”.
Plus largement, ces références remettent clairement en cause la thématique de la “laïcité” au plus haut niveau du pouvoir. On n’entend pas vraiment de scandale à ce sujet. La laïcité, ça arrange de nombreuses personnes dans des conditions précises, et non de manière universel. Pourtant, il s’agit bel et bien de l’interférence du divin au sein du pouvoir, et le refus de la séparation de la religion et du pouvoir.
Alors que la Cinquième République semble profondément enracinée dans le paysage français, la monarchie ne s’éloigne jamais, elle est présente à chaque recoin là où on ne s’y attend pas. Sur les ruines de la monarchie est battit la République, à savoir sur les restes de l’absolutisme et de l’obscurantisme. In Facto, l’ordre ancien apparaît comme proche comme jamais. La Constitution semble vouloir être appliquée à la lettre, en allant jusque dans les limites du texte pour tenter de mettre en avant le caractère “Républicain” du Président de la République. La réalité apparaît comme tout autre. La monarchie absolue a enfanté du Bonapartisme, mais aussi de la Cinquième République. Dans, l’époque pré-révolutionnaire, le Roi se considérait à l’égal de Dieu et la représentation de Dieu sur terre. En conséquence, il apparaît que l’expression “gouvernement jupitérien” considère in extenso l’Assemblée Nationale comme étant comme un outil de valider l’ensemble des projets de loi et des ordonnances, mais aussi comme un gouvernement placé sous l’égide de Dieu à savoir “Jupiter”. Nous sommes dans un type de pouvoir où le président de la République à travers le transfert des pouvoirs du ministre gère directement le pays d’une seule main. Il apparaît logique que le Parlement apparaît comme totalement factice, puisque ce dernier est au service du Président de la République. Les députés de “LREM” doivent obéissance au gouvernement “Philippe II” à savoir Emmanuel Macron jusque dans les applaudissements. L’absolutisme de Macron tient d’une “main de fer” le Parlement pour en faire un instrument au service d’un parti politique.
Ce pouvoir absolu, ce pouvoir divin va de paire avec la “codification de l’état d’urgence“. En effet, le gouvernement va pouvoir réprimer l’ensemble des contestations contre ses projets datant d’un autre âge. Cette vision permet de respecter l’ordre politique en place, mais aussi de revenir sur les traces de l’ancien régime. Il s’agit de renier l’ensemble de la séparation des pouvoirs, puisque le pouvoir exécutif pourra faire sa propre loi. Que l’on se rassure, même avec une séparation des pouvoirs, la Justice est toujours l’avocat du pouvoir exécutif en d’autres termes des policiers, notamment pour couvrir leurs différents crimes et les meurtres, dont ils sont coupables.
Macron se réfugie derrière les références comme la “grande de la France” pour justifier les politiques désastreuses avec des méthodes autoritaires. Le spectacle qu’il a fait devant sa Cour dans le Palais de Versailles pour tenir son congrès rappelle inlassablement le “Roi Soleil”. Le Césarisme ou le Monarchisme renvoie inexorablement à cet arbitraire, mais aussi à la fin du parlementarisme pour un régime despotique et totalitaire.