La codification de l’état d’urgence est “En Marche”
François Bayrou, nouveau garde des Sceaux ou des sots (on se demande) reprend pleinement la rhétorique de l’extrême-droite et du Front National à savoir que la sécurité serait la première des libertés.
Ceux qui pensaient que voter en faveur d’Emmanuel Macron pour combattre le fascisme résidait dans la meilleure des options se sont manifestement trompés. Ils ont au contraire donné le pouvoir à un président, dont l’idéologie fasciste reste omniprésente sous une couverture libérale. Le fascisme a permuté et se transforme au fil des années. Le combat de l’idéologie se place désormais au-dessus du combat des partis politiques.
Le système sécuritaire s’accentue d’année en année se basant sur des drames, des tragédies, des attentats et des faits divers. Les questions xénophobes sous les différents gouvernements ont été accentuées par la crise des réfugiés liée aux différentes guerres civiles, au terrorisme et au réchauffement climatique dans de nombreuses zones du globe. De ce fait, de nombreux réfugiés se sont retrouvés à errer dans Paris comme à Calais créant des camps de fortune pour tenter de survivre. Les conditions de précarité et d’insalubrité des camps résultent de la non-prise en charge par les différents services de l’état de ces êtres humains en grande souffrance. Leur vulnérabilité sert de caution à une propagande particulièrement hostile aux réfugiés et de soutien aux régimes dictatoriaux, ainsi que différentes organisations terroristes. Le scandale de la “no-go-zone” du quartier “la Chapelle” rappelle insensiblement que les drames humains peuvent servir d’argumentation pour insuffler la peur dans un quartier, mais surtout servir la question des émotions. Le plus tragique reste que cette campagne poursuit le cheminement d’une chaîne de télévision d’extrême-droite américaine : Fox News. Babette de Rozières, candidate sous l’étiquette du parti d’extrême-droite “Les Républicains” en a bénéficié pour tenter de chasser du quartier : les classes populaires, les féministes, les réfugiés, les travailleurs (tout comme les chômeurs) et les personnes de gauche. On se rend compte également que le parti en question à l’œuvre ne défend absolument pas la question de l’égalité “homme-femme”, mais bien les liens “naturels” entre les hommes et les femmes, ce qui en fait un parti clairement masculiniste. À propos de la “fausse” polémique, Valérie Pécresse déclarait aux habitants : “Ne vous inquiétez pas, le quartier va être nettoyé”. Il s’agit d’une volonté réelle de déshumaniser l’opposition à ceux qui n’ont pas les valeurs ultra-réactionnaires de ceux qui soutenaient François Fillon. La “chosification” des êtres humains ouvre les voies à un régime très autoritaire, voir au totalitarisme dans certains cas. Il s’agit d’une façon plus accrue d’accentuer la répression sur les réfugiés, dont l’état les réprime déjà, ainsi que ceux qui leur viennent en aide. En d’autres termes, il s’agit d’une perte de liberté pour assurer à la bourgeoisie la pleine satisfaction de ses demandes, mais aussi garantir sa propre sécurité.
La politique émotive va de plus en plus loin. Justement, ce type de pratique s’inscrit pleinement dans le reniement des “droits de l’homme”, puisqu’il s’agit entre autres de mettre à mal les libertés et les droits que nombreuses personnes ont arraché, souvent dans le sang. Sur la question du terrorisme, il est vrai qu’elle n’est pas nouvelle. Ce n’est pas une nouveauté. Personne ne peut croire que le terrorisme est arrivé avec “Daesh”. Les vagues sanglantes existaient déjà dans les années 60 et 70. On pourrait d’ailleurs remonter jusqu’au XIXème siècle. Cette politique émotive tend à rendre amnésique l’ensemble de la société sur la question du terrorisme.
Cela fait aussi écho à la première ministre britannique qui affirme que “s’il faut changer les lois sur les droits de l’Homme, nous le ferons”. Autrement dit, “la sécurité” devient la “première des libertés”. Les propos viennent tout droit de Jean-Marie Le Pen.
Il s’agit d’un électorat en manque de sécurité prêt à sacrifier toutes ses libertés, ses droits fondamentaux pour obtenir davantage de sécurité. Cette frange conservatrice s’inscrit pleinement dans l’autoritarisme. Il s’agit d’une partie de la population prête à sacrifier toutes les libertés et les droits fondamentaux pour se satisfaire pleinement d’une politique sécuritaire, répressive et autoritaire. En d’autres termes, le fascisme “dilué” prend doucement ses racines dans la mouvance libérale pour satisfaire ses besoins, c’est-à-dire assurer un système d’autoprotection idéologique contre les idéologies opposées au libéralisme, plus largement au capitalisme et à la barbarie qu’il engendre. En conséquence, cet autoritarisme ne peut prétendre lutter contre le terrorisme, et d’empêcher tous les attentats. Les candidats aux différentes élections et les personnalités politiques défendant cette approche ne peuvent que s’inscrire dans un populisme rance.
Marine Le Pen a perdu les élections présidentielles, mais son programme sécuritaire risque d’être appliqué à la lettre. N’est-ce pas une ironie ? Si son programme est appliqué, alors on peut dire que sur le fond Marine Le Pen n’a pas véritablement perdu l’élection. Le combat des idées et l’affrontement des partis politiques apparaissent comme deux choses différentes. Pourtant, si la doctrine d’un parti politique A pénètre un parti B, alors on peut dire clairement que la doctrine A a remporté la “bataille des idées”. Entre autres, on peut dire que la position sécuritaire de l’extrême-droite semble transcender les différents partis politiques, dont ceux qui se disent “progressistes”. Il apparaît de jour en jour, de nouvelles preuves que le “Front Républicain” se révèle être une chimère, puisque la “lepénisation des esprits” est mis directement en application au sein des partis bourgeois.
La codification de l’état d’urgence s’était largement mise en place sous la houlette de Bernard Cazeneuve va se poursuivre. Le XXIème siècle et les années 2020 risquent de s’inscrire dans un “choc des pouvoirs”, notamment dans la tentative de poursuivre le projet présidentialiste, dont l’objectif reste la fin de la “séparation des pouvoirs”.
De ce fait, le sécuritarisme qui sera porté par le maire de Lyon, proche du milieu d’extrême-droite et des identitaires, et le nouveau ministre de la Justice auront le plaisir de mettre en œuvre des mesures qui vont finalement uniquement servir à défendre la politique bourgeoise. En outre, ne soyons pas surpris que les dérives omniprésentes dans ce fameux “état d’urgence” vont subsister. Il s’agit d’un outil politique très poussé dans la répression de la contestation.
Est-ce un signe de vouloir museler les prochaines manifestations contre la “Loi Travail II” ou “Loi Travail XXL” ?