Quelques notes sur Emmanuel Macron
L’élection présidentielle de l’année 2017 pose un quatuor pour se qualifier au second tour, dont Emmanuel Macron. Deux candidats seront forcément sélectionnés au détriment des deux autres. Il s’agit de la première sélection.
Concernant Emmanuel Macron, on constate que sa rhétorique est creuse et porte de nombreuses incohérences idéologiques comme politiques.
Macron a déjà déclaré sa flemme à la Dame de fer pour son courage en 2015 :
Les britanniques ont la chance d’avoir eu Margaret Thatcher
[…]
Quand on compare [la France] avec le Royaume-Uni dans les années 80, la grande différence est que nous n’avons pas assuré [les réformes] à l’époque. Les Français se rendent compte que les autres ont décidé de changer et que nous sommes les seuls à ne pas réformer notre propre système.
Vanter la politique de Thatcher se résume à vanter la politique ultralibérale que cette dernière a mené avec le principe propre de la “tolérance zéro” c’est-à-dire dans la brutalité, l’autoritarisme, et le jusqu’au-boutisme. Il s’agit d’une politique contre les travailleurs, contre les familles et une politique contre la productivité. Le travailleur n’a rien gagné de ces années-là : moins de service public, privatisation du rail, fermeture des mines, etc. Thatcher était aussi la grande amie de toutes les dictatures libérales : Chili, Argentine, etc. Thatcher avait une position réactionnaire, obscurantiste datant d’un autre monde. Les victimes du Thatchérisme en Angleterre n’ont pas oublié et ont même fait entendre leurs voix à l’annonce de son décès. Theresa May s’inscrit toujours dans cette logique : le problème c’est le travailleur et l’état. À la longue, cela débouche sur la “Big Society” de David Cameron c’est-à-dire une libertarianisme conservateur sous-poudré de malthusianisme (au sens économique comme social).
La question rhétorique de l’abandon par Emmanuel Macron de l’idée que la droite et la gauche n’existeraient plus, s’inscrit parfaitement dans la rhétorique de l’extrême-droite défendue par Marine Le Pen, avec son “ni de droite, ni de gauche”. En fin de compte, on constate que l’élément de langage sert surtout la droite pour masquer sa propre façade. Le temps n’a jamais été révolu pour la droite comme la gauche. Le nier, c’est faire abstraction des divisions internes au sein de l’échiquier politique, mais surtout nier la question politique des différents courants politiques. En l’occurrence, il s’agit pleinement d’une stratégie pour penser que les lignes politiques ne sont que de l’Histoire ancienne, tout en propageant cette idée que l’austérité a des vertus, mais aussi que les économies peuvent être un investissement. Si de nombreuses personnes de Manuel Valls à la droite dure convergent vers Macron, c’est que sa ligne penche clairement à droite.
Dans le cadre du projet d’Emmanuel Macron, ce sont pas moins de 60 Mds d’euros qui seront économisés sur le dos des travailleurs, des fonctionnaires avec 150 000 postes en moins. La rigueur budgétaire et la transformation radicale du marché du travail (mise en place par des ordonnances pour montrer qu’il est autoritaire et “antisystème”) sont censées redonner de la croissance, et faire baisser le chômage, alors que les démonstrations faites en Grèce, Italie, Espagne, Portugal affirment que cela augmente la dette publique, fait stagner la croissance, mais surtout créer une véritable explosion du chômage. De même que la suppression de la CSG s’inscrit parfaitement dans la déstructuration de la Sécurité Sociale, et de l’accès aux soins. Les vieilles recettes d’hier ne fonctionneront pas pour demain. De ce fait, le projet de Macron tente désespérément de sauver ce que Nicolas Sarkozy, puis François Hollande ont tenté de faire, cela ne peut que déboucher sur un véritable échec. Cette ligne droitière est parfaitement assumée par le candidat du mouvement “En Marche !” au nom du progrès, alors qu’il s’agit parfaitement d’une régression.
Dans un contexte économique très instable, le patronat a choisi son candidat. Pierre Gattaz rompt avec la tradition de sa corporation, en soutenant le programme économique, autoritaire et austère de François Fillon. Qu’importent les questions sociétales notamment sur la famille, la religion, le candidat empêtré dans les affaires fiscales fait le bonheur de ceux qui pensent que le problème provient en premier lieu des travailleurs, des chômeurs et des classes populaires. Cette démonstration montre qu’en cas de menace pour ses propres intérêts économiques, la classe dominante se réfugie toujours dans les bras de la réaction la plus aigüe. Mais, en cas d’échec de François Fillon d’accéder au second tour, Pierre Gattaz pourra très bien se rattacher à Emmanuel Macron, pour montrer que ce dernier est “antisystème”.
Autant dire que le vote n’a jamais autant présenté une menace sur nos vies. Il modifie nos vies un tournant réactionnaire, libéral et autoritaire sans précédent. L’absentéisme sera forcément du doigt, mais ceux qui ne votent pas, ne sont pas responsables des votants, et de leurs conséquences.