Vote utile : vote bourgeois

Il reste un mois avant le premier tour de l’élection présidentielle. Le vote démocratique que la majorité des bourgeois attende est arrivé. Dans ce cadre, les élections démocratiques apparaissent comme tomber en désuétude.

Vote utile ou vote bourgeois ?

L’ancien ordre et le conservatisme semblent dominer les débats au sein de la campagne de l’élection présidentielle. Le vieux monde semble se retrouver à travers les onze candidats. Pour nombreux d’entre eux, le Curriculum Vitae les fait apparaître comme des anciens ministres ou secrétaires d’état, des élus (députés, sénateurs, députés européens ou encore élus locaux). D’ailleurs, nombreux sont aussi ceux à se représenter à l’élection présidentielle de cette année.

L’élection présidentielle est une grande répétition de la démocratie bourgeoise, pour savoir qui présidera la nation durant les cinq années qui vont suivre. Cette élection s’inscrit en particulier dans la défense de l’état bourgeois. Cette logique se met en dynamique avec des programmes néoclassiques (Emmanuel Macron, Marine Le Pen), keynésiens (Jean-Luc Mélenchon, Benoît Hamon) ou libertariens (François Fillon).

Les candidats défilent les uns après les autres, faisant croire aux électeurs que le régime est réellement présidentialiste, alors que le régime est avant tout parlementaire puisque ce sont les parlementaires qui font le gouvernement. En votant à un mois d’écart entre le second tour de la présidentielle et le premier tour des élections législatives, la grande élection se situe dans celle des parlementaires, ce que peu de personnes savent. Mais alors pourquoi cette passion pour l’élection ?

Le présidentialisme s’inscrit dans la poursuite des régimes autoritaires, et de la défense de la bourgeoisie. Le président possède des pouvoirs propres : état d’urgence, l’état de siège ou encore l’article 16 de la Constitution (les pleins pouvoirs du président de la République).

Pourtant, les résultats de l’élection présidentielle de 2002 (qui n’est que la poursuite d’un processus enclenché depuis 1981) ; les élections entre 2012 et 2017 ont mis en perspectif la question de l’existence d’un vote républicain. Ce vote prend une perspective importante puisque le “vote utile” tend à faire barrage à l’extrême-droite. Cette dernière s’apparente uniquement au Front National. Depuis les lignes se sont modifiées. La radicalisation de la droite républicaine a poussé le parti Les Républicains hors du champ républicain.

Le “vote utile” a largement été utilisé comme l’élection de 2002 opposant Jacques Chirac et Jean-Marie Le Pen. Le Front Républicain semble toutefois tomber perdre de sa vigueur. En outre, la volonté des électeurs et des partis de trouver une autre voie apparaît une tentation de tirer les profits de l’extrême-droite. Des alliances de façade mettent également la recomposition du paysage politique français.

Le “vote utile” s’inscrit dans le “vote républicain”, et plus particulièrement dans le “vote bourgeois”. Ce dernier est censée faire face à un fascisme, alors que les régimes autoritaires sont directement issus de la bourgeoisie. Ipso Facto, le vote ne permet en aucun cas de faire face au fascisme, puisque ce dernier ne correspond qu’à un moyen de protection de ses intérêts lorsqu’elle est menacée.

Les extrême-droites sont un pilier de la bourgeoisie

La montée de Marine Le Pen et de François Fillon dans les sondages à hauteur respective de 26 % et 18%. Cela permet de considérer que les deux extrême-droites ont un niveau supérieur à 40% dans l’ensemble des sondages. Ces derniers pèsent une menace considérable. Pourtant, la position entre les deux, si elle est bien de dissoudre la République pour un régime autoritaire et ultra-libérale, les divisions de façade ne permettent pas de mettre en avant des oppositions réelles. En conséquence, on peut dire que l’extrême-droite a pu particulièrement profiter de la crise pour défendre les responsables de cette dernière. Le modèle économique est un saut dans le passé mêlant l’esprit victorien, la contre-révolution vis-à-vis des évènements de 1789 et les boulangistes/poujadistes. Les traditionalistes chrétiens qui pensent qu’il faut séparer les hommes et les femmes, lire la bible et faire la messe en latin ont aussi un même combat pour les valeurs conservatrices de la famille : pénalisation de l’homosexualité, de l’avortement, rupture avec la laïcité, etc.

Pourtant, ce tableau devrait faire particulièrement peur aux travailleurs. Sauf que le troisième est évidemment Emmanuel Macron avec son parti politique “En Marche“. Ce dernier est le refuge des fidèles de Manuel Valls et des opposants de la droite face aux positions jugées trop extrémistes trop extrémiste de François Fillon.

Dans tous les cas, nous sommes à près de trois personnes sur cinq qui pensent que les solutions patronales, le libéralisme et les positions malthusiennes permettraient de résoudre la crise du chômage. Les travailleurs se retrouvent en minorité, mais avec un problème de taille : certains travailleurs pensent que le problème vient des travailleurs. Cette tendance “Jaune” se développe de manière progressive au sein de notre société. Il y a deux sortes de travailleurs : les “Jaunes” (où plutôt les bleus), et les “Rouges”. Dans ce cadre, la lutte contre le patronat va de paire aussi avec la lutte contre les Jaunes et leurs alliés : les bleus.

Le vote “utile” ne peut aller dans le sens des “travailleurs”, mais dans celui d’une “bourgeoisie”. Cette bourgeoisie est d’ailleurs celle qui est également au sein des deux extrême-droites. La bourgeoisie est hétérogène et s’oriente en fonction de l’orientation du vent. Il existe des niveaux divers dans l’implication de la bourgeoisie pour un capitalisme à tout prix. Dans ce contexte, la bourgeoisie possèdera toujours l’aspect sécuritaire, autoritaire afin de défendre ses intérêts allant de sentiments “progressistes” ou “conservateurs”. Le fond reste le même.

Le vote utile : un vote contre les travailleurs

La classe des travailleurs semble prise dans un guet-apens entre le vote pour la bourgeoisie pour éviter un parti bourgeois qui serait le moins pire. Dans ce cadre, les travailleurs ne peuvent suivre une grille lecture qui démontre que leurs intérêts seront sacrifiés au nom d’une morale républicaine. La République est certes importante, elle est née de nombreuses luttes, elle se relèvera, mais ne pourra se transformer sans la lutte des travailleurs pour leur émancipation. Nous revenons sur une citation de Rosa Luxembourg dans Réforme Sociale ou Révolution :

Dans cette société, les institutions formellement démocratiques ne sont, quant à leur contenu, que des instruments des intérêts de la classe dominante.

Mais aussi dans Que veut la ligue spartakiste ? :

Mais la révolution prolétarienne sonne en même temps le glas de toute servitude et de toute oppression ; voilà pourquoi se dressent contre elle dans une lutte à mort, comme un seul homme, tous les capitalistes, les Junkers, les petits-bourgeois, les officiers, bref tous les profiteurs ou les parasites de l’exploitation et de la domination de classe.

Voulons-nous sauvegarder les institutions ? On peut considérer que non. De ce fait, on peut considérer que la démocratie libérale, si elle évolue ne va aller que dans la protection des intérêts de la classe dominante. D’ailleurs comme le souligne Rosa Luxembourg, cette démocratie n’est qu’un instrument de la bourgeoisie pour mieux exploiter les classes populaires. Alors, certains réformistes tentent de mettre en évidence que la solution serait une nouvelle constitution, et la mise en dynamique d’une Assemblée Constituante. Pour autant, le renouveau que souhaitent ces derniers s’inscrit particulièrement dans une logique petite-bourgeoise, et donc bourgeoise.

C’est pure folie que de s’imaginer que les capitalistes pourraient se plier de bon gré au verdict socialiste d’un Parlement, d’une Assemblée nationale, qu’ils renonceraient tranquillement à la propriété, au profit, aux privilèges de l’exploitation.

Le citoyennisme omniprésent ces dernières années sous différentes formes ne peut qu’apparaître comme une solution petite-bourgeoise, puisqu’elle refuse de mettre en dynamique la question des classes sociales. De plus, cela sous-entend réformer par le légalisme, mais aussi revenir à un système autoritaire.

En opposition du “vote utile”, il y a certes le “vote militant”, mais ce dernier possède également les limites qu’imposent la démocratie bourgeoise.

Enfin, la démocratie ouvrière n’entre pas dans les urnes, alors le “vote utile” apparaît particulièrement lointain, puisque celui-ci ne peut-être que l’émanation de la bourgeoisie. Les luttes sociales font les conquêtes demain, ces dernières passent par la rue, les manifestations, les grèves ou encore le blocage des axes principaux.


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