La Loi de Sécurité Publique renforce le pouvoir des flics

Durant l’été et l’automne, les flics en civil ont manifesté pour demander une réforme profonde en matière de la légitime défense avec la revendication de posséder les mêmes droits que les gendarmes. C’est chose faite.

Une Loi Sécuritaire en pleine affaire Théo

On peut dire que le Projet de loi Sécurité Publique ne tombe pas au bon moment. Dans un contexte d’émeutes, les conservateurs accueillent positivement la promulgation de la nouvelle Loi. Les premiers décrets, arrêtés et circulaires vont bientôt pouvoir un aspect réglementaire à cette dernière. Pourtant, pour les partisans de l’État-Policier, de la décapitation ou encore de la Guillotine, cette dernière est jugée encore trop “laxiste”.

L’affaire Théo (si on peut l’appeler ainsi) se résume par le viol commis en réunion de quatre policiers sur un jeune homme de 22 ans lors d’une contrôle d’identité. On notera que l’un des barbouzes a porté plainte contre Théo pour rébellion, et peut-être outrage afin de toucher son treizième mois. Les mensonges sont devenus une habitude, mais la Justice en sa qualité de défendre la bourgeoisie est naturellement à leur pied. Les flics et les juges sont “copains comme cochons”. La fameuse séparation des pouvoirs s’arrête là où le policier ment. Un mensonge sera toujours une vérité pour la bourgeoisie tant qu’il sort de la bouche d’un poulet.

Alors cette loi que dit-elle ? Le renforcement des différents droits des policiers et l’assouplissement de certaines contraintes renforcent inexorablement la pression sécuritaire et autoritaire de l’état. Alors que nous sommes toujours sous contrainte de l’état d’urgence pour rassurer les conservateurs et les réactionnaires, ces derniers vivent dans l’idée que le droit et les effets du droit sont inexorablement la même chose. Je l’ai déjà développé sur le blog dans le cadre d’interdiction par arrêté préfectoral d’une manifestation :

Les effets du droit sur les interdictions de manifestation ou de rassemblement sont toutefois intéressants à analyser. En effet, on constate que si l’argument du maintien de l’ordre est évoqué pour interdire une manifestation, il reste qu’une manifestation déclarée est plus facile à gérer qu’une manifestation interdite, car les manifestants viennent tout de même s’exprimer. Autrement dit, il n’est pas dans l’intérêt de la Préfecture de Police d’interdire une manifestation jugée sensible, puisque cette dernière ne peut que déborder et terminer en affrontement. Ces deux derniers éléments, c’est ce qu’elle veut éviter, mais finalement, elle le provoque par son obsession à croire que l’ordre public se gère par des lois, des décrets ou des arrêtés. La réalité de la lutte passe évidemment au-dessus du cadre juridique. Concrètement, les effets que produit le droit ne sont pas ceux souhaités. De ce fait, si le Préfet interdit une manifestation, que la manifestation a tout de même lieu et que cette dernière dégénère, alors il est de la responsabilité du Préfet sur la dégénération de la manifestation. En définitif, interdire une manifestation ne permet en aucun cas d’empêcher les manifestants de s’exprimer. Au pire, ils écoperont d’une amende de 11 euros.

Il s’agit surtout d’un canular intellectuel. Ils n’empêcheront jamais des personnes de faire ce qui est interdit, ils réprimeront, mais le fait sera effectué. Dans la rhétorique conservatrice, tout acte contraire à loi correspond au laxisme de l’état et à l’insécurité. On pourrait presque y voir la fameuse chienlit. La classe dominante pense qu’une politique plus répressive en matière de sécurité (avec des méthodes toujours plus répressives et liberticides) fera baisser l’insécurité, quand cette dernière n’augmente pas les délits pour gonfler les chiffres. Un cercle vicieux appelant à un retour autoritaire et sécuritaire sans limite se forme progressivement. D’ailleurs, la droite décomplexée reprend régulièrement la doctrine “lepéniste” en sous-entendant que “la première des libertés est la sécurité”. Cela conduit à la surenchère sécuritaire à tous les niveaux. Ces derniers tentent de montrer à leur électorat qu’ils ne sont pas “laxistes”.

Le législateur sur ce projet de Loi appartient au … Parti Socialiste. Qui a largement voté en faveur du projet ? Le Parti Socialiste. Autrement dit, la loi s’inscrit toujours dans la continuité du gouvernement de Manuel Valls (Bernard Cazeneuve était l’ancien ministre de l’Intérieur, aujourd’hui premier ministre). Sur la question même du vote, on constate que les parlementaires appartiennent tous à un seul et même courant : le conservatisme, qu’il soit du Parti Socialiste, du Parti “Les Républicains” ou même des élus proche du “Front National”. L’Assemblée Nationale a voté dans un comité très restreint : 34 voix pour, et 5 voix contre.

On pourra également s’interroger en plein scandale “Fillon” que des parlementaires qui sèchent volontairement les bancs de l’Assemblée Nationale pour faire campagne, plutôt que de voter des lois, de faire des amendements ou autre textes préparatoires. Le Parlement et son absentéisme vont de paire.

Un gouvernement à genoux devant les corporations policières

Le culte du chef, de la violence et du corps font que des personnes comme “barbe rousse” sont légions. Ce n’est pas pour rien si la profession votent majoritairement pour le Front National (et soutient Bachar Al-Assad et ses différents alliés). La corporation se veut comme un état dans l’état.

Le port de l’arme et l’uniforme rendent les forces de l’ordre supérieur face aux classes populaires. Le législateur a eu dans sa “sublime” intelligence de laisser le droit au port d’armes hors-service. Cela signifie que le policier pourra se balader avec son arme tout en étant en dehors de ses horaires de travail. Cela pose un problème de sécurité publique, lorsqu’on sait les multiples dérapages au sein de la Police Nationale.
De même, on ne parlera jamais de la question du suicide dans ce corps de métier. Il faut le dire que le taux de suicide est supérieur à la moyenne des autres professions. Il ne faut pas les plaindre d’avoir choisi leur métier, mais disons que tout est fait pour qu’ils se suicident en masse.
Est-ce la méthode pour réduire le nombre de fonctionnaires que souhaitent les différentes organisations conservatrices pour les élections présidentielles ?
Le matériel y est même fourni et encouragé par l’état pour passer à l’acte. On peut dire que cela va permettre d’assainir la masse salariale dans la Police Nationale, et de faire des économies budgétaires à long terme. De ce fait, il est possible que le nombre de suicide soit doublé passant de 50 à 100 par an (soit 500 à 1000 policiers en moins tous les 10 ans). Peut-être que parmi ces gens-là, il y aura des personnes comme “Barbe Rousse” et on ne les regrettera pas.
Toutefois, cela ne va pas permettre de faire baisser les bavures, les humiliations, les insultes, les tabassages quotidiens, les viols ou encore les meurtres de la part des forces de l’ordre.

En quoi assouplir les règles concernant la légitime défense va permettre d’augmenter la sécurité des personnes ? Une question importante, puisque désormais lorsque ces derniers se sentiront menacer ou attaquer, ils pourront tirer sur les assaillants. Autant dire qu’il s’agit d’un véritable permis de tuer pour ces fonctionnaires. En effet, la proportionnalité de la réponse semble s’écarte un peu plus. Les douilles que l’on a trouvé dans les émeutes ces derniers jours vont progresser avec toujours plus de morts au final. Les flics voulaient avoir le même droit que les gendarmes, ils l’ont eu. Cela va permettre à ces derniers de mieux réprimer pour défendre l’état et la classe dominante.

Les outrages ? Un des droits qui est sans cesse appliqué par les flics pour compléter leur fin du mois. Les plaintes au niveau civil pour recevoir des indemnités vont de paire avec les plaintes pénales. Ces derniers trouvent que leurs rémunérations ne sont pas assez élevées, alors les peines seront augmentées ainsi que les indemnisations. Ils pourront pendant ce temps-là insulter tous les travailleurs (y compris les fonctionnaires), c’est gratuit. Le Flic et le juge possèdent des droits similaires à celui du temps de la monarchie. Nous sommes proches du “crime de lèse-majesté”. Ce n’est pas pour rien, si les conservateurs les soutiennent comme l’ultraréactionnaire Eric Ciotti (proche des idées du Front National). La droite n’a jamais digéré le passage à la République.

On retrouve aussi l’anonymat des enquêteurs, dans leurs propres enquêtes dans le cadre de l’antiterrorisme pour les protéger, ainsi que leur famille. À ce stade-là, les notes ou feuilles blanches deviendront courantes, les interrogatoires risquent également de ne plus être obligatoires.

Au moment où l’austérité devient l’unique mesure des conservateurs pour subvenir aux besoins de la bourgeoisie, les corporations de Poulet ont des augmentations dans leur budget. Les enveloppes s’envolent.


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