Benoît Hamon, vainqueur de la primaire du PS

Benoît Hamon sort vainqueur de la primaire du Parti Socialiste et des écologistes. Avec un score supérieur à 58 %, l’ancien ministre de l’Éducation nationale peut se prétendre comme le candidat du Parti Socialiste (dont le PRG, FD et UDE).

Le nombre de votants au second tour culminerait autour de 2 037 563 votants  (soit 99,49% des bureaux de vote), contre 1 655 919 au premier tour d’après les chiffres du site internet “les primaires citoyennes”. On constate tout de même qu’il y a une hausse manifeste de 23 % entre les deux tours témoignant d’un regain d’intérêt pour cette primaire.

Différentes raisons peuvent l’expliquer. Tout d’abord, le fait que Manuel Valls soit présent au second tour a sûrement cristallisé une partie des réformistes se déclarant des valeurs de “Gauche”. En effet, son passage à Matignon a laissé de nombreux sceptiques, mais surtout des adversaires souhaitant faire chuter l’homme politique de manière très lourde. On pourra mettre en avant trois thèmes qui ont marqué l’électorat de gauche : l’état d’urgence prolongé, la loi travail et le détournement de la laïcité. La chute, comme Manuel Valls le déclarait suite à l’affaire de la claque de Lamballe, devait se régler par les urnes. Les votants ont pris la déclaration au pied de la lettre. Aussi, ce vote peut se caractériser comme fondateur pour un nouveau Parti Socialiste, dont la portée peut-être celle prônée par une décision de congrès.

Dans le cas présent, Manuel Valls subit un échec assez cuisant puisqu’il ne remporte que 41,29% des suffrages exprimés. La politique attaquée est également celle d’un quinquennat raté. Le vote de censure du Parlement n’est jamais intervenu puisque la quasi-totalité des députés soutenait au contraire la politique de rigueur et d’austérité prônée par Manuel Valls. Les frondeurs qui ne représentaient que seulement 10 % des parlementaires, voire moins, ont positionné l’un de leur parlementaire comme candidat à l’élection de 2017. De ce fait, on peut considérer que les urnes ont censuré Manuel Valls et François Hollande.

Bien sûr, si Benoît Hamon symbolise le renouveau de la pensée social-démocrate à travers un programme Keynésien, il cristallise également le fond du Parti Socialiste. Le parti politique est au bord de la rupture. Cette rupture pourrait amener les partisans de Manuel Valls à soutenir le candidat du mouvement “En Marche !” : Emmanuel Macron. Le Parti Socialiste ne peut qu’imploser à la longue.

L’unité de la gauche sociale-démocrate ?

Benoît Hamon, Jean-Luc Mélenchon, Michel Rocard et Manuel Valls

Le programme de Benoît Hamon semble créer une certaine dynamique chez les personnes de Gauche, y compris chez de nombreux sympathisants de la France Insoumise de chez Jean-Luc Mélenchon.

Pourtant, il ne faut pas se tromper sur le fond, puisque la social-démocratie – peu importe sa tendance – n’a pas pour objectif de s’orienter vers le modèle socialiste, mais vers un modèle permettant un compromis au niveau du Capitalisme. De ce fait, nous assistons dans cette réorganisation à une crise profonde de la social-démocratie française. D’autant que Benoît Hamon a lancé la main vers Yannick Jadot et Jean-Luc Mélenchon, afin de proposer une unité.

Il a déclaré :

Dès lundi, je proposerai à tous les candidats à cette primaire mais aussi à tous ceux qui se reconnaissent dans la gauche et l’écologie politique, en particulier  Jean-Luc Mélenchon et Yannick Jadot, de ne penser qu’à l’intérêt des Français. Je leur proposerai de construire ensemble une majorité gouvernementale cohérente et durable pour le progrès social, écologique, et démocratique

La question de créer une majorité avec Jean-Luc Mélenchon et Yannick Jadot s’inscrit dans la volonté de créer un rassemblement sous la forme d’un programme commun. Cette idée est justement défendue depuis des années par un certain Gérard Filoche. Sur France 24, il a affirmé que

Les gens sont extrêmement simples, ils avaient peur. Il voyait Fillon-Le Pen. Et là d’un seul coup, il voit une possibilité d’éviter Fillon-Le Pen. Et donc, cela va faire boule de neige. Les gens vont reprendre confiance, je l’espère, et ils vont dire “unité” parce que maintenant faut un accord Rouge-Rose-Vert. Il faut un accord entre Jean-Luc Mélenchon, Yannick Jadot et Benoît Hamon.

Ce n’est pas pour rien que la pétition lancée le 25/01 a gagné rapidement en popularité pour faire gagner la Gauche. Elle est diffusée sur le site change.org. À ce jour, elle compte près de 31224 signataires (31/01/2017 à 12h25). La pétition semble prendre une envergure de taille. David Teixeira en est l’investigateur. Toutefois, un texte d’appel à soutenir la pétition a été effectué sur le Journal Médiapart par une cinquantaine de personnes. On retrouve parmi les premiers soutiens publics : Caroline de Haas, Marie-Christine Vergiat ou encore Gérard Filoche (sic).

Ensuite, Benoît Hamon a annoncé que :

Je sais ce que je dois à Michel Rocard. […] J’ai la conviction que face à une droite des privilèges conservatrice et une extrême droite destructrice, notre pays a besoin de la gauche.

La Social-Démocratie est une béquille du Capitalisme

Pourtant, la crise de la social-démocratie ne peut cacher qu’elle reste la béquille pour soutenir le Capitalisme. Dans ce cas, le candidat pourrait mener une politique aux allures de la gauche, mais il restera profondément dans une logique de compromis avec le patronat. La question d’un changement vient toujours à travers des luttes offensives reprenant les rues, les boulevards ou les places.

Rosa Luxembourg, dans Crise de la Social-Démocratie soutenait que

La lutte de classes du prolétariat est plus ancienne que la social-démocratie ; c’est un produit élémentaire de la société de classes qui se déchaîne avec l’avènement du capitalisme en Europe. Ce n’est pas la social-démocratie qui a poussé le prolétariat moderne à la lutte de classes, c’est au contraire le prolétariat qui a suscité la social-démocratie afin qu’elle coordonne la lutte des fractions diverses, dans l’espace et dans le temps, de la lutte de classes et qu’elle fasse prendre conscience à tous du but à atteindre.

Sur la question de la lutte des classes, on constate in extenso, l’absence d’une vision opposant les classes populaires à la classe dominante. De ce fait, on peut se demander si dans le fond, le programme de Benoît Hamon n’est finalement que la poursuite de ce voulait Michel Rocard : un capitalisme où les inégalités diminuent.

Le cas des manifestations offensives de la Loi Travail témoigne d’une volonté de créer un espace parfaitement policé dans le cadre des différentes luttes. Les méthodes pacifiques dans le cadre de la contradiction des classes sociales, sont placées au second plan, après les outils de répression pour garantir la paix sociale. Ce n’est pas pour rien que ces derniers ont largement critiqué les manifestations violentes et en particulier le cortège de tête.

Le Capitalisme mène une lutte violente en posant ses propres règles, y obéir revient sur le fond à faire le jeu du Capitalisme, puisqu’une lutte dans les lignes du capitalisme ne peut permettre de se déclarer “socialiste” et encore moins “anticapitaliste”.


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