#23 Un petit soldat d’Erdoğan contre la presse
Une nouvelle bagarre a eu lien dans le Parlement turc dans la nuit du mercredi 11 au jeudi 12 janvier 2017. Ce n’est pas la première fois que cela arrive, la dernière datait du 2 mai 2016. Elle montre le résultat d’un parlement explosif au bord de la rupture où les tensions sont de plus en grande.
En l’occurrence, les débats portent sur le projet de loi constitutionnelle. Ce dernier est censé transformé un régime dit “parlementaire” en un régime constitutionnel. Au sein d’un état d’urgence ou plutôt d’un état de purge permanente, cette loi est censée donner les pleins pouvoirs à Recep Tayyip Erdoğan. Celui-ci se fonde sur la nécessité de fonder un appareil exécutif fort, en rapport avec la tentative du putsch militaire du 15 juillet 2016.
Les axes des purges se sont concentrés en premier lieu contre les gülenistes ou apparentés comme tel, puis sur l’organisation du PKK, et enfin cela commence à toucher différentes organisations kémalistes.
L’article du journal Le Parisien, pourtant très sobre sans entrer dans le fond. On ne connaît pas les partis qui se sont affrontés, y compris les thèmes de la discorde. Pourtant, selon les nationalistes et islamistes, la question de l’information d’un quotidien national doit se concentrer d’abord sur la nation, exit donc les sujets internationaux, mais aussi la liberté des rédactions de traiter librement les sujets. Ce n’est pas pour rien que le “troll” déclare : “Foutez la paix à la Turquie, occupé vous de ce qui vous regarde”.
La question de l’information sur la Turquie est vue comme “une haine contre Erdogan et la Turquie”. Informer serait sur les sujets importants se rapporte à mettre en place une politique “haineuse” contre Erdoğan et la Turquie, car selon l’auteur Erdoğan et Turquie ne font qu’un. Le culte de la personnalité ne pouvait être plus important.
Ensuite, la question des musulmans vient progressivement, cela paraît logique pour un ardent défenseur de l’islamisme d’Erdoğan. Il déclare que : “Votre problème ce n’est pas que Erdogan mais tout simplement la Turquie avec ses 99% de musulman“. Il faudrait choisir, avant le petit soldat d’Erdoğan affirmait que c’était Erdoğan. Sortir la question musulmane apparaît totalement déplacée, puisque cela convient de faire interagir la question religieuse et la question politique. Cela fait avec la doctrine conservatrice et obscurantiste du Président turc.
La nostalgie des partisans d’Erdoğan va de paire avec la volonté de recréer l’Empire Ottoman. La chute de l’Empire Ottoman se traduit par les accords Sykes-Picot et le traité de Sèvres. La Turquie doit son indépendance à travers le traité de Lausanne de 1923. Cette chute est liée à sa défaite dans la Premier Guerre Mondiale. La nostalgie de l’empire Ottoman interroge, mais elle est une référence que “c’était mieux avant”.
Mais, notre petit soldat sort la bataille des Dardanelles entre Février 1915 et janvier 1916. Autant dire que le petit fantassin a un cran de retard, avec seulement 100 ans.
Ses dernières phrases sont “on a assez de problème en France à ne pas pouvoir lever en la tête pour s’occuper des autres alors occupé vous de ces problèmes”. La phrase traduit véritablement la nécessité de “cacher” tous les évènements en Turquie, alors que la Turquie fait partie du Conseil Européen. De ce fait, en matière de relation européenne, cela intéresse forcément les Européens, donc les Français.
Dans le fond, on retrouve les relents nationalistes, on ne serait pas étonné si ce dernier serait amené à voter François Fillon ou Marine Le Pen, la rhétorique est présente, elle est identique à celle d’Erdoğan.