Le christianisme politique de François Fillon
Le journal Le Figaro titrait “‘je suis chrétien’, l’étrange délit du candidat de droite” dans son numéro le journal du 7 – 8 janvier 2017. Le journal conservateur défend corps et âme les arguments religieux de François Fillon dans le cadre de la campagne présidentielle.
François Fillon est le candidat à la campagne présidentielle pour le parti politique “Les Républicains” (ex-UMP). Il a été interrogé par la chaîne de télévision TF1 concernant la Sécurité Sociale qu’il veut privatiser, il a répondu ainsi :
Je suis gaulliste. Et de surcroît, je suis chrétien. Cela veut dire que je ne prendrai jamais une décision qui sera contraire au respect de la dignité humaine, au respect de la personne, de la solidarité.
Dans la langue française, la locution “de surcroît” se traduit par “de plus”. Dans le cas présent, il s’agit d’un argument et non d’une affirmation. Le contexte change le sens des expressions utilisées. De ce fait, on peut clairement définir la phrase par “Je suis gaulliste et chrétien” ou à l’inverse “je suis chrétien et gaulliste”. Ainsi, ses convictions religieuses sont mises sur le même piédestal que ses convictions religieuses. De là part une polémique fondée sur la question de la séparation de la sphère religieuse et de la sphère politique. La loi de 1905 visait justement à séparer L’Église de l’état, de l’homme politique de l’homme religieux. D’autant que dans une période où les replis identitaires favorisent les communautarismes, cette phrase s’inscrit dans une rupture conséquente des valeurs qui fondent la laïcité.
Il faut dire que François Fillon est un ultra-conservateur, l’engagement qu’il a pris vis-à-vis du mouvement de la “manif pour tous” a sûrement permis de redorer ses convictions religieuses comme politiques. Ce tremplin a permis de joindre les mouvements les plus obscurantistes, et celle d’une droite confrontée à la débâcle politique. Dans ce cas présent, le rapprochement idéologique avec une partie de la population ouvertement anti-laïque n’avait à l’époque choqué quasiment personne.
Pourtant, le journal conservateur parle d’un “délit d’opinion”. En effet, cela semble choquer le fait que l’on puisse utiliser la religion à des fins politiques. L’obscurantisme est de retour, même avec son passage au CES 2016 à Las Vegas. Quant au “délit”, il n’y a pas eu de plainte contre le candidat, il ne va pas être jugé pour ses propos. Il s’agit d’une manière d’affirmer que le christianisme politique a sa place dans la société, et que l’on peut mêler l’usage de la bible avec les sujets sociétaux ou économiques.
Les conservateurs affirment qu’il s’agit d’une polémique visant sur le fait que l’on condamne la revendication religieuse de François Fillon comme le souligne Christian Jacob. La laïcité permet de croire ou de ne pas croire, et d’affirmer son opinion religieuse de la manière que l’on souhaite. Dans le cas présent, il ne s’agit pas de revendiquer sa religion, mais justement d’utiliser d’utiliser sa religion comme un argument politique. En effet, on constate que la seconde partie de la diatribe sont justement les exemples pour justifier les arguments. Dès lors, les propos du journal Le Figaro ou d’autres personnalités se retrouvent heurter à quelque chose de plus grave.
Dans le fond, il s’agit une manière pour François Fillon de draguer les franges les plus marginalisées du christianisme à savoir les différents groupes traditionalistes qui ont fait le score à ses primaires. L’expression favorite d’une partie de l’extrême-droite reste “politiquement correct”. Le prêt-à-penser obscurantiste que défend Guillaume Tabard s’inscrit ouvertement dans une ligne de Donald Trump, Vladimir Poutine ou encore Hasan Rohani, c’est-à-dire de faire des politiques religieuses et de baser la politique sur la religion.
Pour finir, les exemples que François Fillon met en avant dans la suite de sa diatribe sont en contradiction avec ses idées et son programme. Il est égoïste, préfère les bourreaux et les islamistes à la démocratie. Quant à la dignité humaine, elle se retrouve inexistante, cette dernière n’est pas compatible avec le libéralisme.
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