L’impérialisme russe au secours de Damas

La bataille d’Alep a mis ces derniers jours en avant des partisans d’un impérialisme russe se réclamant pour d’une ligne “anti-impérialiste”. Il se situe autant au niveau national qu’au niveau économique.

L’impérialisme dans la guerre civile syrienne semble totalement contradictoire, tant pas son usage, que par la définition théorique de l’impérialisme. En effet, la question de la dépendance d’un pays vis-à-vis d’un autre, quand bien même ce dernier se traduit par une situation “d’indépendance” se définit par un “semi-colonialisme”. L’un des acteurs proches de Damas avait rompu ses liens de manière antérieure à la crise de 2011. Les liens entre la Russie et la Syrie de Bachar Al-Assad se font dans l’intérêt quasi-exclusif de la Russie : les ventes d’armes (contre l’effacement de la dette en 2006), la question de la création d’une base navale, etc. Les relations mutuelles renforcent la coopération entre les deux pays.

À Deraa, dans le sud-ouest de la Syrie, Naief Abazid (âgé de 14 ans) a écrit des tags contre Bachar Al-Assad sur des murs, le 16 février 2011. Il fut arrêté, torturé, puis incarcéré. De nombreux enfants de son âge ont subi des “disparitions” par le régime de Damas. Le 17 février, un mouvement de protestation se mit en marche aux cris “le peuple syrien ne se laissera pas humilier”. Il faudra attendre le 20 mars, pour que les enfants soient libérés des geôles du parti BAAS. Face à des revendications réformistes en matière de démocratie (loin de la question d’une démocratie radicale ou de la démission du régime), la Russie s’est illico presto rangée au côté du régime.

Dans le contexte de la “révolution de Jasmin” et des Printemps Arabes, la Russie a préféré une attitude autoritaire, répressive et sanguinaire aux questions liées à la démocratie. En effet, il s’agissait simplement de défendre ses intérêts militaires comme privés. Plus largement, cela entre dans la logique de la Russie sous le règne de Vladimir Poutine (premier ministre officieux). En même temps, Bachar Al-Assad est la suite logique du coup d’état de 1970 fait par les proches de son père.

Entre 2011 et 2016 (bientôt 2017), une guerre civile d’une ampleur colossale, puisqu’à différents exemples, elle peut-être considérée comme transnationale. Les intérêts de la Russie semblent s’inscrire dans une logique de défense de ses propres intérêts, avant de défendre les intérêts du régime de Damas. En effet, la dépense militaire totale de la guerre en Syrie pourrait coûter à la Russie aux alentours de 1,2 Mds d’euros. En l’occurrence, les ventes d’armes permettent à juste titre d’endetter la Syrie, et de lui faire pression en ce qu’il concerne les futurs contrats, mais aussi de renflouer les caisses russes.

Le 30 septembre 2015, la Russie commence des bombardements dans le cadre d’un soutien à Damas. Ces bombardements sont argumentés contre Daesh. D’après, l’observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), les frappes concernent les zones opposées à Damas. Le contournement de la Russie en Syrie met en évidence la question de défendre avant tout le pouvoir de Bachar Al-Assad, tout en éloignant la question de la présence de Daesh sur le sol syrien.

Les “bonnes relations de travail” de Medvedev en 2012 se sont transformées en 2016 dans des conditions “d’aide structurelle” dont Damas est entièrement dépendante. Les bombardements durant près d’une année témoignent d’une relation assez claire. Si dans le fond, la Syrie de Damas possède la capacité totale de ses actions, tout comme des différentes doctrines politiques, économiques ou militaires. Dans les faits, la dépendance non-négligeable à la Russie conduit Damas à adopter les positions de Moscou pour ne pas se retrouver dans le rouge.

Selon l’agence Reuters, 4 000 soldats russes combattent en Syrie, sans compter les soldats officieux, et les mercenaires russes. De telle sorte que nous arrivons très vite vers un chiffre probable, mais non-vérifié des 10 000.

En ce qu’il concerne, l’alliance avec l’armée iranienne et les terroristes du Hezbollah, la ligne ne peut-être en aucun cas, la lutte contre l’islamisme radical ou encore le djihadisme, puisque le pouvoir russe collabore avec ces derniers. Il s’agit bel et bien d’une alliance entre Damas, l’islamisme et le terrorisme.

Dans le cadre de la quasi-destruction de certaines villes, l’intérêt n’est évidemment pas “Syrien”, mais russe. Les grandes entreprises du BTP seront sans doute “russes”, afin de reconstruire l’ensemble de la Syrie. On ne compte pas les raffineries tout comme les puits de pétrole. Des contrats pouvant être estimé à plusieurs dizaines de Mds d’euros.

La prochaine bataille après Alep-Est pourrait se concentrer sur Ildib. Dans le Nord de la Syrie, la Turquie a construit un corridor entre l’État Islamique et les “rebelles”. Il se pourrait que la Russie au nom de Bachar Al-Assad puisse rentrer en guerre contre la Turquie. Dans tous les cas, les victimes des “états” sont les civils.

Face à l’absence de remise en cause de la Russie tout comme l’indifférence des massacres du régime syrien (qui durent depuis des mois), le confrère Anthony Samrani, écrivait un éditorial dans L’Orient le jour “Alep : ceci n’est pas un massacre“, le 5 décembre 2016 :

Que des mercenaires recrutés au nom de la défense des chiites soit à l’avant-garde de la “lutte antiterroriste” menée par le régime et ses alliés n’a pas suffi à semer le doute quant aux intentions du camp loyaliste et à la réalité de ce conflit. Que le régime et ses alliés aient commis à Alep beaucoup plus de crimes de guerre qu’Israël n’en a commis à Gaza n’a pas suffi à mobiliser la rue arabe ni à émouvoir l’opinion publique occidentale.

Pourtant, nos partisans de l’impérialisme russe combattent de manière assez forte toutes idées de remise en cause d’un régime. La volonté de la pacification d’un conflit passe par l’élimination méthodique et spécifique des opposants au régime, tout comme des civils pris dans les bombardements.


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