Alep Est tombe sous la coalition loyaliste
Une nuit d’horreur s’est emparée lundi de la partie Est d’Alep. Le rouleau compresseur du siège produit des effets terrifiants.
La partie dite rebelle a subi depuis le mois de septembre (et sûrement depuis le mois d’août), un blocus total empêchant la libre-circulation des personnes, l’acheminement des produits alimentaires, mais aussi des équipements – produits médicaux pour soigner les blessés. Il en était de même pour les quartiers à majorité kurde. Dans un contexte d’asphyxie généralisée de la ville symbole, pour laquelle le régime a volontairement créé une situation de quasi-famine pour les opposants, la chute était inévitable, et forcément, les conditions sont dramatiques.
Les groupes armés du régime sont entrés dans les derniers quartiers rebelles. Le mot “libération” raisonne dans toutes les bouches des soutiens des forces loyalistes comme un certain “Pierre Le Corf”, proche des milieux de l’extrême-droite française. Une vision contradictoire puisque derrière la supposée “libération” d’Alep se cache des massacres de masse, des exécutions sommaires, des familles brûlées vives.
L’ONU a reconnu ce jour de manière timide via Rupert Colville (porte-parole du Haut-Commissariat aux droits de l’Homme) que “des forces pro-gouvernementales ont pénétré dans des habitations et tué les civils qui s’y trouvaient, y compris les femmes et les enfants […] [les] forces avaient tué au moins 82 civils, dont 11 femmes et 13 enfants, dans les quartiers de Boustane al-Qasr, Ferdous, Kallasé et Salhine”.
Cela fait écho aux différents messages transmis sur les réseaux sociaux. Des messages sur twitter (dont son application périscope) et sur facebook se sont relayés toute la journée d’hier pour dire “adieu”. De nombreux contacts de presse n’ont plus donné signe de vie, après ces messages. La mort est racontée sur les réseaux sociaux en direct dans un tumulte important. Entre l’information de guerre et la guerre de l’information, des messages contradictoires sont parfois diffusés.
La coalition loyaliste est entrée dans l’Hôpital Al-Hayat. Elle n’a pas fait dans la dentelle. Une libération (sic), en s’attaquant au personnel médical et paramédical, mais aussi les patients. Marchant sur le cadavre des blouses blanches et des blessés de la guerre, ils ont montré le visage de Damas. Si nous allons plus loin, les crimes de guerre sont signalés par la quatrième convention de Genève relative à la protection des personnes civiles en temps de guerre (12 août 1949). La Convention a été signée par 196 pays, dont la Syrie, l’Iran et la Russie.
On signale dans le même temps, l’exécution systématique de personnes ou des famille considérées comme des opposantes. La troisième convention de Genève relative au traitement des prisonniers de guerre (12 août 1949) est également bafouée, alors qu’elle a été ratifiée le 2 novembre 1953. Les hommes sont obligés, quand le régime le souhaite de rejoindre l’armée pour terminer le charnier. La question humanitaire est totalement réduite à néant. Les soutiens du régime, sont aussi les soutiens d’une guerre qui a fait plus de 300 000 morts.
Les crimes contre l’Humanité sont clairement démontrables.
Pendant ce temps-là, les différentes chaînes de propagande de Moscou et de Damas montrent des scènes de joie, les personnes hurler : “Allah, Syrie et Bachar !”. On se demande bien ce que bien faire la question divine à côté d’un dictateur. Ce n’est pas véritablement une nouveauté, étant donné les alliances. Allah aurait soutenu Bachar Al-Assad ? On ne peut tomber d’avantage dans l’obscurantisme. D’ailleurs, les partisans islamistes du Hezbollah et des Gardiens de la Révolution iranienne (tant défendu par la droite, même chez Riposte Laïque) D’ailleurs, on constate que la Syrie et Bachar Al-Assad ne font qu’un, il s’agit d’un symbole du totalitarisme.
Pendant ce temps-là, il reste des dizaines de milliers de civils pris dans une souricière. Selon les sources, la surface serait de 2 à 5 km². Nous revivons l’équivalent du massacre de Srebenica de juillet 1995. Les “survivants” risquent de s’accumuler le long du fleuve qui traverse la cité mythique.
Un cessez-le-feu dans Alep-Est aurait été mis en place pour évacuer les rebelles et les Alépins par bus. Cela reste à voir dans la journée.
Finalement, dans les rues d’Alep sous un large focus médiatique, on retiendra dans le fond que le véritable vainqueur reste Daesh avec sa reprise de Palmyre. Concernant la Turquie qui a pris position dans le Nord de la Syrie, la réorientation des combats va se focaliser sur les différentes villes : Al-Bab, mais aussi sur le couloir vers Raqqa.
Le Rojava risque d’être le terrain d’un nouveau chapitre de la guerre dans la guerre.
Les différents rôles notamment de la Russie ou des soutiens financiers (régionaux comme internationaux) devront rendre des comptes sur les différents massacres sur le sol syrien. Depuis 2011, la guerre civile a considérablement modifié les premières revendications qui se résumaient à plus de libertés et plus de démocratie, finalement assez réformiste.
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