Turquie : des lettres sur des murs
En Anatolie, la surpopulation carcérale a subitement augmenté depuis l’attentat de Suruç, prétexte à relancer une répression d’Etat. Mais elle explose depuis l’ère post-coup d’état du 15 juillet. Les détenus de droits communs ont laissé place à des prisonnier-e-s politiques, soit près de 35 000 personnes.
Les lettres des détenus politiques sont régulièrement envoyées depuis les prisons. Selon le contexte, le pouvoir, ces lettres parviennent à traverser la censure. Dans d’autres cas, elles subissent les coups de crayons des censeurs comme on peut le voir sur la lettre de Selahattin Demirtaş ci-dessus.
#Demirtaş‘ın mektubuna, Edirne Cezaevi görevlileri keyiflerince sansür uyguluyor. İşte sansürlenen mektuptan bir sayfa: pic.twitter.com/GTiTOsW4JN
— HDP (@HDPgenelmerkezi) 24 novembre 2016
…. est loin de représenter “une démocratie radicale”. En vérité la seule chose dont le CHP est ennuyé face à cette posture de l’AKP, c’est “religion unique” et non pas “langue unique, identité unique”.
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…Cette chose qu’ils ont nommée ironiquement “La nouvelle Turquie”, n’apporte de gain ni aux Turcs, ni aux Kurdes, ni aux musulmans, ni à d’autres.
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…Un changement constitutionnel qui serait fait dans cette direction, n’a aucune légitimité pour une partie importante de la société. Alors que 10 membres du parlement sont pris en otages par des arrestations illégales,…
L’administration d’Erdoğan coupe passage par passage les lettres des prisonnier-e-s politiques qui sont envoyées à des proches, tout comme à des associations ou même des partis politiques, dans le cadre du HDP. La coupure est nette, symbole d’une rupture entre un pouvoir despote et un pouvoir plus ou moins démocratique. Le blanc mono-forme devient la norme en matière de libertés, une norme qui ne cesse de progresser depuis 2015. Il s’agit notamment de la norme en matière de libertés de l’empire Ottoman à la fin du XIXème siècle.
En ce qui concerne Selahattin Demirtaş, le co-président du HDP, accusé de terrorisme par Erdoğan et ses janissaires, il s’agit une fois de plus de montrer la faiblesse du pouvoir. La peur de se confronter à des avis divergeants semble l’emporter sur la raison. Du haut de son palais présidentiel, le Sultan a maintenant la quasi-totalité des pouvoirs à sa botte. Il réprime à sa guise, comme il le souhaite, comme le fit Mehmed V.
La démocrature turque semble quelque peu agacée par la mise en contradiction du néolibéralisme et de l’islamisme. Pourtant, les prisonnier-e-s du régime d’AtaErdoğan n’abandonnent pas leurs fonctions même derrière les barreaux et les murs. Les censeurs s’occupent du courrier ou des prises de paroles, la censure ferme progressivement tous les médias critiques, les associations et de tous les opposants au régime sous couverture terroriste. La résistance s’occupe de différentes manières face à ces derniers.
Il commence à faire froid en ce début d’hiver, n’en doutons pas. Les couvertures risquent de manquer dans les cellules pour les prisonniers politiques et les journalistes emprisonnés.
La mise au pas de l’expression de Selahattin Demirtaş depuis sa cellule va avec l’ensemble des arrestations contre le HDP et le DBP. Ils peuvent mettre l’ensemble des maires, des élus ou des adhérents du HDP/DBP dans des cellules, ils ne pourront pas faire taire la voix de la contestation. Le contrôle des écrits à travers l’expression simple, s’inscrit dans un cadre plus large, puisque cela va de pair avec la question de penser.
Dans les prisons, si les lettres ne peuvent sortir entières, et que la vérité est cloisonnée, alors les lettres seront écrites sur les murs des cellules. Les quatre murs symboles de l’oppression et de l’enfermement en matière politique, sont censés oppresser, afin que la personne puisse renier ses idées et sa manière de penser.
La prison si dure qu’elle soit, n’impressionne pas les militantEs politiques. Le petit chat de Kedistan se souvient de l’histoire de Nestor Makhno. La prison oppresse, mais au final les oppresseurs finissent toujours par tomber tôt ou tard.