La répression politique s’abat sur le HDP

La tentative du coup d’état du 15 juillet 2016 en Turquie a permis de montrer le vrai visage de Recep Tayyip Erdoğan. En effet, le Président a entamé une vaste purge concernant le troisième parti politique du pays : le HDP.
Il faut dire que depuis le 17 juillet 2015, Recep Tayyip Erdoğan ne reconnaît plus “les accords de Dolmabahçe” 28 février 2015 signés entre l’état turc et le PKK. Il se passe près de cinq mois, où les forces d’Erdoğan ont travaillé à un compromis. Le compromis rappelle que l’appareil islamiste a eu des contacts avec l’organisation pro-kurde. Ce point apparaît comme une importance assez extrême, puisqu’il révèle la position double d’Erdoğan. La rupture de l’accord a entrainé une guerre civile dans l’Est de la Turquie par Erdoğan. Il est animé par son racisme anti-kurde assez primitif.
Dans l’attentat de Suruç, l’AKP porte l’entière responsabilité de l’attentat terroriste revendiqué par Daesh. En réponse, deux policiers ont été exécutés. L’action a été réalisée par les TAK (Faucons de la liberté du Kurdistan). L’escalade guerrière voulue par Erdoğan s’est transformée en une guerre civile à caractère ethnique.
Dans la ville de Cizre, l’armée turque a brûlé vif des centaines de personnes retranchées dans des caves. Le Bakûr subit une répression militaire d’une importance majeure. À ce jour, de nombreuses villes ressemblent à Alep.
Le 15 Juillet dernier, la tentative de coup d’état militaire ouvre les vannes à une répression de grande ampleur contre l’organisation de Gülen, les organisations d’oppositions et les différents mouvements kurdes. Ainsi, de nombreuses écoles, collèges, lycées, universités, journaux-magazines, agences de presse, entreprises ont été fermés par décret.
Vers la fin octobre 2016, le gouvernement fait une proposition de loi rétablissant la peine de mort en Turquie devant le Parlement. Avec une majorité absolue de l’AKP, la loi risque de passer, mais se retrouvent confronter au droit européen et international.
Le 17 mars 2016 (antérieur à la tentative du coup d’état), les députés avaient voté la levée de l’immunité diplomatique des députés HDP (348 sur 550). À l’époque, 50 des 59 élus du HDP sont visés pour terrorisme. En effet, Ankara considère le HDP d’être une vitrine du PKK. Parmi les députés visés se trouve Leyla Zana, une députée kurde ayant purgé une peine de dix ans de prison et titulaire du prix Sakharov du Parlement européen en 1995. À l’époque, Selahattin Demirtas, un des co-présidents du HDP a tenu un discours important à Diyarbakir. Au total, 417 chefs d’accusation ont été établis contre 53 députés du HDP pour des propos tenus lors de réunions publiques.
Ce matin, les députés du HDP ont été arrêtés, leurs maisons ont été perquisitionnées par les forces de l’ordre. Les deux coprésidents du HDP (dont Figen Yuksekdag) ont été arrêtés, leurs maisons perquisitionnées, puis ils ont été placés en garde à vue. Selahattin Demirtas a déclaré que “ceux qui veulent nous interroger devront nous emmener par la force. Nous n’irons pas de notre plein gré”. Les deux maires de Diyarbarkir sont d’ailleurs incarcérés pour “soutien logistique” et “appartenance à une organisation terroriste armée”. “Tous ceux qui ne disent pas “Erdogan est notre sultan” sont déclaré “terroristes” “, a déclaré S. Demirtas.
Sur son compte Twitter, “le HDP appelle la communauté internationale à réagir contre ce coup du régime d’Erdogan”. Le HDP a également diffusé la perquisition du siège du parti politique par la police.
La vitrine de l’état profond turc qui s’incorpore dans l’état islamique reste toutefois en place. D’ailleurs, en Syrie grâce à l’armée turque, ce sont près de 17 villages qui ont été repris par l’état islamique. Un attentat terroriste à la bombe devant un bâtiment de la Police a fait neuf morts, dont deux policiers, et plus de 100 blessés à Diyarbarkir. Pour le gouvernorat “ce qui semble être un véhicule piégé utilisé par des membres de l’organisation terroriste séparatiste”. Dans une langue de bois, il s’agit d’une accusation du PKK de l’attentat terroriste, sauf que Daesh l’a revendiqué.
Les purges sont soutenues par tous les gouvernements autoritaires et liberticides, dont Vladimir Poutine ou encore Hassan Rohani. Dans le cadre de l’OTAN, l’organisation se doit de réagir fortement, si son aspect militaire est nécessairement militaire, avoir un pays en voie de radicalisation islamiste pose un problème fondamental.
On peut clairement affirmer que les rêves ottomans d’Erdoğan se mettent en place petit à petit. Le nouveau Sultan tente progressivement de mettre en place un régime à parti unique où toutes contestations est synonyme de terrorisme. La démocratie turque approche de sa fin, ce n’est qu’une question de jour.
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