Ebru Firat est détenue en Turquie pour terrorisme

Ebru Firat a été arrêtée alors qu’elle était en vacance en Turquie à l’aéroport d’Istanbul-Atatürk, elle avait combattu durant l’hiver 2016. Elle était partie combattre en réaction de personnes du lycée qu’elle connaissait qui ont rejoint les rangs de Daesh.
Dans un contexte de guerre civile à l’Est du Pays et de purge intégrale du régime depuis le coup d’état du 15 juillet, elle fait figure de tout ce que le régime déteste. N’est-ce pas Erdoğan lui-même qui a déclaré : ” il y a mourir comme un ‘homme’ et il y a mourir comme une ‘madame’. S’il faut mourir, il vaut mieux mourir comme un ‘homme’ “. Une femme partie combattre Daesh dans la bataille de Kobanê est tout ce que déteste le régime turc. Son avocat déclare qu’elle “a été arrêtée sur délation suite à un coup de fil anonyme“. De ce fait, l’arrestation ne pouvait être que logique. Les accusations de terrorisme (vis-à-vis des Kurdes en référence au PKK) ou de soutien à la secte islamiste de Fethullah Gülen sont devenus légions. Dans un contexte d’une islamisation rampant de la société turque, l’anonymat met en avant la tradition des régimes autoritaires dans sa construction des délits. L’accusation de “la préparation d’un attentat suicide” de la part d’Erdoğan paraît ridicule, mais risque d’envoyer la jeune dans les geôles turques pendant une durée de 10 à 20 ans. Le dossier est actuellement vide. La première audience aurait lieu le 8 novembre selon son avocat, mais le premier chef d’accusation a été modifié faute de preuves en accusation d’appartenance à une organisation terroriste.
Le maire de Toulouse, les présidents du Conseil départemental et régional se mobilisent auprès de Jean-Marc Ayrault pour mettre en avant la diplomatie française dans ce dossier. Les organisations progressistes et réformistes font régulièrement des communiqués. L’objectif d’une telle démarche est l’extradition vers la France et le jugement en France.
Toutefois, il ne faut pas qu’Ebru Firat devienne la figure du combat contre Daesh. En effet, la mise en avant régulière des combattantes tend à romantiser le conflit et suscite dans l’inconscience collective le fantasme de la femme combattante. D’autant que le modèle prôné est celui d’un mode de vie égalitaire.
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