Le campisme est une expression de l’immobilisme
Le campisme sur les différents fronts dans les guerres de Syrie et d’Irak, témoigne d’un internationalisme pauvre, mais aussi aveugle. En effet, la doctrine Monroe appliquée par de nombreux gauchistes et rouge-bruns se retrouvent confronter à la dure réalité.
Les guerres en Syrie, en Irak, en Turquie (sur l’Est du pays), au Yémen font des ravages avec comme conséquence, l’exode des populations pour se mettre en sécurité à l’abri des combats. Si la motivation de ceux qui font la guerre paraît différente d’un conflit à un autre, il s’avère que le campisme tend à nier l’existence de la guerre pour se positionner dans une certaine neutralité. La neutralité dans un conflit répond à la phrase suivante : “la non-intervention est la sécurité des peuples”. Dans un monde idéalisé, la paix règne, il est évident que la guerre ne peut-être qu’une solution pour déstabiliser les pays.
Après les attentats du 13 Novembre 2015, nous avons vu le slogan “vos guerres, nos morts / vos guerres, no more”. Les attentats avaient été revendiqués par l’état islamique. L’organisation terroriste est le fruit d’un ensemble de facteurs pouvant remonter jusqu’à la guerre en Irak de 2003 (à laquelle la France n’est pas intervenu). En effet, affirmer que ce sont “vos guerres”, le “vos” désignent les personnes opposées au slogan en question. Mais, Daesh n’a pas attendu les différents bombardements pour mener ses attaques éclaires, prendre le contrôle des territoires, massacrer les opposants, les minorités ethniques et religieuses. Bien qu’après des attaques en Irak en 2012, le 9 avril 2013, l’organisation prend l’acronyme de Daesh. En 19 septembre 2014, la France engage des bombardements contre l’organisation terroriste dans le Nord-Est de l’Irak. Entre avril 2013 et septembre 2014, il se passe près d’un an et demi. En l’occurrence, ce n’est pas notre guerre, puisqu’il s’agit de la guerre de Daesh.
Derrière le campisme se cache une idéologie fallacieuse qui refuse toute intervention contre l’organisation terroriste. Le fait d’assister à des massacres là-bas et ici (sic), met les personnes dans un rôle de spectateur. Si l’on vient à considérer que les personnes regardent sans intervenir dans la zone alors la passivité peut se résumer à une prise de position.
Dans une guerre, de nombreux innocents tombent les uns après les autres. Les principales victimes sont les civils que ce soit dans le conflit en Syrie (qui a fait 250 000 – 300 000 morts), en Irak ou encore au Yémen. Ces civils tombaient devant les bombardements de Bachar Al-Assad ou dans la guerre civile religieuse en Irak.
L’intervention de la France fait qu’il s’agit de notre guerre. Si les bombardements ont commencé en septembre 2014, la France soutenait à l’époque les Kurdes en les aidant à travers des armes. On notera que Nadine Morano et le très sulfureux Claude Goasgen y étaient opposés sous le prétexte qu’ils ne savaient si les armes allaient se retourner contre la coalition. De plus, l’armée y a donné une assistance technique, stratégique et tactique. Si les kurdes (les Peshmergas de Barzani) sont souvent mis en avant pour leur “héroïsme” et leur “détermination”, il s’agissait déjà d’une manière de lutter contre le terrorisme, mais de manière interposée. Fallait-il que la France n’arme pas les Kurdes, après tout “vos guerres, nos morts” ? On pourrait dire la même chose sur l’aide apportée pour les kurdes en Syrie.
Lors de la Bataille de Kobanê entre 13 septembre 2014 et le 26 janvier 2015. Fallait-il que la France n’aide pas les Kurdes ? De plus, la position de la Turquie d’Erdogan a été la non-intervention et la répression des réfugiés. Pour le président turc, ce n’était pas sa guerre, il n’est pas intervenu sauf pour laisser les islamistes entrer en Turquie. L’attentat de Suruç témoigne de la position ambiguë des islamistes au pouvoir.
Vouloir la paix dans une période de guerre, sans faire la guerre interroge la logique du raisonnement. En effet, le “no more” signifie “plus jamais”, mais peut-on dire que l’on ne veut plus de guerres, si structurellement il y a la guerre. Cela reprend le slogan “guerre à la guerre”. Il faut tout faire pour éviter les guerres, mais quand nous sommes englués dans cette dernières alors le slogan perd de son sens.
En effet, la volonté principale pour éviter d’autres conflits est l’installation d’une paix durable et d’en terminer avec la guerre. On me retoquera que je prononce le discours qu’il faut “faire la guerre pour avoir la paix”. Mais, en situation de guerre, la guerre est nécessaire à la paix durable. On pourrait parler des approches diplomatiques, mais en l’occurrence, il ne peut y avoir de dialogue avec l’organisation terroriste de Daesh et on comprend pourquoi.
Si l’objectif final ne peut qu’être la stabilité, la volonté de faire bouger aucune ligne apparaît comme conservateur. Le campisme s’il est présent dans les organisations de gauche radicale, extrême gauche, l’est aussi dans les organisations d’extrême-droite.

Dans la bataille de Mossoul en cours, déclenchée le 17 octobre dernier, des personnes hurlent déjà à une nouvelle crise des réfugiés (voir la photo ci-contre). S’il y aura bien une crise des réfugiés, des camps ont été construits à ce titre, elle risque effectivement de prendre une dimension gigantesque, puisque la ville de Mossoul compte plus d’un million et demi d’habitants. La pancarte ci-contre affirme que les bombes qui tombent autour de Mossoul sont les morts de demain. La ville de Mossoul a été prise par Daesh en juin 2014 après quatre jours de combats. On peut considérer que les premiers à avoir lancés des obus et massacrer des personnes sont en outre les partisans de Daesh.
Lors de la prise de Mossoul par les djihadistes, près de 500 000 civils ont fui les combats, c’est-à-dire la Ville et la province selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM). La crise des réfugiés a commencé bien avant la volonté d’une coalition hétéroclite (sic) pour reprendre la ville de Mossoul. Ces chiffres sont passés sous silence et on se demande bien pourquoi. Qu’importe, les crimes de guerre sont déjà attribués à ceux (dont les Kurdes) qui veulent libérer la ville de l’emprise djihadiste. Qu’importe aussi le massacre de la prison de Badoush (prison de Mossoul) qui fit près de 670 morts selon le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme ou 600 selon Human Right Watch, en 2014.
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