L’évacuation de la Jungle a démarré dans la nuit
Les préparations de l’évacuation de la Jungle de Calais semblent être terminés. La température est entre 7 et 10°C sous un brouillard et un temps très nuageux. L’ambiance humide de la Jungle toujours présente met en avant l’une des plus grandes catastrophes humanitaires de ces dernières années dans la ville de Calais.
En effet, si la Jungle est campement de fortune pour les réfugiés. Elle est la conséquence des frontières du Royaume-Uni en France (les accords du Touquet) et de sa non-présence dans l’Espace Schengen. De ce fait, il s’agit d’une situation entièrement voulue par les deux pays, en l’occurrence la Grande-Bretagne a une responsabilité importante dans cette tragédie sans nom. Mais, le Brexit voté ces derniers mois dans le cadre d’une campagne violente axée sur la xénophobie et l’immigration ne peut qu’engluer le problème des frontières. L’UKIP et les Tories ont pris part à une débâcle sans nom, d’autant que la construction d’un nouveau rideau de fer à Calais témoigne de cette fermeture d’esprit. Le combat pour la démocratisation de la Syrie, la lutte contre les obscurantismes religieux, et autres prennent un coup de massue puisque les victimes sont chassées et traquées par ces derniers.
La question de la violence de l’évacuation a été clairement soulignée par le garde des Sceaux – Jean-Jacques Urvoas – dans une circulaire permettant une coordination entre le pouvoir exécutif et le pouvoir judiciaire en cas d’arrestations massives. En effet, le 20 septembre dernier, il écrivait aux différents procureurs de la République, aux présidents des cours d’appel et des Tribunaux de Grande instance. Elle était relative “à la lutte contre les infractions commises à l’occasion des manifestations et autres mouvements collectifs”. Elle concerne principalement la mise en dynamique de la répression contre le mouvement “zadiste”, mais s’inscrit également dans la lutte contre le mouvement “no-border”.
La “mise à l’abri humanitaire” (elle n’a d’humanitaire que le nom) se fera en la présence de 1250 policiers et gendarmes pour officiellement “sécuriser” la Jungle. La réalité est qu’ils seront envoyés dans toute la France dans des CAO, pour être transférés dans des CADA pour un certain nombre d’entre eux. Enfin, ils seront finalement expulsés vers leurs pays respectifs, mais si la situation n’est pas possible alors ils le seront vers des pays comme l’Italie, la Grèce ou encore la Turquie.
Le gouvernement français ne veut pas gérer convenablement l’immigration liée aux crises en Orient et Moyen-Orient faisant le jeu des xénophobes. En effet, l’extrême-droite n’a pas hésité à incendier de nombreux CAO (Forges-les-Bains le 19/09/2016 ; Arès, 14/10/2016 ; Loubeyrat, le 24/10/2016, etc.), mais aussi des hébergements pour SDF (dans le XVIème à Paris, le 17/10/2016).
Mais Xavier Saincol (Le Figaro, 24/10/2016) affirme que “les migrants de la jungle ne sont pas des réfugiés”. Ce dernier affirme que ce sont exclusivement des hommes ayant fui leur pays comme des lâches : “Ce sont de jeunes célibataires pour la plupart. Ils ont laissé leur pays qui pouvait avoir besoin d’eux, soit pour son développement économique et social, soit pour combattre la tyrannie”. Différents mineurs ont pu regagner la Grande-Bretagne. Ils sont plus d’une centaine, ce sont des garçons comme des filles. L’association Gynécologie sans Frontière a été très présente pour être au plus prêt de ses femmes. Ces quelques lignes inexorablement le symbole du discours conservateur qui demande en autre une expulsion massive vers la Syrie, l’Irak, la Turquie, l’Afghanistan, et pourquoi pas les régions contrôlées par Daesh. Par ironie, l’apprenti juriste après avoir déversé un pamphlet appelant à la xénophobie déclare que “à terme, en montrant l’impuissance de l’État, elle favorise la xénophobie”. La conclusion est faîte et la boucle est bouclée : l’état n’expulse par les migrants, car il les considère comme des réfugiés (des migrants illégaux venus quasiment manger le pain des Français), ce sont des hommes, et cela ne fait que favoriser la xénophobie. On remarquera tout de même que Xavier Saincol est présent dans l’ensemble de la fachosphère (il était favorable à la déchéance de nationalité).
Pour la première journée de l’évacuation, 2 318 réfugiés ont été évacués selon la presse. La journée s’est passée dans un calme relatif, malgré des affrontements dans la nuit entre les forces de l’ordre et les réfugiés.
Mais, l’expérience de la “jungle” nécessite de réfléchir dessus. Ce bidonville n’est pas tout à fait comme les autres, puisqu’il s’agit d’une “excroissance” tout à fait particulière. En effet, la “jungle” nécessite d’être considérée comme une ville dans la ville. Mais, la grande particularité de cette petite ville est son entière autogestion. Il s’agissait quasiment d’une ville bâtie sous les principes libertaires refusant l’autorité. Mais, la jungle laisse aussi derrière elle des dizaines de morts.
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