La coalition contre-nature de la bataille de Mossoul
Une coalition s’est mise en place pour battre les terroristes de l’État Islamique dans un de leur fief à Mossoul. Depuis, quelques jours la dynamique de la bataille a été mise en place. Sauf qu’un problème majeur réside dans cette coalition.
Si la lutte contre le djihadisme et l’islamisme dans la ville de Mossoul apparaît comme une nécessité et une évidence, le contexte d’une coalition particulièrement hétéroclite soulève un avenir incertain pour cette dernière. Faire tomber Mossoul est une chose, mais tenir Mossoul sur la durée apparaît comme quelque choses d’autre.
Le 17 Octobre, le feu vert pour l’une des grandes batailles contre l’état islamique a été enclenché. Une bataille dangereuse sur le fond comme sur la forme, puisque malgré une coalition estimée à 20 000 hommes (d’autres chiffres varient jusqu’à 30 000 hommes), l’enlisement est un risque majeur. La population retranchée augmente les risques d’une bataille incertaine, dont la durée et les conséquences ne peuvent être connues. Le risque humanitaire se dévoile au grand jour. Et pour cause, le nombre de réfugiés a été planifié par la construction d’un campement humanitaire pouvant accueillir par les autorités irakiennes. Mais, sur une ville comptant plus d’un million d’habitants, ce dernier risque d’exploser. De plus, les civils pourraient servir de bouclier humain pour l’organisation terroriste.
La guerre pourrait vite se transformer en une guérilla de rue où la prise de la ville se résumerait, maison par maison, rue par rue, quartier par quartier dans un terrain sûrement miné, mais aussi face à des snipers et des “bombtrucks”.
Officiellement, l’armée Irakienne devrait libérer seule la ville de Mossoul. Mais, nous n’en sommes pas là, puisqu’il s’agit d’une simple prévision de Bagdad. D’autant que d’après différentes sources, des chefs islamistes auraient fuit la ville sûrement vers Raqqa, là encore, il s’agit d’une spéculation sur la question de la destination.
La présence du Hachd al-Chaabi dans la coalition soulève des questions puisqu’il s’agit d’une milice islamiste soutenue par l’Iran d’Hassan Rohani. La contradiction présente également dans le conflit syrien, les islamistes iront combattre des islamistes. Combattre auprès des islamistes n’est pas une option crédible envisageable à long terme. De même, les forces iraniennes au côté des kurdes interrogent de la répression sanglante dans le Kurdistan iranien vis-à-vis des kurdes de la part du régime des Mollah. En effet, les exécutions de masse concernent particulièrement les kurdes dans le nord de l’Iran. De même, la question de la présence des forces iraniennes ne peut que questionner de l’affrontement entre les Etats-Unis d’Amérique et l’Iran au Yémen.
Les Peshmergas et le PYD/YPD seront de la bataille, mais au côté des islamistes soutenus par la Turquie, le risque d’affrontement est important. Si la Turquie a admis leur participation dans la bataille, elle ne cesse de les bombarder en Syrie pour mettre en dynamique sa stratégie d’une zone tampon.

De ce fait, l’armée turque souhaite absolument participer à la libération de Mossoul pour faire tomber le terrorisme. Dans la ville de Daqib, les loups gris se sont imposés et la ville est toujours sous le régime des fanatiques. L’armée irakienne a affirmé que le franchissement de la frontière serait le synonyme d’une guerre entre l’Irak et la Turquie. Cette menace n’est pas vaine, puisque l’état profond turc ne combat pas le djihadisme, mais uniquement ses propres intérêts.
De ce fait, dans le cadre de la bataille de Mossoul, l’armée n’a que la solution de soutenir des milices, puisque le risque d’un nouveau front dans une zone largement saccagée et meurtrie par la guerre, ces dernières années.
Erdogan a affirmé que “nous sommes prêts à combattre là-bas, contre Daech et d’autres groupes terroristes”. Évidemment, les autres groupes terroristes concernent quasiment uniquement les Kurdes. Il déclare que “nous nous sommes mis d’accord avec les forces de la coalition pour que nos forces aériennes prennent part à l’opération de Mossoul”. Il rajoute une phrase assez glaçante que “sans la Turquie, il est impossible de prendre des décisions sur l’avenir de Mossoul”.
Mossoul est une ville du Kurdistan Irakien, la question kurde devrait vite revenir sur le devant avec l’affirmation d’un état. Déjà que la ville sous une zone autonome, le risque de voir des bombardements turcs contre les kurdes en Irak n’est pas une spéculation, mais une réalité. Ces derniers ont peur de la libération de la ville. En effet, Erdogan est inquiet pour la future composition de Mossoul et souhaite s’assurer que les Kurdes ne domineront pas.
On ne peut mettre de côté les divisions structurelles d’une coalition hétéroclite, puisque l’après Mossoul est une question importante.
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