Les 8 de Goodyear devant la Justice de classe
Le 6 janvier 2014, les salariés de l’entreprise Goodyear décident de se réunir pour plus d’une trentaine d’heures avec deux hauts-cadres responsables de la fermeture de l’Usine. Aujourd’hui, ils sont accusés de “séquestration et de violence en réunion”.
Cette attaque rappelle que les réunions autonomes entre les syndicats et les cadres peuvent être considérées comme des séquestrations de la part de la justice. Le plus étonnant, dans l’affaire des Goodyear est que l’ensemble des protagonistes ont retiré leur plainte. Il n’y a que le ministère public qui continue l’acharnement. La répression syndicale s’inscrit autour de la mise à la porte de 1 143 travailleurs. Il faut bien dire qu’un État sert à réprimer et à défendre les intérêts de la classe dominante, c’est ce que démontre en substance la Justice.
Cette fermeture ne parle de la véritable tragédie industrielle vécue à Amiens. En effet, sur les 1 143 travailleurs, 12 sont décédés dont près de 3 suicides et 9 autres de maladies. L’entreprise “Goodyear-Dunlop” n’a jamais été poursuivie pour une quelconque incitation au suicide. La répression syndicale importera plus pour le ministère public que la vie des travailleurs de Goodyear. “La dignité humaine a été touchée et nous ne pouvons pas tolérer ce genre de comportement quel que soit le contexte”, a estimé l’avocat général, Dominique Tailhardat durant le procès. Une dignité humaine à deux vitesses, la première, on autorise un groupe a provoqué avec l’aide du ministère public des suicides ; de l’autre, une réunion tendue, la dignité humaine est mise en cause.
L’un des syndicalistes a affirmé à la presse que “si nous n’avions pas été présents, et pas que ce jour-là, l’usine aurait brûlé tout un tas de fois”. Ceux qui veulent nier la lutte des classes ne se rendent pas compte jusqu’où sont capables d’aller les travailleurs pour leurs propres intérêts. À un moment où l’entreprise faisait des bénéfices, mais jugés trop bas pour la direction centrale, de nombreux salariés étaient prêts à en découdre quitte à détruire entièrement le site par exaspération.
Alors que la Loi Travail a été adoptée, les discutions sur les fermetures d’Usines, d’entreprises, de sites de production vont être exponentielles. La menace de voir les travailleurs accusés de séquestration dans les faits ne peuvent qu’augmenter. Un dialogue de classe va de paire avec une justice soumise au syllogisme de classe dominante. Il est plus facile de licencier en masse que de défendre son outil de travail ou son emploi, la bourgeoisie l’a bien comprise.
Le parquet a requis près de deux ans de prison avec sursis contre les 8 de Goodyear.
En même temps, une procédure au niveau des prud’hommes se poursuit. L’avocat des salariés, Me Fiodor Rilov est “que les licenciements n’ont aucune justification économique valable alors que cette entreprise continue de faire des bénéfices colossaux”. De même, les travailleurs ont assigné à la cour d’appel de Cincinnati aux États-Unis où Goodyear considérant que la multinationale n’avait pas fourni tous les documents au moment de la fermeture de l’usine d’Amiens.
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